Zombies ! Une histoire illustrée des morts vivants par Jovanka Vuckovic
1ère publication le 14/06/15- Mise à jour le 17/07/17 à l’occasion de la mort de Romero
Jovanka Vuckovic est éditrice, auteur, critique et historienne de cinéma. Elle été nommée parmi les treize femmes les plus importantes dans l’histoire de l’horreur.
Attention ! Ceci n’est pas une bande dessinée mais une anthologie illustrée du phénomène zombie à travers le monde que ce soit au cinéma, dans les comics et jeux vidéos. Les scans proposés ici ne sont pas des images extraites du livre.
Ils sont partout ! Non, on ne parle pas des immigrés, des Roms, des délinquants ou des pédophiles hébergés par l’église catholique mais des zombies ! L’humanité est désormais submergée par des morts vivants qui ont envahi le cinéma, la tv, la bd et les jeux vidéos. Et personne ne semble s’en plaindre….
La série la plus populaire du monde actuellement ? The Walking Dead dont l’éditeur place scrupuleusement une illustration en couverture histoire d’attirer le chaland forcément plus familier du travail de Charlie Adlard que de l’affiche de White zombie le premier film zombie officiel avec Bela Lugosi dans les années 30.
Pourtant, loin de tout opportunisme éditorial, le travail de Jovanka Vuckovic est rigoureux, impressionnant (elle a dû se mater des milliers de films -bons et mauvais- de zombies) et complet, rempli de listes de films dont vous n’aurez sans doute jamais entendu parler.
La première partie ethnologique est assez passionnante : l’auteure explique la naissance d’un mythe zombie en Haiti. Les esclaves noirs massacrés par les colons se sentaient dépossédés de leur âme, de leur identité profonde. Des esclaves réduits à l’état de zombies ! Voila qui est intéressant et augure des futures attaques sociales des films de Romero !
S’ensuit également un descriptif assez complet des rituels vaudous visant à droguer un ennemi pour lui donner l’apparence d’un mort et le réduire en esclavage, étude réalisé par un ethnologue d’Harvard ! Haiti ayant été ensuite colonisée par les Américains, la culture zombie est alors assimilée et progressivement diffusée par la littérature fantastique et les ancêtres des comics ( déjà! ) les pulps !
En 1968 Romero s’affranchit du zombie vaudou pour en faire une victime de la société de la consommation, érant hagard dans des supermarchés dans des films de légende. Riche en anecdote, le livre dévoile que cette portée sociale s’est bâtie par le biais du hasard du fait des budgets limités de Romero à qui les studios ne faisaient pas confiance. Pour économiser un budget famélique il tourna gratuitement dans un supermarché et embaucha des acteurs amateurs noirs dont personne ne voulait. Chez Romero, les Zombies symbolisent la perte de notre identité, le nihilisme d’une époque sans Dieu où les morts reviennent à la vie sans que la résurrection promise par l’église soit salvatrice.
Certaines pages valent leur pesant d’or : au cinéma intelligent de Romero, Tourneur, Boyle, Rodriguez, Soavi et Wright, Vuckovic catalogue les nanars aussi nombreux qu’une plèbe de morts vivants. Notamment les films de Lucio Fulci,sorte d’Ed Wood du genre. Celui-ci travaillait sans scénario (! ) et reprenait les titres des succès américains en y mettant un numéro 2 afin de faire croire à une suite. C’est ainsi qu’il profita du vide juridique pour réaliser sans scrupule Zombies 2,3 ,4 , supposément suite des films de Roméro !
Juckovic aborde ainsi la surabondances des nanars italiens qui finirent par couler le genre avant sa renaissance dans les années 90 via la franchise Resident Evil.
Elle n’oublie pas d’évoquer la Zombie Walk (une manifestation mondiale des fans une journée par an ! ), le zombie porno ( oui ! ), la musique zombie ( les Misfits qui travaillèrent avec Roméro ), la littérature de Brooks et Kirkman. Le clip Thriller qui contribua à vulgariser par million la culture zombie y est bien sûr cité. Outre le look de la zombaille, il s’agit après tout de la première chorégraphie zombie imitée dans tous les dancefloors du monde et, nous dit l’auteure, jusque dans la cour d’une prison aux Phillipines !
Les comics ne sont pas en reste puisqu’un chapitre est consacré à EC Comics, Eerie and Creepy où officièrent des artistes impressionnants : Joe Orlando, Steve Ditko, Bernie Wrightson où les Zombies slalomant entre les foudres du comics codes authority faisaient souffler un vent putride sur la contre culture. Fan de la première heure, Stephen King écrira le fameux Creepshow en hommage à l’esprit de cette époque.La boucle sera bouclée quand le film sera tourné par Georges Romero, le maîtres es zombies.Stephen King y jouera même un attardé mental ! Sur les quatre sketchs, deux mettront en scène des zombies.Et comme le monde est petit, c’est Bernie Wrightson qui illustrera le comics adapté du film.
La liste des films de zombies des années 80 est énumérée un par un et c’est impressionnant : de Maniac Cop en passant par l’étrange Dellamore Dellamorte sans oublier les années 90 et 00 : La mort vous va si bien ou ultérieurement les magnifiques 28 jours plus tard et surtout Shaun of the dead, aucun, du plus médiocre au plus réussi n’a été oublié.
Le bouquin s’achève avec les perspectives d’avenir du zombie : Walking Dead bien sûr mais aussi un éloge du Marvel Zombies lancé par Mark Millar et admirablement développé par Kirkman. Suite à une infection, les Super Héros Marvel deviennent des zombies assoiffés de tripes qui déciment l’humanité. La nuance avec le zombie traditionnel, c’est qu’ils gardent leurs personnalités, leurs pouvoirs et leurs souvenirs !! Les zombies occupent ici le premier plan et Kirkman invente le super zombie. Le filon sera bien sûr exploité jusqu’à la moelle pour finir à la merci du tâcheron Fred Von Lente déjà coupable de l’épouvantable Xmen Noir.
Entre temps, John Layman aura pu introduire Ash d’Evil Dead lors d’un crossover inoubliable avec les Marvel Zombies. Et Garth Ennis poussera les limites de l’abject avec les Crossed.
Maquette impeccable, style littéraire, des photos en abondance, un humour provocateur bienvenu ( Jésus est le premier mort vivant officiel !) et un esprit critique affûté n’hésitant pas à dégommer certains films de Romero, cette encyclopédie est réellement conçue par une fan pour les fans.
Pas rancunier et cerise sur le gâteau périmé, Romero signe une préface délicieuse de causticité. Aucun domaine, du cinéma à la littérature en passant par la musique et le jeu video n’est oublié. Indispensable pour tout fan de chair putréfiée !
J’ignorais complètement la dimension ethnologique dans la naissance du concept de zombie.
Ton article constitue une synthèse impressionnante : j’ai l’impression d’avoir lu le livre en diagonale, rien qu’en lisant cet article ! Alors qu’a début, j’avais l’impression que le concept de « culture zombie » était peut-être un peu une vue de l’esprit, à la fin j’ai bien compris que ces zombies se sont infiltrés dans plusieurs domaines de la culture, y compris la plus populaire.
@Présence : il s’agit d’un vieux commentaire amazon remis à jour, car il faisait à peine 700 mots. L’article de la veille de M. Patrick Faivre m’a obligé à tenter de le mettre à niveau et a travailler tard dans la nuit d’hier….Merci M. Faivre….
A-y-est ça va être de ma faute :))
A noter que même maintenant pour un article « Brucien » il est étonnement court ! (Mais ce n’est pas du tout une critique)
Quoi qu’il en soit ton article donne carrément envie de lire ce livre ! Je vais me renseigner de ce pas 😉
Puisque tu parlais des droits des films de Romero il est amusant de savoir que suite à un bug juridique son 1er film est totalement libre de droit ! N’importe qui peut éditer un dvd de La nuit des morts vivants sans reverser un Dollar à Romero ! (c’est la raison pour laquelle les versions dvd de ce film pullulent !)
Très intéressant ! Je m’étais rendu compte de l’origine vaudou des zombies en visionnant L’hôpital et ses fantômes de Lars Von Trier. Mais d’où vient ce mot, zombie ?
C’est al fête en ce moment ! Après l’article sur la Hammer, celui sur le livre des Zombies !
Me voilà totalement dans mon univers (le cinéma fantastique) que j’aime encore davantage que les BDs !
Bruce est devenu le maître des articles concis et efficaces. bravo pour le sens de l’équilibre !
Sur Lucio Fulci, je trouve que vous (l’auteure du livre et l’auteur de l’article) êtes trop sévères. Le réalisateur italien a une filmographie très éclectique et, dans le genre des zombies, à réussi une trilogie particulièrement remarquable (« L’Enfer des zombies », « Frayeurs » et « L’Au-Delà »). Trois films parmi les plus malsains et putrides du genre. les effets gores sont devenus kitsch, mais l’atmosphère est incroyablement glauque, au diapason du genre consacré. Une véritable expérience cinématographique, surtout pour l’époque.
Et puis lucio Fulci, c’est aussi « La Maison Près du Cimetière », « L’Eventreur de New York » et le très sympathique dyptique « Croc Blanc » et « Le Retour de Croc Blanc » d’après Jack London.
J’ai un ami qui est (était ?) très fan de zombies et il m’a montré certains films cités ici. Pour ma part, je n’ai jamais vraiment trop aimé ces monstres. Sans doute ceux que j’aime le moins dans le cinéma fantastique. Et c’était assez amusant de voir qu’au moment ou je découvrais, c’était en pleine mode lorsqu’ils ont débarqué de partout il y a quelques années dans les jeux, les BD, le renouveau au cinéma, etc. Et ça m’en a complètement dégouté. J’en avais assez. Et idem pour cet ami qui se retrouvait malgré lui assimilé à tous ceux qui suivaient la mode alors qu’il n’avait rien demandé et qu’il aimait ça peinard dans son coin. Quand ça devient une mode, ça devient indigeste et il y en a à toutes les sauces, et parfois des sauces dégueulasses.
Mais il y a de bonnes choses aussi là dedans, y’a pas de raison. Et cet article en parle bien. D’ailleurs j’avais bien aimé le film de Jaques Tourneur « I walked with a zombie » qui parlait de « vrais » zombies liés au vaudou. Je ne suis pas trop fan de Romero. Bon ok le parallèle avec la société de consommation c’est cool…mais au bout de je ne sais combien de films, on avait compris. Il n’a pas grand chose de plus à dire.
Enfin après je suis conscient que c’est pas trop mon truc. Je ne mettrais jamais le nez dans un Marvel Zombie. Enfin si, c’est fait. Et j’ai vite refermé le truc. Trop synonyme d’étripages en tous genres avec des hectolitres d’hémoglobine (d’ailleurs pourquoi ce besoin de gore est-il plus présent dans les films de zombies que dans n’importe quel autre film de monstres ? Parce que ce sont des morts donc…faut que ce soit gore ?)
Une série anglaise dont on m’a dit du bien mais que je dois encore voir, c’est « In the flesh ». Un traitement différent des morts qui reviennent à la vie. ça peut changer. Quelqu’un connait ?
En tous cas cette anthologie sur les zombies peut être intéressante. Pas sûr d’y trouver assez de trucs qui m’intéressent sur le sujet par contre. Mais bon, question de goûts.
@Cyrille : Fulci a bien réalisé quelques giallo mais ce sont plutôt Mario Bava et Dario Argento qui ont illustré le genre.
@Matt : Je ne suis pas non plus très fan de zombies au départ, excepté en ce qui concerne les classiques : White Zombie, L’invasion des morts-vivants (une production Hammer) et surtout, SURTOUT « I Walked With A Zombie » de Jack Tourneur, que tu cites plus haut. Un des plus beaux films fantastiques des années 40, qui illustre le thème de manière classique (à travers le vaudou).
C’est ma femme qui m’a converti aux zombies modernes. Avant ça me faisait flipper. Heu… en fait ça me fait toujours flipper je dois dire, car nous regardons religieusement la série TV Walking Dead et c’est carrément moi le plus stressé !
Ah oui l’invasion des morts-vivants de la Hammer. Je l’ai vu aussi, je n’y pensais plus hier quand on parlait de la Hammer.
Je n’ai pas vu White zombie. Faudrait peut être que je comble cette lacune.
Ah le film de Tourneur ! Le géant black était flippant avec ses yeux morts. Et quelle ambiance ! Les jeux d’ombre ! Le noir et blanc à son meilleur.
Et j’ai toujours aimé la scène avec le chanteur (Sir Lancelot) étrangement au courant de tout qui approche l’actrice principale au café et qui chante sur les secrets de la famille. C’est presque flippant.
Des zombies à toutes les sauces – Sans être fan de zombies, j’avais bien aimé une série Vertigo mélangeant les genres Zombies & Jeunes adultes se cherchant (iZombie par Chris Roberson & Michael Allred).
Ah ! Connais pas ! Je suis vraiment venu aux Zombies via le jeu video. Les films me faisaient trop peur enfant. Par contre une fois que Resident Evil et surtout Dead RIsing m’ont donné le pouvoir d’en dégommer par…..milliers, c’est devenu une drogue dure !
Mes Zombies préférés : Shaun of the Dead : exceptionnel et hilarant. 28 jours plus tard et bien sûr la nuit des morts vivants.
Shaun of the Dead est bon. Même si je ne suis pas trop client des films de zombie, ça mélange vraiment bien comédie et hommage respectueux aux films de zombies. Les films de Edgar Wright sont cool de toutes façons. Hot Fuzz m’a bien fait marrer aussi.
Je suis bon client aussi des films d’Edgar Wright. D’ailleurs c’est lui qui a adapté Scott Pilgrim.
@ Cyrille : le mot « zombi » en créole veut dire revenant.
@Tornado : je ne suis pas sévère sur ce coup là, juste ignorant ! Je ne fais que recopier le compte rendu de l’auteure sur un réalisateur dont je ‘n’ai vu aucun des films. Parce que croyez le les copains, il existe plus de de films sur les zombies que de pirate en circulation de Bob Dylan ( un vrai zombie lui aussi….). Donc Tornado, puisque MArvel nous a perdu toi et moi et que cette année sera celle de la dé-marvelisation, tu sais sur quoi il te reste à écrire….
@Patrick : Très intéressant ces histoires de droits. J’envisage moi-même de tourner une suite….Les Zombies du Raincy, ça sonne bien non ?
Oui tout à fait ! et les Zombies du Raincy me font penser au film de Jim Jarmush « Only lovers left alive » où les Vampires post-modernes appelaient les êtres humains « les zombies » !
A croire que nous sommes tous les Zombies de quelqu’un…
Bon, malgré les qualités certaines du bouquin et la prose assurée du blogmestre, je passe allègrement mon tour, je suis allergique aux Vampires et Zombies.
A la rigueur, je suis davantage intéressé par l’analyse sociologique du phénomène. Certains prétendent que dans l’atmosphère de mondialisation et dérèglement climatique, les histoires zombies servent de projection dans un monde où l’homme sera en voie d’extinction, du fait d’un désastre causé par lui même. D’autres voient dans la dichotomie humain/zombie la distinction entre les êtres « vivant en pleine conscience » et profitant de la vie versus ceux lobotomisés par la société. Toujours est-il que les histoires racontées dans ce cadre me désintéressent (j’ai lu les 2-3 premiers tomes de Walking Dead et j’ai trouvé que c’était super bien fait mais pas pour moi).
@Matt : indigeste les Zombies ? Normal ! non 🙂
La série « In the Flesh » est très originale : elle traite de morts revenus à la vie qui recherchent à réintégrer leur place dans la société. Elle est à mon sens malheureusement très ennuyeuse à regarder. PAr contre, des Comics sur les mêmes thèmes « Revival » sont assez réussis. Et comme je pourrais vendre des frigos à des eskimos, la série a été lue et approuvée par Présence qui vous en parlera après demain sur votre blog préféré.
Un film de zombie atypique que j’ai apprécié : FIdo ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Fido_(film)) qui relate l’amitié entre un enfant et un mort vivant dans une société qui permet de domestiquer les zombies et s’en servir d’animal de compagnie.
Vous pouvez également regarder la série The strain, à la base sur les vampires mais la « transformation » reprend le genre zombie, ce que je trouve très bien…. j’en dis pas plus …. (série tres bien, et un peu gore -16 ans)
Que le grand cric nous croque, serais-tu d’humeur croquante Bruce?
Concernant les films, je trouve que le reboot de Zach Snyder de Dawn of the dead de Romero est son meilleur (et premier) film, avec des zombies capables de piquer un sprint pour corser la survie: http://www.imdb.com/title/tt0363547/?ref_=nm_flmg_dr_10
Et pour les parodies, outre l’excellent Shaun of the dead, je m’étais bien marré en compagnie de Woody Harrelson, entre autres, dans le survolté Zombieland : http://www.imdb.com/title/tt1156398/?ref_=nm_flmg_act_19
Oui j’ai adoré le remake de Snyder, superbement rythmé et son extension vidéo ludesque Dead Rising. Moins Zombieland que j’ai trouvé plus lourdingue.
« Notamment les films de Lucio Fulci,sorte d’Ed Wood du genre. »
Houlà le mec !
Bon je ne peux pas trop défendre le monsieur puisque j’ai du voir un seul de ses films, mais il me semble quand même qu’il est considéré comme un grand du giallo et avait des scénarios^^
J’ai entendu du bien du Venin de la peur, l’au delà, La Longue Nuit de l’exorcisme ou Frayeurs.
Après il a aussi des purges dans sa filmographie je crois. ais « Ed Wood » c’est peut être un peu fort. Faudrait que je voie ces films d’ailleurs^^
« Prix de la critique à Avoriaz en 1980, FRAYEURS fut le film qui consacra Lucio Fulci en dehors de son Italie natale, lui valant les doux surnoms de «Poète du macabre» en France et «Godfather of Gore» aux Etats-Unis. »
Quand même quoi…
Bon enfin moi je dis ça…^^
C’est juste pour ne pas tomber dans le mépris que ce blog s’efforce toujours d’éviter en parlant de toutes sortes de comics. J’suis sûr que pour certains, les vieux comics de super slips c’est aussi du fast food merdique bas de gamme pour attardés 😉
Oh c’est Morricone qui signe la musique du venin de la peur d’ailleurs. Une raison de plus pour que je tente le visionnage de celui-là.