Le Sculpteur par Scott Mc Cloud
1ère publication le 11/09/15- Mise à jour le 09/07/18
Un article sculpté par 6 AUTEUR : PATRICK FAIVRE
VO : Roaring Brook Press
VF : Rue de Sèvres
Tous les scans de cet article ©Roaring Brook Press
Le Sculpteur est un roman graphique écrit et dessiné par Scott Mc Cloud.
Celui-ci est bien connu des amateurs de bandes dessinées du fait de ses ouvrages comme l’Art Invisible (-le livre de chevet de Présence Ndlr), où Mc Cloud par des analyses oscillant entre philosophie et existentialisme (oui !) s’est affirmé comme le linguiste du 9ème art.
Autant dire que le père Mc Cloud était attendu au tournant et que certaines critiques furent aussi assassines qu’injustifiées pour ce sculpteur dont nous allons vous causer aujourd’hui.
Au premier abord ce qui marque le plus dans ce roman graphique, c’est son côté titanesque ! Pas moins de 5 ans ont été nécessaires à son auteur pour venir à bout des 500 pages de cet ouvrage !
On est ensuite interpellé par le mélange des genres de cette BD: le manga tout d’abord pour le côté lecture rapide, le nombre de pages élevées et la simplification des traits des personnages (les yeux notamment).
Il y a ensuite un coté Franco-Belge dans la physionomie des personnages, le type de narration et la fausse simplicité des décors.
On pense enfin bien sûr aux comics, car si les hommes en slips et les poses héroïques sont absents de ce TPB, l’esprit de la BD indépendante US souffle sur cette œuvre (de Love & rockets à Strangers in Paradise – Du reste Meg n’est pas sans évoquer la Francine de Terry Moore). A noter que le seul personnage à avoir des traits réellement fouillés et réalistes est Harry (avec ses faux airs à la Stan Lee) : la mort en personne !
Le temps n’est pas au beau fixe pour David Smith jeune artiste centro-centré sur lui-même et nombriliste en diable, il a fait fuir ses derniers amis. Il se retrouve à fêter seul son 26éme anniversaire dans une cafétéria.
Lui qui se voyait déjà sculpteur renommé, voilà que sa carrière artistique est au point mort (son succès initial qui lui avait valu d’exposer dans des galeries à la mode semble loin derrière lui). Quant à sa carrière tout court, ce n’est pas beaucoup mieux, il vient de se faire virer d’un fast food ! Bref il se saoule consciencieusement pour noyer son aigreur tout en s’apitoyant sur lui-même. Un passe-temps comme un autre pour un jour d’anniversaire.
Soudainement, son vieil oncle Harry vient s’assoir en face de lui ! Ils échangent quelques souvenirs sur le bon vieux temps. Son oncle lui donne même un vieux comics dessiné par David lui-même dans son enfance : « Super family » (Collector ultime tirage limité à un exemplaire) représentant chacun des membres de sa famille avec des super pouvoirs. L’auteur est le « Super-Skulteur » qui a le pouvoir de sculpter les objets à mains nues. Ca alors ! Lui pensait que son comics avait fini au feu ! Tiens ! d’ailleurs maintenant qu’il y pense son oncle lui aussi est sensé être mort et enterré depuis un bail… Mince Harry, mais tu es mort !!
C’est en effet la mort elle-même qui apparait à David sous les traits de son oncle défunt ! Elle lui propose d’exhausser son rêve d’enfant en lui donnant la capacité de sculpter selon sa volonté les objets. Hélas ce joli cadeau ne va pas sans contrepartie : David disposera de 200 jours pour utiliser son don, puis il en mourra !
Variation sur le thème de Faust, le personnage principal a donc 200 jours pour réaliser ses rêves de gloire et puis disparaître. Souhaitant tout sacrifier à son art,David accepte. Le compte à rebours est désormais lancé !
Bien entendu les choses ne vont pas se passer comme David l’espérait. Rapidement il va se retrouver confronté à sa propre médiocrité. A quoi sert son don si son œuvre n’est pas reconnue ? Un peu comme ces artistes qui pensent transcender leur création par leur suicide mais dont l’œuvre n’aura pas plus de succès morts ou vivants…
Le Sculpteur se heurte au milieu des arts New Yorkais où le snobisme et le copinage règnent en maîtres. L’urgence de son sort ne change rien à l’insuccès de David : sa nouvelle exposition est comparée à « une boutique de souvenirs polynésienne » (Bigre je n’ai aucune idée de ce que cela peut vouloir dire mais cela n’a pas l’air très gentil) … Pire ! il est chassé de l’appartement qu’il occupait par son propriétaire excédé par ses loyers impayés ! Artiste incompris et SDF à l’espérance de vie réduite, le sort de David ne s’arrange décidément pas.
Le problème de cette première partie, c’est que l’on a bien du mal à s’attacher au personnage principal, véritable cliché de l’artiste incompris et tête à claques; il est égocentrique, coléreux, socialement inapte, dépressif, il s’emprisonne lui-même par des promesses absurdes (« Ne jamais accepter de l’argent de personne », « ne pas dire je t’aime si l’autre ne l’a pas dit avant » etc.). Sa maturité relationnelle est catastrophique; du reste il est encore vierge à son âge, c’est sans doute un signe ou au moins une conséquence. Bref en un mot comme en 100, il est insupportable !
C’est un véritable tour de force pour Scott McCloud d’arriver à rendre ce personnage progressivement sympathique ! son évolution et son parcours psychologique au cours de ces 200 jours est l’une des plus belle réussite de ce TPB.
La charnière du récit sera la rencontre de David avec Meg, une actrice elle aussi en devenir… Cette dernière lui apparaîtra sous la forme d’un ange (au sens premier du terme) descendue du ciel pour lui dire que « Tout va bien se passer » lors d’une séance onirique à souhait… A partir de là, l’histoire va mêler différents registres, du fantastique à la chronique sociale en passant bien sûr par la romance.
Retrouvant ou découvrant des émotions telles que l’amour ou le bonheur, la conception de la vie de David va s’en trouver chamboulée… L’irréparable ayant déjà été commis, il est trop tard pour faire demi-tour, il n’a plus qu’à avancer inexorablement vers son destin et préparer son œuvre finale… Dans la postface, McCloud avouera que cette histoire emprunte de nombreux éléments à sa propre vie à commencer par les rapports entre David et Meg, ce qui contribue à rendre cette histoire troublante et émouvante.
Graphiquement l’ouvrage est une franche réussite, les cadrages sont ingénieux, le style est bien moins épuré qu’il n’y parait, chaque case bénéficiant d’une multitude de détails dans les décors. Les personnages bien que volontairement naïfs sont très expressifs. L’auteur utilise la monochromie (le bleu est une couleur chaude ?) pour souligner les éléments et les scènes importantes. Cette approche est aussi originale que créative.
On notera aussi le soin tout particulier que McCloud apporte aux « figurants », que ce soit dans la rue ou pendant les soirées branchées. Au milieu de la foule chaque visage est différent, ce qui contribue à l’ambiance hyper réaliste.
Par certains aspects on peut rapprocher cet ouvrage d’Asterios Polyp de David Mazzucchelli aussi bien graphiquement que pour ses thématiques (Le personnage principal égocentrique prenant un nouveau départ, les relations de couple difficiles ou la réflexion sur l’art…). Cependant il faut reconnaitre que l’approche de Mazuchelli est plus cérébrale que celle de McCloud qui est plus affective et émotionnelle.
L’auteur souhaite manifestement nous interroger sur l’art et le processus créatif. Qu’est-ce qu’être un artiste ? L’art est-il un produit de consommation comme un autre ? L’art vaut-il la peine de tout perdre avec en prime le risque de ne pas être reconnu pour son talent ? (ou du moins celui que l’on imagine avoir). Ceci vaut-il la peine de vendre son âme au diable ? Le lien entre pulsion créative et volonté mercantile est clairement exposé.
A la fin de l’histoire, rejetant l’hypocrisie des marchés de l’art et leur conception élitiste, David décidera d’exposer ses créations à même la rue en détournant les éléments du décor urbain ! Sorte de Street-Art cher à Bransky ou à Mystic mais en version sculpture, David procède à une sorte de manifeste avant-gardiste en voulant libérer l’art !
On peut cependant se demander s’il est pertinent d’imposer sa conception de l’art à tous ou même simplement à ceux qui ne partage pas votre vision du beau. L’année dernière, l’artiste Paul McCarthy n’a-t-il pas fait scandale en exposant un plug-anal place Vendôme ? Pourquoi imposer sa vision (provocatrice) de l’art hors des galeries à des gens qui ne l’ont pas demandé ? Volonté de faire avancer le débat ou simple coup de pub ?
Le livre se gardant bien de répondre à ces questions, il appartiendra à chacun d’en tirer ses conclusions.
Vous l’aurez compris, Le Sculpteur est une source de réflexions profondes mais est également une histoire d’amour touchante et bouleversante par sa conclusion. Quête introspective d’un personnage initialement un peu vain et dérisoire dans son besoin désespéré de reconnaissance David trouvera finalement une raison de vivre au soir de son existence.
Par son ampleur inattendue,cette histoire tragiquement belle livre un message foncièrement optimiste sur la nature humaine en mêlant l’intime et l’universel. Nous ramenant à notre propre mortalité, ce chef d’œuvre nous interroge sur ce que nous souhaitons faire de notre temps en ce monde et surtout sur ce que nous souhaitons laisser derrière nous. Le sens de la vie, ni plus ni moins.
J’applaudis des deux mains cette chro aussi inspirée que son sujet.
C’est une oeuvre ambitieuse, généreuse et larger than life et il faut être vraiment un jaloux pisse vinaigre pour la dénigrer.
Si les légendes sont de toi, Patrick, j’ai étė surpris par l’astucieuse référence à Eurythmics pour l’apparition initiale de Meg. Et la construction de ta chronique est intéressante, l’articulation entre le texte et les scans donne un rythme surprenant pour ceux qui ont déjà lu le Scuplteur et elle est, à mon avis, une bonne invite à le découvrir pour les autres.
Enfin le choix de mettre en avant la magnifique couverture originale est le bon, Rue de Sèvres a une curieuse idée de merde en ne la conservant pas pour l’édition française.
Et voilà, ça recommence ! Encore des sou-sous à lâcher par la faute du blog ! A moins que je ne le débusque en médiathèque.. J’étais hésitant suite à diverses critiques lues en VO, mais cet article me donne bien envie d’essayer…
Well done, Patrick !
Bravo pour cet exercice courageux. Pour la petite histoire, le grand Bruce Lit s’est dégonflé pour faire.sa critique. Il a voulu garder pour lui la lecture de ce « monument ».
Je ne serai cependant pas aussi enthousiaste que toi. Une certaine mièvrerie teinte ce récit et l’auteur manque de puissance pour aborder plus en finesse certaines thématiques.
En clair, l’ambition est proche de celle de Mazzuchelli mais il est un cran en dessous en terme de réalisation (ce qui reste très bon) .
En revanche cela se lit très bien et très vite.
Encore Bravo pour ce morceau de bravoure en terme d’analyse.
@Monsieur Maticien : je plaide coupable ! Quand bien même vous fûtes celui qui m’offrîtes ce joli livre, je ne me suis pas senti d’écrire sur ce sculpteur notamment par pure paresse de décrire le style graphique de l’auteur et de rattacher cela aux oeuvres de Mc Cloud. J’ai cependant rédigé la petite intro en début d’article, qui est fondamentalement la meilleure partie non ?
@Mr 6 : blague à part, Patrick, je te félicite pour un article concis et fluide dont je me sentais incapable d’écrire. Parfois, aller droit à l’essentiel a du bon. Comme toi, j’ai adoré ce bouquin. Je n’ai rien trouvé de mièvre dans cette histoire. Je ne comprends pas cette accusation, car du début à la fin, la love story est d’une pureté rarement lue ailleurs (peut-être dans Blankets).
Par contre, je te trouve un peu dur avec le héros dont on sent qu’il t’agace. En quoi différait il de celui de High Fidelity en terme d’hésitation et auto-appitoiement. Ce qui est subjuguant dans cette histoire, c’est qu’à aucun moment l’auteur nous amène là où nous pensions aller. Je confirme que cela se lit et relit très vite. J’ai adoré les dessins, la mise en scène et la fin, bouleversante, en effet ! Il y a quelque chose de très pur dans cette écriture, d’enfantin (mais pas infantile) mais jamais rien de mièvre.
La réflexion que tu lances sur l’art moderne (plug anal) est assez passionnante même si pour ma part, je n’ai aucune opinion sur la question.
@JP : et voilà, ce que c’est que d’avoir son anniversaire passé….
Bon, l’article donne clairement envie (malgré quelques coquilles), et on peut me le prêter… Je vais donc me faire ma propre opinion, sous peu, du moins, dans les mois qui viennent. Bravo Patrick en tout cas.
Hé ben ça ! Voilà que tu me donnes (très !) envie de lire ça ! Je ne m’y attendais pas car ce n’est pas le genre d’histoire que je recherche en BD. Comme tu le décris, on dirait un roman de Paul Auster.
La réflexion sur l’art parait intéressante. Sans doute, comme Paul Auster (qui est marié à Sophie Cale, il me semble), Mc Cloud fréquente-t-il le milieu des artistes new-yorkais, dans lequel les meilleurs créateurs contemporains côtoient les pires imposteurs et les pires mondains jouisseurs, pour qui, évidemment, l’art est un moyen de choquer l’opinion afin de se faire remarquer (un peu comme une star du rock, en fait…).
@Tornado : je confirme le volet Austerien de la chose.
J’en profite pour en rajouter une louche sur le personnage de Meg dont la non-existence dans notre réalité est un crime contre l’humanité tellement elle est fabuleuse. Vraiment ce premier baiser est magique, un pur instant de grâce qu’elle illumine chaque fois qu’elle apparaît. Rien que son rôle mériterait un article ! D’ailleurs elle n’est pas sans rappeler
Jimmy Dean à certains moments…..non, je déconne 🙂@Patrick : la comparaison avec Francine de SIP ne me saute pas aux yeux. Meg me paraît quand même moins cruche….
Pour ceux préférant la couverture VO , les libraires du réseau « Canal BD » (Libraires indépendants) proposent un tirage réservé à ces librairies avec une jaquette reprenant la couverture VO (Qui est plus belle que la triste couv’ VF).Sur le site Canal BD , il y a les adresses des librairies faisant partie du groupe si ça intéresse quelqu’un.
Mon libraire (Librairie « Bulle » Le Mans) fait partie de ce groupe et grâce à lui en plus de la jaquette , j’ai pu assister à une conférence de Scott McCloud organisée par mon libraire pour la sortie de l’album.
Pour ce qui est de Paul Auster , vous avez raison.McCloud a été inspiré par la trilogie New York pour les personnages (Et aussi de son histoire personnelle , il y a un peu de lui et de sa femme dans cette histoire).L’autre grosse influence est celle de Will Eisner pour la façon de dessiner New York et ses habitants ainsi que les décors.Scott McCloud a d’abord essayé la méthode de Will Eisner pour dessiner l’homme de la rue.
S’asseoir à la terrasse d’un café , poser son appareil sur la table en direction de la rue et cliquer à répétition.Scott McCloud ratait toutes ses photos , il a laissé tomber cette méthode et a été cherché des clichés sur internet.(Scott McCloud racontait cette anecdote avec beaucoup d’humour).
Pour ce qui est des couleurs.Scott McCloud pensait que sortir l’histoire en N&B ralentirait le rythme de lecture du lecteur (On passe plus de temps à déchiffrer une image n&b qu’une image couleur).Le problème c’est qu’il ne voulait pas confier la colorisation à quelqu’un d’autre et que colorisé lui même son histoire lui aurait pris quelques mois , voire années.(Rien que colorisé toutes les fenêtres lui aurait pris un temps dingue).Il a donc eu cette idée d’utiliser une deuxième couleur le bleu , pour donner du volume et de la profondeur à ses dessins afin que le lecteur passe moins de temps à déchiffrer l’image pour garder un bon rythme de lecture.
C’était une conférence vraiment intéressante et Scott McCloud est un personnage charmant et plein d’humour.(Sa femme aussi est très sympathique)
J’ai beaucoup aimé cet album , une belle et tragique histoire.
Très bon article , si je n’avais pas déjà l’album , j’aurai eu envie de l’acheter après l’avoir lu.
Merci beaucoup pour toutes ces anecdotes et précisions. Pour avoir regardé quelques vidéos sur son site, j’avais trouvé Scott McCloud comme étant un orateur de grand talent.
@ Lone Sloane : Et voui la référence à Eurythmics est de moi ! Même si je suis loin d’être fan de ce groupe.
Je ne serai pas aussi dure que toi concernant avec la couverture Française qui si elle est moins « percutante » que l’orignal a quand même son charme et son sens (mais bon ça n’engage que moi)
@ JP : Je sais ce blog fera ta ruine (et la mienne dans la foulée)
@ Matt & Maticien : Hum je ne partage pas ton opinion concernant la « mièvrerie » du livre, comme je le disais dans l’article la démarche de McCloud est plus émotionnelle que celle de Mazzuchelli. Mais bon je peux comprendre qu’on puisse ne pas être emporté par l’émotion.
Paradoxalement si le fait d’offrir ce livre à Bruce ne lui a pas donné l’envie d’écrire sur le sujet, ce geste m’a par contre donné envie de le lire… puis d’écrire ! Au final tu es bien à la source (indirecte) de cet article ! Merci donc à toi 😉
@ Bruce : l’intro est la meilleure partie ? Ta modestie légendaire finira par te jouer des tours :))
Bien joué pour la référence à Blankets dans ton commentaire que j’aurais clairement pu citer comme référence/influence !
Pour répondre à ta question la différence principale entre le personnage de « Haute fidélité » (dont il sera question dans quelques temps sur ces ondes… je n’en dis pas plus) et celui du Sculpteur c’est l’orgueil et la prétention ! Si tous les deux veulent vivre de leur passion (en quelques sortes) l’un le fera « humblement » alors que l’autre cherchera surtout la gloire et la reconnaissance des foules…
La comparaison avec Francine de Strangers in Paradise est surtout physique, le visage en particulier… Pour le reste Francine est godiche et non pas cruche (nuance !) mais elle est claire dans sa tête et sait (grosso modo) ce qu’elle veut, contrairement à Meg qui est carrément névrosée au dernier degré !
@ Jyrille : Pour les coquilles je pense que c’est surement à cause de mon coté huitre il ne faut pas m’en vouloir 😉
@ Tornado : Oui je pense que McCloud fréquente le milieu des arts, sa description est trop précise pour qu’il en soit autrement.
@ Holdwig : Merci de tes informations, tu as beaucoup de chance de rencontrer cet auteur !
Hé hé. Je suis à l’origine de cet article quand même; ) je suis peut être un peu dur avec Mc Cloud mais ces précédents ouvrages étaient tellement bons (et très cérébraux). J’ai trouvé qu’il avait du mal a revisité le mythe faustien. Son trait un peu pataud (exprès), le manque de puissance des sculptures imaginés m’ont déçu.
J’ai trouvé que l’on était parfois trop dans la démonstration et pas assez dans l’artistique. Point de vue très personnel.
@Bruce: oui ton intro est très bonne; )
@ Matt Personnellement, je suis incapable de lire l’art invisible du début à la fin en continu. Mais les parties que j’en lis sont toujours fascinantes d’intelligence. Je crois vraiment que le mythe de Faust doit être vu comme un point de départ de l’histoire, comme l’enquête policière concernant Peter Stillman dans la trilogie New Yorkaise donne lieu à autre chose. Il est certain que du côté des sculptures, Mazzucchelli est bcp plus précis, mais effectivement plus cérébral. N’oublions pas enfin, la différence d’âge entre les personnages….
@Holdwig : veinard, j’ai loupé Mc Cloud de peu lorsqu’il est passé à Paris. Il est un des rares auteurs pour qui je serais prêt à me déplacer.
@Patrick : je suis convaincu par ta démonstration de high Fidelity. Concernant Francine, un peu moins. C’est une femme qui ne sait pas quoi faire ni de sa vie professionnelle, amoureuse, sexuelle. Le contraire de Meg’ au caractère bien trempé.
@Patrick : Plus que Eurythmics, dont les airs traversent sans dommage, c’est la personnalité d’Annie Lennox que je trouve épatante.
Et je salue également l’hommage rendue à Michael, Quincy Jones et The Delfonics dans tes légendes.
Great Black Music make me wanna holler 🙂
Un petit truc qui me freine pour me lancer dans cette lecture, quand même, c’est le nombre de pages. Je trouve que les longs récits écrit « en un bloc » peuvent parfois connaître des problèmes de rythme. Lorsqu’un récit a été découpé en chapitres pré-publiés mensuellement, il y a souvent des cliffhangers qui maintiennent le lecteur sous tension… Et c’est d’autant plus vrai pour les vieilles histoires qui étaient écrites à une époque où le TPB n’était pas garanti…
Sinon, je pense aussi que le fait que le Sculpteur soit une oeuvre de Scott McCloud est en partie à l’origine des critiques sévères sur ce livre. McCloud a écrit une oeuvre de référence pour décortiquer les comics et, à travers certaines reviews que j’ai pu lire, on peut voir transparaître un sentiment un peu mesquin du genre « il est super balaise pour parler des comics mais quand il s’agit d’en réaliser un lui même, il est pas si fort que ça… », ce qui est un peu injuste.
N’aie pas peur JP, il n’y a vraiment pas de problèmes de rythme, c’est très fluide, ça se lit tout seul, c’est vraiment, vraiment bien….
Je ne suis évidemment pas d’accord avec les critiques faîtes à Mc Cloud. Viser l’épure n’est jamais simple. Mc Cloud n’est pas démonstratif de son art. C’est comme l’escalade. En apparence, celà semble très simple, en réalité il y bcp de travail, et surtout une âme, des émotions, des opinions et même un chouia de Super héros à la fin.
Belle critique de cet ouvrage que je n’ai ni lu, ni acheté (même si j’ai déjà lu plusieurs critiques dessus dont certaines négatives). Je suis entièrement convaincu par l’argumentaire sur la dimension plus émotionnelle qu’intellectuelle développée dans cet article. C’est en partie ce que j’ai retenu des critiques qui lui étaient adressées, tout en étant convaincu que s’il avait adopté une approche plus intellectuelle et culturelle, les mêmes lui auraient reproché son dogmatisme et sa froideur.
Ce que ses détracteurs lui reprochent, c’est que ses interventions ou « L’art invisible » sont l’équivalent des sciences appliquées, sans la théorie qui va avec (un peu comme les livres « Mars & Vénus » sont de la psychologie appliquée, sans jamais exposer la théorie sur laquelle ils s’appuient). Il s’agit donc d’une approche plus pragmatique (que l’on pourrait qualifier d’américaine), que scientifique. McCloud vise le concret et l’efficacité, plus que le conceptuel et le théorique.
Un exemple d’intervention de McCloud, irrésistible pour son bagout et sa verve :
http://www.ted.com/talks/scott_mccloud_on_comics
Merci pour le lien, c’est une video intéressante, je ne connaissais pas ces anecdotes sur l’enfance et la famille de McCloud…
Je trouve que c’est un orateur avec une verve épatante, et un sens de l’image qui marque. J’ai toujours en tête sa pyramide des approches graphiques, ainsi que la notion de fenêtre pour l’écran d’ordinateur (certes empruntée à Windows, mais avec un sens et une image bien différents).
Bonjour,
Merci pour cet article.
Suite à la lecture de cet article je me suis procuré cette bd et j’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture.
L’histoire est vraiment sympa et pour ma part je l’ai trouvé originale, et les dessins sont vraiment très bon.
Merci beaucoup pour cette découverte.
Maintenant vos commentaire me donnent envie de me lancer dans la trilogie New Yorkaise que je ne connais pas du tout.
Bonne journée
Salut Bastien
Tu trouveras sur cette page les articles de Présence et bibi sur la Cité de Verre, le premier chapitre de la trilogie new yorkaise de Paul Auster. Attention, c’est une lecture assez traumatisante !
@Patrick (et tous les autres) : je viens de voir le film sur Brian Wilson qui certainement le meilleur biopic consacré à un musicien. Un équilibre parfait entre la musique et la vie de ce génie de la musique. La personnalité de Wilson est parfaitement rendue, et mon Dieu, cette Melinda, quelle femme extraordinaire ! Une histoire d’amour magnifique (j’y viens, j’y viens) n’étant pas sans rappeler celle de ce Sculpteur : l’amour qui sauve la vie ! Du coup, je me dis que j’ai loupé le cocher et que God Ony Knows, probablement la septième merveille de la pop eut parfaitement convenu à l’oeuvre de Mc Cloud !
@ Bruce : Tu vas la chercher loin celle là :)) Hum je n’aurais à priori pas pensé à faire le rapprochement surtout que Wilson s’en sort quand même mieux que le Sculpteur à la fin ! Mais pourquoi pas …
Ceci dit comme je ne renonce devant rien pour faire ma propre pub je ne vais pas me gêner pour conseiller à tout le monde de lire ce petit lien :
https://mistermalcontent.wordpress.com/2015/07/05/love-and-mercy-de-bill-pohlad/
Concernant les Beach Boys mon morceau préféré est haut la main :
https://vimeo.com/52576248
@Patrick : c’est une très jolie chanson que je ne connaissais pas, étonnamment dépouillée pour du BB. Sur quel album puis je trouver ça ?
C’est ton article qui m’avait convaincu de voir ce film :). je le trouve magnifique, j’ai failli m’effondrer en le revoyant dans le train ce matin tellement la fin est belle,sobre,délicate. Cusack est superbe et oui Paul Dano est formidable. Et je jure ici allégeance éternelle à Elizabeth Banks !
Et donc j’ai revu Love and Mercy une deuxième fois dans le train et je confirme que ce film est une merveille, contrepoint total des biopics hollywoodien. Cyrille, ce film est fait pour le grand sensible que tu es !!!!
Je note Bruce, bien que je ne sois pas un grand amateur des BB. J’ai essayé plusieurs albums mais ne possède que Pet Sounds qui commence à faire son chemin. Pourtant je suis fan de God Only Knows et j’ai ce disque depuis 1993 au moins. L’album où tu peux trouver la chanson de Patrick est Carl and the passions je crois (c’est la pochette sur la vidéo). Holland est spécial aussi, tout comme les autres sortis après Pet sounds. Faudra que je retente mais le biopic a l’air effectivment intéressant. Même Smile je ne rentre pas dedans…
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J’ai enfin pu lire ce long roman graphique, que j’ai beaucoup aimé. Plus que Asterios Polyp, je l’approcherai aux oeuvres de Craig Thompson, Blankets et Habibi, qui sont eux aussi dans l’émotion. J’ai un peu pensé aux frères Hernandez mais plus pour le trait et certains passages où la narration est éclatée dans le temps, sur une ou plusieurs pages. Mais chez McCloud, c’est bien plus facile à appréhender que chez les Hernandez…
Je trouve l’album maîtrisé et vraiment bouleversant, surtout que tu as raison, le personnage principal est insupportable. Mais il pêche par trop d’ampleur, trop de détours dans le scénario, et un didactisme parfois énervant : tout est trop clair.
Mais c’est une réussite.
Je l’ai feuilleté en bibliothèque et je l’ai trouvé splendide et bouleversant, trop bouleversant d’ailleurs…
étant assez pessimiste moi-même, j’aime être rasséréné par mes lectures…
« rasséréné » ?
Tu m’apprends un mot^^
C’est un truc que je peux comprendre. Ennis me fout le cafard et une des raisons pour lesquelles je n’aime pas ses comics, c’est qu’il effrite un peu plus le peu de foi que j’ai déjà en l’humanité alors que mes efforts devraient aller dans l’autre sens, à essayer d’être moins fataliste et pessimiste^^
Ennis me fait marrer souvent…
C’est son versant « émotion » que j’ai du mal à prendre au sérieux…
quand j’ai lu que des lecteurs avait émus Dans Hellblazer ou Preacher, j’ai toujours été dubitatif… il faut sans doute être sensibles aux bromances, ou aux amitiés viriles de bar-tabac… j’en suis totalement amputé depuis ma naissance, toutes les scènes de bistrots où les mecs s’auto-congratulent de leur nullité, je les saute. pour moi Cassidy est une merde, je le trouve détestable de sa première apparition à sa dernière réplique.
non, moi je lit du Ennis pour son côté cartoon-politique et accessoirement ses bd de guerres qui sont vraiment réussies…
non moi les histoires sentimentales ou tranches de vies qui justement font l’impasse sur le coté ironique/drôle/truculent de la vie en n’en gardant que les aspect déprimants, autiste et fatalistes ne me plaisent pas…
rien à faire, j’aime rire avant tout, et on peut rire du malheur, c’est un bras de fer permanent qui nous pousse à survivre à l’ordurie du quotidien
Ennis ne me fait pas rire, ça doit être ça^^ Je trouve juste ses persos détestables et déprimants.