Scott Pilgrim par Bryan Lee O’Malley (le comics ) et Edgar Wright ( le film )
VO : Oni Press
VF : Milady
1ère publication le 07/08/15-
Maj par Pierre N et Bruce Lit le 12/05/19
Cet article fera des allers retours entre l’intégralité de la BD de O’Malley, soit le volume 1 à 6 publiés aux éditions Milady ( en noir et blanc) -une version colorisée est actuellement en cours d’impression chez le même éditeur-, et l’adaptation cinéma d’Edgar Wright.
La notation de cet article portera sur le film.
L’histoire : au Canada, le lecteur rencontre Scott Pilgrim, bassiste d’un groupe de rock façon Sonic Youth. C’est un jeune branleur sympathique qui traîne ses guêtres entre salles de concerts et jeux vidéos. Scott est aussi un peu volage et tombe fou amoureux d’une fille délurée qui change de couleur de cheveux une fois par semaine, la jolie Ramona. Pour gagner le droit de sortir avec elle, Scott ne lui écrira pas de poèmes ou de chansons, mais devra affronter en duel ses sept ex-maléfiques !
Uh ? c’est quoi ce pitch ? Ne partez pas ! Scott Pilgrim n’abat pas ses cartes tout de suite ! La première demi-heure peut laisser croire à un Teen Movie décalé façon Parker Lewis : synchronisation des potins de Toronto, petit groupe de garage tentant de percer dans un bled paumé, quelques surimpressions d’onomatopées à l’écran, personnages complètement dingues. Rien que ça eut suffi à notre bonheur.
Et puis au bout de cette fameuse demi-heure, l’incroyable se produit : le premier ex de Ramona se pointe. Outre son look irrésistible, il défit Scott en combat singulier. Mais au lieu d’une baston ordinaire, nos deux gars se mettent soudainement à léviter et à s’affronter comme dans un jeu video ! Leur jauge d’énergie apparaît à l’écran ainsi que leurs combos ! Comme dans les films ZAZ ( le mythique Y’a t’il un pilore dans l’avion ? ), personne autour de nos amis ne réagit à l’avalanche de situations incongrues ! Tout le monde semble trouver normal que Scott ait des super pouvoirs, que le décor soit détruit et qu’un amant jaloux puisse se transformer façon Dragon Ball ! Et après la baston, tout revient à la normale, c’est absurde, jouissif et vraiment irrésistible !
Scott Mc Cloud, linguiste célèbre du 7ème art,( L’Art invisible et plus récemment Le Sculpteur ) a un jour décrit Scott Pilgrim comme « la Bd la plus drôle de l’univers » ! Mazette ! Comme il a raison, cependant il s’agit d’humour geek qui ne plaira pas à tout le monde. Le dessin des comics est volontairement infantile, l’histoire truffée de clins d’oeil savoureux à la culture videoludesque, aux comics, aux Xmen, aux mangas et au rock alternatif (un personnage s’appelle « le jeune Neil » en référence à Neil Young).
Des personnages haut en couleur, des dessins vus nulle part ailleurs, un narrateur qui n’hésite pas à disqualifier en voix off ses héros subissant des humiliations en tout genre, une adorable lycéenne asiatique nommée Knives Chau, tilt ! Voici sûrement une source d’inspiration majeure de l’incroyable Tony Chu !
Pour ma part, j’ai largement préféré le film à la BD. Celui-ci respecte à la lettre la causticité de l’original en ayant tous les avantages d’une adaptation cinéma : un budget à la hauteur, des acteurs craquants et investis, et des effets spéciaux kitsch. Force est de constater que les effets bastons Capcom rendent mieux que les misérables coups de poings dessinés par O’Malley, les séquences musicales sont dantesques et suintent le fan-service. Quant au scénario , Wright a coupé toute les longueurs ennuyeuses d’une intrigue très décompressée sur 6 tomes.
Wright a gardé donc l’essentiel en faisant mieux que les comics originaux ! Il est tout à fait possible de voir le film sans perdre de la richesse de l’histoire papier, ni la psychologie de losers des personnages! Loin des frustrations des adaptations Marvel goulbi-goulba, voici enfin une adaptation qui tient ses promesses ! Un film avec une âme, jouissif pour le néophyte comme pour l’habitué de cet univers. Un machin spontané où le réalisateur a carte blanche pour réaliser un film toujours surprenant, complice et tendre aux antipodes des sinistres plans quinquennaux des films Marvel et leurs recettes desséchées….
Il devait d’ailleurs réaliser Ant-Man pour Marvel avant que conflits avec la production ne le fasse jeter l’éponge. Ceci explique cela….
Ici, tout est assimilé , récité avec amour : les Leveling et Power Up des Jeux Video, les combats titanesques de Dragon Ball avec transformation en Super Sayen, la chaîne nébulaire de St Seiya, le marteau de Thor ! Et le sabre laser de Luke Skywalker ? Allez, soyons fous ! Le duel final déclare sa flamme à la trilogie originale de Lucas en le mixant avec le jeu Tekken ! Mais loin de la pure récitation Geek , Wright met en scène un vrai film. Comme dans le fameux Shaun of the Dead, il raconte une jolie romance, le parcours initiatique d’un ado qui ne veut pas grandir et centré sur l’auto apitoiement. Ses acteurs crèvent l’écran , le film évite la surenchère et contrairement aux Scary Movies n’est pas un prétexte à aligner des séquences régressives rythmés à base de rots et de flatulences.
Tout dans Scott Pilgrim est naturel, honnête, au service de l’histoire pour le plus grand plaisir du public. Impossible de résister à ce tsunami de bonne humeur et à la déferlante de codes de cette culture underground qui entre peu à peu dans les musées ! Scott Pilgrim réalise le tour de force de concilier amateur de Mangas et de Comics, de Rock ( musique supervisée par Nigel Godrich, le producteur des pas-du-tout-rigolos-eux-Radiohead), en fait 60 ans d’art mineur !
Voici un film qui rend véritablement heureux et tient ses promesses du début à la fin. Wright a de nouveau réussi un coup de maître et réalise mine de rien le The Big Lebowski de la génération Facebook.
This one is for you Xabaris pour avoir initié ton vieux pote à ce truc dément (aucun animal n’a été blessé, rentrez chez vous et achetez Scott Pilgrim bordel !).
J’ai également éprouvé un grand plaisir à regarder ce film, en compagnie de mon fils. Les séquences de combats sont dérivatives avec ce qu’il faut d’autodérision, et le personnage principal est très attachant, générant un bon niveau d’empathie (pour le père comme pour le fils). Je n’ai jamais été tenté de lire les comics.
Le film est un petit bijou d’humour Geek et décalé ! Une brillante réussite !
Le graphisme de la BD m’a par contre un peu rebuté avec un coté trop « enfantin » à mon gout du coup je n’ai pas osé m’y aventurer…
Concernant la fin du film, comme tu le sais, j’ai une petite préférence pour la fin alternative 😉
@ Présence : voir des films avec ses enfants, voilà un plaisir vraiment chouette. Pour l’instant, je dois me colleter « La reine des neiges ». Tiens, c’est une vraie version des Xmen pour les gosses la reine des neiges….: une jeune femme vit cloîtrée jusqu’au moment où ses pouvoirs se manifestant, elle est crainte et haie…..
@Pat : l’idéal eut été qu’il n’y ait pas de fin en fait !
@Bruce : pour un fan d’Iceman, c’est pas mal, la Reine des Neiges, non ?
T’as déjà regardé Raiponce, sinon ? C’est assez drôle et il y a moins de chansons…
Pour Scott Pilgrim, la bande annonce ne m’avait pas séduit. Je ré-essaierai en VoD, un jour…
J’adore regarder des films avec mes enfants. Hier soir on s’est fait Le magnifique avec mon fils (oui oui le Bebel) et ce soir on est tous allé voir Vice Versa (c’est super).
Oui, je dois dire que les capacités d’Elsa rappelle à quel point Iceman est balèze !!!
J’essaie de réintégrer Luna hors Disney. Je préfère lui montrer des DA indépendants ou les premiers Miyazaki. Je crois qu’elle n’a jamais entendu parler de Spider-Man. Pour l’instant, je la trouve trop jeune. Par contre, on lit le Petit Prince ensemble…..C’est elle qui m’a appris l’existence de Raiponce.
Lance toi, JP dans Scott Pilgrim, il n’ y a aucune raison pour que cela ne te plaise pas.
Raiponce et La reine des neiges ont été faits par la même équipe (réalisation, écriture…). Spider-Man, ma fille en est fan depuis ses deux ans. Les deux premiers Sam Raimi, elle a dû les voir 50 fois chacun. Comme quoi…
Ah Scott Pilgrim. Que du bonheur. Le geekisme a pleine puissance.
Merci pour la dédicace. Je suis ému
Être initié aux comics à mon âge par un merdeux de ton âge, ça aussi c’est émouvant….
Rien à redire, je suis quasi d’accord avec tout. En fait j’ai lu Scott Pilgrim dès le début de sa première édition en noir et blanc, et j’ai tout de suite adhéré au concept. Comme tu dis, c’est de l’art mineur monté comme une oeuvre mature, car tous les délires geeks sont également dans la bd. En fait j’adore cette bd, tu me donnes envie de la relire. Tout comme le film que j’ai déjà vu trois fois, et qui est une vraie réussite.
Rien à voir mais pour illustrer cet article, Bruce avait judicieusement utilisé un titre de Frank Black (sachant que la super BO de Scott Pilgrim contient un titre de son premier album) tiré de son second opus. Comme il est un peu trop long et que certains titres sont assez faiblards, je l’écoute désormais en playlist perso : dix titres en moins (il en fait 22) et deux faces B tirées de Headache (Men In Black et Oddball). Mais la version de Men In Black est celle de l’album suivant, elle est meilleure que celle de la face B.
1. Whatever Happened to Pong ?
2. Thalassocracy
3. (I Want To Live On An) Abstract Plain
4. Headache
5. Fiddle Riddle
6. Freedom Rock
7. Fazer Eyes
8. Two Reelers
9. Olé Mulholland
10. The Hostess With The Mostest
11. Space Is Gonna Do Me Good
12. Men In Black
13. Superabound
14. Oddball
Au fait Patrice, tu sais où est la version studio de Jacques Tati’s Dance ? J’en ai qu’une version live sur une Black Session…
La grosse tendance des albums des années 90 : des albums qui durent 80 minutes, un cauchemar absolu ! L’exemple type selon moi, serait le Outside de Bowie, comme cet album de FB où il faut retirer la moitié des titres pour arriver à l’écouter convenablement.
Oui, j’adore Outside mais il est trop long. C’est à cause des cds, on pouvait enfin dépasser l’heure. Maintenant c’est pire avec le numérique. Le dernier The Knife dure 1h36 pour 12 titres je crois.
« Wright a de nouveau réussi un coup de maître et réalise mine de rien le The Big Lebowski de la génération Facebook. » : j’aimerais tant être d’accord, mais je n’ai pas l’impression que ce film ait fait grand bruit à sa sortie… tout comme The Big Lebowski d’ailleurs, souhaitons-lui d’avoir la même longévité en vidéo !
Vous évoquez un peu plus haut dans les commentaires une fin alternative, vous voulez parler de celle prévue au départ par O’Malley avant de la modifier pour faire coller le septième tome au film car il en préférait la conclusion à celle qu’il avait prévu pour l’ultime tome qui n’était toujours pas sorti au moment du tournage ?
Malgré toute son inventivité visuelle, je suis resté extérieur au délire.
Théoriquement le mélange des code comics/mangas/rock/jeux vidéos, le casting investi, la photo de Bill « Matrix/Spider-Man 2 » Pope et le style de montage ont tout pour me plaire sur le papier, mais il y a une particularité difficile à saisir dans les oeuvres de Wright (lié au ton, au traitement du sujet ou à une patte bien spécifique, et peut-être tout ça à la fois), qui fait que je n’y adhère jamais à 100% (de Spaced à Baby Driver, en passant par la Cornetto Trilogy).
La résolution anti-climatique du conflit avec le Nega Scott, ça c’était pas mal par contre (et ça permet d’éviter une résolution narrative clichée, la création d’un double de Scott pour contenter une des ex délaissées).
Tu ne fais aucun effort Pierre*
Courtesy of Patrick 6
Ben moi j’ai trouvé ça moyen aussi.
Pour le coup j’ai trouvé ça trop geek. Bourré de références de geeks pour les geeks en mode « on est bien entre nous ». Un film que des non-geeks ne comprendraient même pas. Et du coup c’est un peu too much pour moi.
Je salue l’effort, c’est bien filmé, les acteurs sont bons…mais je crois que si je le revoyais, ça m’agacerait. Parce que déjà j’étais à la limite de l’overdose au premier visionnage.
Impossible de me remettre de la transformation en sayen.
Je ne m’y attendais pas du tout !
Maël adore ce film (il a dû le voir cinq ou six fois). Il faut que je le revoie, mais j’ai beaucoup aimé, car je suis très client de Edgar Wright en général, et pour avoir lu – et adoré – la bd, je trouve que cette adaptation est une sacrée réussite. Bien plus réussie que Kick Ass même.
J’ai vu ce film et je ne m’en souviens pas… du tout…
Le comics est vraiment cool à lire les persos sont attanchants du diable
je suis dans la Knives Chau team…
J’ai revu le film
Et j’aime toujours pas trop.
Scott est même très antipathique, c’est un petit con. Il a certes une tête de geek loser mais le mec n’a rien d’un loser, il se paie même le luxe de tromper sa copine pour une Ramona avec laquelle il ne semble jamais avoir d’atomes crochus. Pourquoi ils se plaisent ceux là sérieusement ?
Bon ok j’en demande trop pour un film geek délirant ?
Mouais…ça plombe un peu le truc quand tu te fiches des personnages et qu’il ne reste que les effets visuels de comic book.
Oui c’est assez fun visuellement. Mais too much. C’est juste pour les geeks en fait, ça ne cherche pas à viser un public moins nourri aux jeux vidéos.
Pas mal creux comme film je trouve. Il manque quelque chose au niveau des personnages au moins. Qu’on se sente investi, motivé à les voir réussir, et après tu peux partir en délire tout autour. Mais là personne n’est attachant. A part peut être la batteuse rousse qui est marrante et toujours énervée, et l’actrice qui joue Ramona est craquante (mais ça, c’est même pas lié à ses dialogues, c’est juste mon ressenti pour une actrice^^)
Pas mal creux comme film je trouve. Il manque quelque chose au niveau des personnages au moins.
Bruce Lit sort de ce corps !
Bah pour le coup je trouve ça important quand le scénar est du grand n’importe quoi délirant. Si t’as même pas des personnages funs et attachants, tu regardes du fan-service, c’est tout.
Étrangement ce sont des persos secondaires que j’ai trouvé rigolos. Le coloc gay de Scott, la batteuse rousse. Scott en lui-même mérite des baffes, Ramona a l’avantage d’être jouée par Mary Elizabeth Winstead mais elle n’a pas de personnalité non plus…
Je suis assez d’accord avec toi Matt, c’est le gros point noir du film. Dans la bd, on a pas les mêmes sentiments. Mais au final lorsque tu regardes le film pour son adaptation, qu’il dure largement moins de deux heures, je trouve que c’est une belle réussite.
Si c’est pareil en BD, avec le charme des acteurs/actrices en moins à cause des dessins simplistes, ça risque fortement de me faire super chier^^
Le casting du film est très bon, je peux lui reconnaître ça. Tu changerais les acteurs en gardant le même script et la même absence de développement des personnages, et ce serait bien nul.
Je viens de voir Baby Driver. Quelqu’un l’a vu ?