Ultimate Iron man par Orson Scott Card, Warren Ellis et Pascual Ferry, Andy Kubert et Steve Kurth
Un article de : TORNADO
1ère publication le 13/04/15 – MAJ le 04/04/20
VO : Marvel
VF : Panini (Kiosque)
Cet article propose un petit tour d’horizon du personnage d’Iron man dans sa version « Ultimate », une version modernisée et cinématographique (comprenez : « prêt à filmer ») des personnages de l’univers Marvel. En VF, ces épisodes ont été publiés par les éditions Panini Comics dans le magazine Ultimates hors-série, N° 5 et 6. La mini-série d’Ellis dans le magazine « Ultimates hors-série » N°11.
Nous commencerons avec l’intégralité des origines d’Iron man revues et corrigées par le romancier Orson Scott Card, ici bombardé scénariste de comics. Puis nous enchainerons avec la mini-série « Ultimate Armor Wars » écrite par Warren Ellis…
1) Ultimate Iron man par Orson Scott Card
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les dix numéros de cette maxi-série ont été publiés au départ sous la forme de deux mini-séries distinctes espacées de plusieurs années (2005 pour les 5 premiers épisodes, 2008 pour les suivants). Pourtant, il s’agit à l’arrivée d’une seule et unique histoire dont tous les épisodes se suivent. La première moitié est dessinée par Andy Kubert, la seconde par Pasqual Ferry.
Orson Scott Card y est allé très fort dans le côté « relecture ». C’est très simple : il a absolument tout changé par rapport aux origines classiques du personnage d’Iron man ! Plus rien n’est pareil. En définitive, on peut dire que son récit tient tout autant de l’univers Ultimate (modernisation des figures de l’univers Marvel) que du « What if ? » (récit alternatif explorant des destins parallèles et divergents).
Qui plus-est, il n’a pas hésité un seul instant à nier les origines qu’avait imaginées le scénariste Brian M. Bendis dans sa série Ultimate Marvel Team-up, dans laquelle ce dernier avait proposé une ébauche des origines d’Iron Man. Ce parti-pris négationniste n’a pas du tout été du goût de la plupart des fans du personnage, pour lesquels Card avait fait preuve d’hérésie scénaristique !Bon, moi je me moque complètement de la continuité et ce qui me paraît important, c’est la qualité du récit en lui même. De ce point de vue, j’ai trouvé que les deux moitiés avaient beau former un tout unique dans le fond, elles n’en étaient pas moins différentes dans la forme :
– Les cinq premiers épisodes dessinés par Andy Kubert sont vraiment les meilleurs. La narration est parfaite de A à Z et l’on s’attache complètement à cette nouvelle version de l’univers de Tony Stark, qui sonne immédiatement juste, malgré son peu de respect pour la continuité. La toile de fond est ambitieuse et l’on se dit que l’on tient là le haut du panier des aventures de « l’Homme de fer », avec une caractérisation des personnages particulièrement fine et attachante. La tonalité générale des épisodes varie entre la légèreté et la gravité selon les événements et rappelle aux connaisseurs les plus belles réussites du genre, telles Venom : Dark Origin ou Emma Frost Ultimate Collection.
La déception n’en est que plus grande à la lecture des épisodes #6 à 10 dessinés par Pasqual ferry. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre temps, mais le scénariste semble avoir oublié ce qui faisait la force de son travail sur les premiers épisodes. La cohérence de l’ensemble en a pris un coup et la fin de l’histoire est tellement tirée par les cheveux qu’elle en devient embarrassante. Le rythme parfait des débuts laisse également la place à une narration pataude et décousue. Quant au fond « mythologique » de la série, on peut dire que Card va beaucoup trop loin, notamment lorsqu’il confère à Tony Stark le même pouvoir auto-guérisseur que Wolverine ! C’est très bien de s’écarter des histoires originales si c’est pour ne pas tomber dans la répétition, mais dans ce cas il est inutile de marcher sur les plates-bandes des autres figures d’un même univers. Trop, c’est trop. C’est dommage parce que le dessin de Ferry est vraiment très bon, meilleur à mon avis que celui de Kubert, très connoté « manga 90’s ».
A l’arrivée, Ultimate Iron man est une maxi-série très inégale dont le meilleur se trouve dans sa première partie. Elle ne plaira pas au puriste conservateur qui n’appréciera pas les libertés prises avec la continuité et qui ne reconnaîtra pas beaucoup le personnage tel qu’il apparaît en général dans sa version classique. Card aura proposé une belle caractérisation des figures liées à Iron Man, avant de sacrifier la mythologie de ce dernier en cherchant à lui conférer des superpouvoirs, alors que c’était justement l’absence de pouvoirs qui faisait jusqu’ici son intégrité.
Il y a des idées brillantes, comme le fait que l’organisme génétiquement modifié de Tony, sorte de cerveau géant réparti des pieds à la tête, soit particulièrement réceptif aux plaisirs défendus de l’alcool. Mais on est loin des trouvailles du scénariste Warren Ellis sur son extraordinaire Iron Man : Extremis (ce dernier ne faisant pas partie de l’univers Ultimate), dans lequel Tony gagnait des pouvoirs essentiellement raccords avec son esprit, et non avec ses muscles…
2) Ultimate Armor Wars par Warren Ellis
Les quatre épisodes de cette nouvelle mini-série ont été réalisés en 2010 par le scénariste Warren Ellis et le dessinateur Steve Kurth. Il s’agit évidemment de la version ultimate de la plus célèbre saga du personnage d’Iron man : Armor Wars, écrite à l’origine en 1987 par le scénariste David Michelinie. Comme dans le comicbook originel, l’histoire commence alors que Tony Stark découvre que la technologie utilisée pour l’armure d’Iron Man a été reproduite et exploitée à des fins criminelles. Il décide de partir en guerre, seul, afin d’empêcher définitivement ses ennemis de récupérer une si dangereuse création…
Le récit débute alors que le crossover Ultimatum vient de se terminer. Et c’est dans un Manhattan en ruine, tandis qu’il se rend à sa base principale, que Stark découvre qu’on lui a volé des éléments essentiels à sa technologie des armures Iron man. ILl ne m’est pas vraiment possible de comparer ce remake à la version de Michelinie, étant donné que je n’ai pas lu cette dernière, mais objectivement, Warren Ellis réalise un travail très efficace. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un scénariste de sa trempe, il nous offre une histoire adulte, intelligente et enlevée. Il rivalise avec ses pairs Alan Moore et Grant Morrison lorsqu’il s’agit d’imaginer des créations scientifiques et futuristes vertigineuses, laissant Tony Stark nous mener par le bout du nez en nous noyant dans de longues tirades technologiques aussi absconses que crédibles ! Ce dernier point, loin d’alourdir le récit, lui apporte de l’épaisseur, sans jamais oublier de trainer une note d’humour.
Encore une fois, et bien que ce ne soit relevé que rarement, c’est surtout le talent de dialoguiste d’Ellis qui m’impressionne particulièrement. Il est quand même un des rares scénaristes capable de lancer ses personnages dans des pages et des pages de parlotte sans que l’on ne s’ennuie jamais une seconde ! Le dessin de Steve Kurth est totalement à la hauteur. Réaliste, soigneux, détaillé, il fait preuve d’une belle inventivité dans le découpage des planches et rappelle, dans le style, l’ambiance des Ultimates, façon Bryan Hitch.
Il est par contre dommage que l’ensemble soit aussi court. Ellis est parvenu à compresser son récit grâce à son art de la narration, mais on reste quand même sur le sentiment que la toile de fond aurait pu être nettement développée. Il est tout de même question d’y introduire une réflexion sur la technologie et ses dérives, lorsqu’elle est récupérée à des fins malsaines. Malgré l’art de la concision dont fait preuve le scénariste, qui parvient, certes, à livrer quatre épisodes d’une belle densité, on ne peut s’empêcher de regretter quelques épisodes supplémentaires…
Dans l’ensemble, la version ultimate d’Iron man n’aura pas réussi à détrôner la version classique. La maxi-série écrite par Orson Scott Card est en passe de tomber dans les limbes de l’oubli, tandis que celle de Warren Ellis (qui a également écrit la mini-série Ultimate Iron man Vs Hulk) ressemble tout simplement à un remake, une relecture moderne comme il en est publié des dizaines chaque année. La première demeure en définitive une curiosité qui n’aura pas réussi à tenir toutes ses promesses, avec un début épatant et une résolution extrêmement décevante, tandis que la seconde est un contrepoint idéal pour les lecteurs ne souhaitant pas relire les vieux épisodes de Michelinie…
Ultimate + Iron Man + Warren Ellis + ce romancier que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam = non merci !
C’est quoi cette histoire de Tony Stark bleu ?
Bof. Je ne m’en souviens plus. Je n’ai plus aucun souvenir de cette lecture. heureusement que j’avais écrit le commentaire dans la foulée !
Je n’ai pas lu les 2 miniséries d’Orson Scott Card, l’article de Tornado m’en ayant dissuadé.
Par contre je n’ai pas résister à l’envie de lire un comics de Warren Ellis. Je partage entièrement l’avis de Tornado, sur la capacité d’Ellis à écrire des dialogues qui font également passer la personnalité du locuteur dans ses tournures de phrases.
Pour ce qui est de la technologie d’anticipation, un rapide séjour sur le site de Warren Ellis permet de constater qu’il lit beaucoup, y compris des revues scientifiques, ce qui lui permet d’être crédible et de rendre ses lettres de noblesses au genre « anticipation », un peu à l’instar de Jules Verne (à une autre époque).
Enfin la comparaison avec les « Armor wars » de Michelinie, Romita et Layton montre qu’Ellis n’a utilisé que le principe de base : le vol et l’utilisation de la technologie de Stark par des individus sans scrupule. A partir de ce point de départ commun, tout le reste est différent.
L’univers Ultimate : j’ai brièvement lu les Xmen de Millar et de Kirkman avant d’en revenir. Cette interprétation des héros moderne manquait d’âme…
Sous prétexte de les rendre plus réaliste, la plupart des héros avaient viré trou du cul. Et le pire, c’est que si l’univers Ultimate n’intéresse pas grand monde, on a quand même l’impression que c’est cette version asshole justement qui est privilégié dans l’univers Marvel classique !
J’avais pas aimé, mais alors pas du tout de chez pas du tout le Cap’ de Millar qui dégoisait sur les Français au moment ou G.W. Bush et son sbire britannique partaient à l’aventure en Irak… Le vrai Cap’ (celui de Stan et Jack, jeunes ami(e)s n’aurait J-A-M-A-I-S sorti une telle énormité !
Je ne connais des Ultimates que les trois tomes Panini Deluxe des Ultimates Avengers, qui a (je l’ai déjà dit) servi sans aucun doute de base au premier film et au second film sur Captain America. Je ne suis pas du tout certain d’apprécier celui décrit ici… Ni même les vieux Iron Man de l’article précédent.
J’ai l’an dernier essayé de suivre un des derniers re-boots en date des Ultimates en comic book mensuel (avec une équipe de tous jeunes héros incluant en guest star Miles Morales) mais j’ai lâché prise tellement c’était mauvais. Au plan du dessin d’abord (c’est par le dessin que j’aborde la BD, ça paraît logique) mais également en ce qui concerne le scénario et la characterization. J’ai donc laissé tomber. Je ne suis que l’Ultimate Spider-Man, mais même cette série semble s’arrêter au #12 pour encore un « event » qui fera que plus rien ne sera jamais comme avant ! A ce rythme, je vais m’abonner à « Lady S » ou autre série calamiteuse du domaine francophone….
Pas lu ces comics de Iron Man
J’ai celui de Quesada dans un coin, sorti chez Hachette. A l’époque de Heroes reborn. C’est juste un arc d’un run à plusieurs mains je crois. J’aime bien les dessins et le look de Iron man à cette époque. On va voir si c’est sympa à lire.