10 CAUCHEMARS SUPPLEMENTAIRES POUR LES ROCKERS PURISTES !
Une checklist pour midinettes concoctée par : TORNADO
Ah… les rockers puristes. Avec eux j’ai toujours l’impression d’écouter de la musique pour gonzesses…
N’empêche, ce conflit puriste Vs midinette me tient à cœur car, en tant que musicien amateur et très gros consommateur de musique, je renifle une certaine mauvaise foi de la part de mes copains les puristes (je l’ai déjà dit mais, par un coup du sort, il se trouve que je ne m’entends bien, en général, qu’avec ceux qui ont des goûts à l’opposé des miens…).
Cet article est, quelque part, la suite logique de celui sur le NEW PROG. Car en fait je continue de m’agacer contre la même chose : Ce déni pour tout un pan de la musique rock qui ne serait pas comme il faut.
On a déjà indiqué que, pour cette élite persuadée d’incarner le rock le vrai, le pur, le dur, pour ces représentants d’une doctrine manifestement aussi souple que le Monstre de Frankenstein version Boris Karloff, pour ces passeurs fermés, cerbères défendant l’entrée du temple à tout ce qui ne rentre pas dans la charte du bon goût rock, il faudrait que le rock soit comme ci et pas comme ça. On en vient au final à porter crédit davantage à l’attitude des rockers, soumis à un contrôle d’intégrité encore plus strict qu’une fouille au toucher rectal, qu’à leur musique à proprement parler. Et donc le ROCK LYRIQUE ou MÉLANCOLIQUE, de même que le PROG, c’est soi-disant « le mal », parce que c’est trop comme ci et trop comme ça…
Ce qui cloche au final, c’est ce système de pensée unique tout de même extrêmement réactionnaire : Les punks ne souhaitaient-ils pas, vers la seconde moitié des 70’s, que le rock redevienne comme avant, comme au bon vieux temps du rock’n roll ?
Qu’à cette même époque un journaliste spécialisé comme Nick Kent ait eu suffisamment de charisme pour emporter avec lui la majorité de la profession concernée dans sa vision de la chose est tout de même assez édifiant avec le recul, car cela signifie que sa doctrine du bon goût rock a transformé toute une génération en suiveurs (même si on peut envisager que c’est tout un phénomène de société qui en découle) comme si cette pensée unique était une chose naturelle !
En 1993, en pleine période grunge, Radiohead débarque sur la scène rock. Très vite, au bout de trois albums, c’est la grande révélation de l’époque. Mais très vite aussi, le groupe se démarque du rock franc pour aborder quelque chose de plus électronique et, surtout, de plus lyrique avec un chant portant haut les atermoiements de leur leader. Dans le sillon de Radiohead surgit Jeff Buckley et, ensuite, Muse. C’est l’âge d’or du ROCK LYRIQUE. Et ça ne va pas durer longtemps car ça grogne chez les rockers puristes pour qui cette tendance, c’est pas du rock, c’est pas intègre, c’est pas correct. Du coup, ben, si vous aimez ce genre de musique, vous êtes immédiatement raillés et reclassés chez les midinettes… Hé ! Ho ! Et si on n’est pas d’accord nondidiou ?
Vous trouverez, en fin d’article, une réflexion assez fournie sur cette question épineuse.
Allez hop ! c’est parti :
10. Tamino : TUMMY (2018)
Le petit dernier. Un jeune auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste belge d’origine égyptienne, doué de l’oreille absolue et accessoirement de quatre octaves, amoureux de musiques arabes. 22 ans à peine au moment de la sortie de son premier album, AMIR, dont est tiré le titre choisi.
AMIR évoque largement GRACE, le seul et unique album de Jeff Buckley, dont on parlera plus bas.
J’aurais pu choisir HABIBI, le titre-phare (et extrêmement lyrique) de l’album, ou encore EACH TIME avec ses accents arabisants et buckleyens, mais TUMMY l’a emporté pour sa mélodie unique.
© Caroline Records
9. Lifehouse : EVERYTHING (2000)
Ah ! Le vrai cauchemar pour le rocker puriste, à mon avis, c’est celui-là !
Lifehouse fait partie de ces groupes de rock alternatif (comme presque toute la liste de ce top 10, d’ailleurs) post-grunge qui aiment bien fréquenter le podium de MTV comme les séries TV du style GREY’S ANATOMY (et en l’occurrence de SMALVILLE) dont ils accompagnent les scènes contemplatives pendant lesquelles les acteurs regardent l’horizon en surjouant le spleen… Un genre de hard-rock romantique à la Evanescence dont les filles raffolent. Du coup, les puristes ont vite fait de vous taxer la chose de rock pour midinettes !
Mais on s’en fout. EVERYTHING est une pépite de six minutes toute en montée mélancolique qui culmine par l’inévitable explosion cathartique. Si c’est réservé aux midinettes, alors j’en suis !
J’aurais pu mettre YOU & ME, leur tube le plus connu. Mais non.
© Dreamworks Records
8. Carl Barât : IRONY OF LOVE (2010)
Carl Barât est l’ancien « second » des Libertines, un groupe de post-punk dont je ne suis pas amateur du tout (le groupe qui a révélé Pete Doherty (leur leader donc)). Il se trouve que le Barât nous sort en 2010 son unique album solo, et que c’est une pure merveille éclectique dans laquelle on trouve de tout, mais où tout est bon !
Par-dessus le marché j’ai choisi le bonus final de l’édition japonaise (qui offre deux titres bonus), une chanson ultra-mélancolique dont je n’ai jamais réussi à me remettre (évidemment, vu le thème de l’article…). Portée par une mélodie au piano des plus simples, la chose est transcendée par l’interprétation déchirante de l’artiste, qui semble improviser tellement c’est habité.
Paradoxalement, l’autre chanson de l’album que j’adore est sa stricte opposée : RUN WITH THE BOYS, un titre enjoué comme un tube d’Abba !
© Pias
7. Jude : I KNOW (1998)
J’ai découvert l’album NO ONE IS REALLY BEAUTIFUL à sa sortie et ce fut un vrai coup de foudre. Un truc assez inclassable, quelque part entre la pop et l’americana.
Le disque comporte une grosse charge de chansons magnifiques, dont l’ouverture YOU MAMA YOU, incroyable titre de deux minutes où se succèdent paroles scandées à toute allure et refrain lumineux au timbre haut perché. PROPHET n’est pas mal non plus avec cette rythmique éthérée basse/guitare sur laquelle Jude donne toute la mesure de ses capacités vocales.
Mais I KNOW est celle que je me repasse à chaque fois avec la même émotion accrue. Car son envolée lyrique à 3,30’ exactement est le clou de l’album en ce qui me concerne.
Hélas, le chanteur-auteur-compositeur ne parviendra plus, notamment par manque de liberté artistique, à réitérer tel chef d’œuvre.
https://www.youtube.com/watch?v=a3bRxwHzIxA
© Maverick
6. Turin Brakes : OUTBURSTS (2010)
Les deux gars de Turin Brakes jouent de l’americana et, pourtant, ils viennent de Londres ! Difficile pour moi de puiser une seule chanson au cœur de leurs sept albums tant je les adore presque tous. Mon choix s’est donc arrêté sur OUTBURST, chanson intimiste et mélancolique à souhait qui clôture l’album éponyme. Ce n’est pas la plus représentative de leur discographie, qui comporte moult titres plus enjoués et dont certains évoquent le HARVEST de Neil Young. Mais enfin c’est comme ça : Parfois, une chanson vous fend le cœur et vous vous la repassez en boucle. OUTBURTS en fait partie…
© Cooking Vinyl
5. Radiohead : THE TOURIST (1997)
OK COMPUTER est souvent cité comme le chef d’œuvre de Radiohead et je suis d’accord avec ce postulat tant il trouve le bon équilibre entre ses racines rock et ses futures explorations électro (à noter que l’on trouve ici une œuvre à la limite du NEW PROG et que j’aurais presque pu la placer dans l’article précédent). Je me souviens bien de la bombe qu’avait été l’album à sa sortie et il avait d’ailleurs immédiatement divisé les fans avec d’un côté les puristes qui juraient qu’il tomberait dans l’oubli en deux minutes, et les autres dont votre serviteur, qui pensaient qu’on tenait là quelque chose de très important.
Bien évidemment, j’aurais pu choisir KARMA POLICE ou EXIT MUSIC (FOR A FILM), qui sont souvent considérés comme les deux sommets de l’album. Mais mon préféré a toujours été THE TOURIST, le dernier titre de la sélection. Une chanson beaucoup plus simple et épurée que les précédentes (très Roger Waters’style), dont l’émotion me retourne comme une crêpe à chaque écoute.
© XI Recording
4. Starsailor : WHITE DOVE (2003)
Voici l’exemple-type du groupe pop-rock boudé par les puristes et la presse rock, le condamnant d’emblée à errer en marge des artistes adulés par le monde du musicalement correct. Leur tube FOUR TO THE FLOOR version dance n’a pas dû les aider à séduire les puristes, c’est sûr (pas plus que mon morceau choisi avec sa tonne de violons)…
Il y a un je ne sais quoi de vintage chez Starsailor et leur nom est d’ailleurs inspiré par un album de Tim Buckley, le père de Jeff (comme quoi…). Disons qu’ils auraient pu évoluer dans les années 70 sans que ce soit choquant.
C’est en 2003 que parait SILENCE IS EASY, leur meilleur album avec le précédent LOVE IS HERE. J’ai d’ailleurs hésité à choisir ALCOHOLIC, chanson poignante du 1° album sur un fils qui évoque son père alcoolique. Mais une fois encore mon choix s’est reporté sur le titre qui me procure le plus d’émotion. Et c’est la BLANCHE COLOMBE.
© Parlophone
3. Muse : BLISS (2001)
C’est dans le giron concomitant de la britpop, du grunge et de Radiohead que surgit Muse. La formation ne comprend que trois gars mais elle est incontestablement dominée par leur frontman Mathew Bellamy dont la virtuosité au chant, au piano et à la guitare emporte tout sur son passage. Sur scène, la puissance qui émane du groupe rappelle celle de Led Zeppelin, c’est très impressionnant.
Les trois premiers albums sont parfaits, avec en plus des textes plus ambitieux que la moyenne. Le quatrième est plus surprenant mais évoque les grandes heures de Queen. Je me suis arrêté au cinquième (pas mal non plus), car la course au podium de MTV dans laquelle s’est engagé le groupe ensuite ne m’a pas emballé. Mais j’y reviendrai peut-être
Mon titre préféré a toujours été BLISS, parfait équilibre entre le lyrisme de la formation et leur rock puissant. Je jubile en songeant que l’emploi du synthétiseur, très en avant, a probablement donné des boutons aux rockers puristes…
A noter que les compositions du groupe empruntent énormément à la musique classique et aux compositeurs romantiques en particulier (Chopin, Liszt, Tchaïkovski). Ce qui en fait également un groupe NEW PROG et sa place dans cet article est donc entérinée.
© Wea
2. Rufus Wainwright : GO OR GO AHEAD (2003)
C’est vraiment de lyrisme dont on peut parler avec Rufus Wainwright puisque sa passion première, c’est l’opéra. Et il a d’ailleurs composé et interprété lui-même quelques pièces. Mais ses horizons sont divers et son admiration pour Serge Gainsbourg l’a également conduit à chanter et à composer pour Lulu, le fils de l’Homme à Tête de Chou. Du côté pop-rock, le chef d’œuvre de Rufus Wainwright est probablement WANT ONE, et le chef d’œuvre de WANT ONE est assurément le sublime GO OR GO AHEAD !
Comme souvent dans ma sélection, j’ai choisi une chanson construite sur les montées et les descentes avec l’inévitable envolée frissonnante.
Une de mes chansons favorites, tout genre, style et univers confondus…
Si j’avais dû choisir un autre titre, j’aurais pris THE ART TEACHER, sur l’album WANT TWO.
© Decca
1. Jeff Buckley: GRACE (1994)
Et enfin la voici : Best song ever.
Jeff Buckley enregistre son unique album en 1994 et meurt trois ans plus tard avant d’achever le second. Il meurt à trente ans, presque comme son père Tim Buckley (mort à vingt-huit ans) dont il semble être un clone physiquement et dans la tessiture de la voix. Le père était doué de six octaves, le fils en possède cinq. La comparaison s’arrête là car au psychédélisme et au free-jazz/funk/folk baroque du père, le fils oppose un rock lyrique flamboyant et sophistiqué, ciselé avec un ultime perfectionnisme.
GRACE -le disque- est une perfection absolue, un joyau de bout en bout et figure pour votre serviteur dans le haut du palmarès des meilleurs albums rock de tous les temps. Mais GRACE -la chanson- c’est encore autre chose. Rendez-vous compte : Je l’écoute depuis maintenant vingt-cinq ans et à chaque fois (à chaque fois !) que le chanteur entame son chorus vocal final qui culmine durant les deux dernières minutes, je suis pris d’un torrent de frissons inextinguible qui me traverse le corps comme la foudre. Mes poils se hérissent, ma peau est secouée de spasmes depuis le bas des jambes jusqu’en haut de l’échine. A chaque fois ! Incroyable, non ? Pensez un peu si je vais renoncer à ça au nom du satané rock intègre !!!
© Columbia
Il est extrêmement frustrant de ciseler une liste de seulement 10 titres lorsque l’on aimerait en mettre cinq fois plus…
Si j’ai dû évidemment renoncer aux précurseurs que furent Queen pour le volet lyrique et Nick Drake ou encore Paul Williams (souvenez-vous de son déchirant PHANTOM THEME dans le PHANTOM OF PARADISE de Brian DePalma), pour le côté mélancolique, il a fallu que je débarrasse ma liste, la mort dans l’âme, d’une pléthore de titres. Ainsi ai-je mis de côté d’autres artistes des 90’s comme David Gray, Beck, The Verve, PJ Harvey, Portishead, Placebo, voire d’autres groupes pour midinettes (Keane, Coldplay, Travis, Eskobar, Cary Brothers), parfois mélancoliques mais pas assez lyriques, comme d’autres plus contemporains, tels Mazzy Star, Gary Jules, Snow Patrol, Anthony & The Johnsons, Timber Timbre, Midlake, Elbow, Andy Shauf, Gotye, Cigarettes After Sex, Hooverphonic, Snowmine, Duffy, Lana Del Rey ou Grizzly Bear.
– Et maintenant, le grand débat :
Comme je le disais en introduction de l’article, je soupçonne de la mauvaise foi de la part de mes copains les rockers puristes. Et mon petit doigt me suggère de remonter le temps afin d’essayer d’en comprendre le processus :
A la fin des années 30, le régime nazi assoit son pouvoir en manipulant un outil particulièrement redoutable : la propagande (heu, non… loin de moi l’idée de comparer les rockers avec les nazis, c’est même plutôt l’inverse ! Laissez-moi finir…). Il utilise pour ce faire des images mais aussi de la musique. Et c’est la musique lyrique, emphatique et puissamment émotionnelle (Wagner, Bach, Bruckner, Mendelssohn et Beethoven) qui est choisie afin de remuer les tripes du peuple et lui donner à la fois le peps et le sentiment de grandeur en accompagnant la main levée l’avènement des idées les plus méphitiques de l’histoire de l’humanité. Pire encore, les bourreaux nazis éliminent des gens dans les camps de concentration en diffusant de la musique afin d’enjoliver l’horreur…
Comme en littérature où la figure du super-héros est effacée de la mémoire collective à cause de sa proximité thématique avec celle du surhomme aryen, raison pour laquelle, à priori, le genre déménage pour s’installer définitivement aux USA (lire pour cela l’article sur LA BRIGADE CHIMERIQUE), la musique LYRIQUE et MELANCOLIQUE, celle qui émeut, séduit, bouleverse, suscite émotion et frissons, est pointée du doigt accusateur. Pour beaucoup, c’est une esthétique du meurtre. Il faut qu’il y ait rupture, refonte, réinvention. Révolution. Il faut une toute nouvelle direction. C’est nécessaire.
Laura Laufer, une critique du monde musical, écrit :
A l’universalisme de la culture progressiste, les nazis ont opposé une culture de race, populiste. Ultra-conservatistes, ils ont défendu l’archaïsme et la tradition contre l’évolution, l’académisme contre l’expressionnisme, la figuration contre l’abstraction, l’ordre contre la provocation dadaïste, la musique tonale contre le dodécaphonisme. Voyant l’incarnation du métissage dans le jazz, ils le dénoncèrent comme décadent, lascif, immoral, premier dans ce qu’ils nommèrent « musique dégénérée ».
Cette réflexion nous éclaire sur l’état d’esprit des musiciens d’après guerre : La musique devait prendre un chemin différent et, surtout, devait renoncer à la beauté, à l’émotion et à tout ce qui pouvait correspondre à la manière dont les nazis concevaient leur idéal musical.
L’ère des Lumières avait échoué avec le nazisme. L’idée révolutionnaire des musiciens d’après-guerre est donc la suivante : la musique doit absolument tourner le dos à la tradition bourgeoise par laquelle elle était hissée et doit affirmer sa négation de toute notion de beauté, de pathos, de romantisme, d’émotion et d’effusion sentimentale. En gros, la musique ne doit surtout pas être belle !
Le principal penseur de cette nouvelle doctrine est Theodor Adorno : « toute séduction dans la musique est suspecte ». Une expression qui en dit long sur la philosophie de la musique contemporaine ! Celle-ci aura donc un fil rouge bien précis : Elle ne devra surtout pas être agréable !
Dans ce contexte, tout ce qui peut approcher de près ou de loin les débordements lyriques, les effets mélancoliques et les penchants romantiques est absolument honni. L’approche contemporaine renoue ainsi avec les inventions révolutionnaires de la musique expérimentale du début du XXème siècle en faisant disparaitre la tonalité au profit d’une approche strictement conceptuelle. C’est le fameux dodécaphonisme de Shönberg, qui institutionnalise une composition stricte dans laquelle une certaine approche mathématique interdit à la musique de sortir du cadre conceptuel pour se « perdre » dans les envolées de l’émotion. C’est la naissance de la musique sérielle et atonale. C’est une conception expérimentale de la musique à travers laquelle cette dernière est jouée pour être intéressante et non pas pour être plaisante. Adieu les mélodies, adieu les thèmes, adieu le rythme… Adieu le plaisir simple de l’émotion…
Le rock’n roll nait dans le sillon de cette esthétique contemporaine et, ainsi, il n’est pas incohérent de penser qu’il en véhicule les oripeaux, quand bien même l’approche est nettement moins radicale. De là à émettre la théorie que cette philosophie a perduré jusqu’à aujourd’hui chez les élites il n’y a qu’un pas. Et selon votre serviteur, celles-ci ne s’aperçoivent même pas que la chose est ancrée dans un certain inconscient collectif puisque la plupart des relayeurs du rock intègre ou du musicalement correct n’a aucune idée de cette héritage philosophique et n’a jamais entendu parler de Theodor Adorno et des courants musicaux d’après guerre. Je n’en connaissais rien moi-même avant de me passionner pour le sujet dans cette quête de démêler ce qui me gène dans cette approche élitiste de la musique rock.
Ainsi ai-je envie de secouer le cocotier : Le deuil du nazisme est achevé ! Le devoir de mémoire est primordial mais on a le droit aujourd’hui de recommencer à aimer la musique de manière émotionnelle. Et si on a le droit de réécouter du Beethoven et du Wagner, on a aussi le droit de porter haut et fort son amour pour le ROCK LYRIQUE et MELANCOLIQUE. Et les rockers puristes de se réveiller un peu de cette gueule de bois vieille de 80 ans…
Alors oui je l’écrit haut et fort : Pour moi la musique expérimentale c’est pour les musicologues et je n’en suis pas un. La musique qui véhicule des idées c’est pour les sociologues et je n’en suis pas un. Le rock intègre c’est pour la tribu de ceux qui veulent que le rock soit comme ci et pas comme ça, et je ne me sens pas du tout concerné. Ma musique préférée est celle qui m’émeut, qui me file les frissons. Ce n’est pas « le mal » bon sang ! C’est juste l’approche du rock que je préfère. Et je refuse aujourd’hui d’avoir des complexes à ce sujet !
Heureusement, on l’a bien vu ici-même, notamment avec l’interview de Patrick Eudeline, les rockers puristes ont tous leurs failles et, entre les lignes, bien que ce soit profondément planqué derrière la rock attitude de circonstance, quelques petites pointes d’émotion, à propos de certains artistes n’ayant strictement rien à voir avec la rock attitude, peuvent parfois s’échapper…
Pour la BO du jour, laissons le dernier mot au chanteur le plus mélancolique de tous les temps :
Je suis incapable de me lasser de cette vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x3oinri
Ah ah ah, Cyrille tu apportes de l’eau à mon moulin sans le savoir, preuve que nous sommes tous le puriste de quelqu’un.
Les coulisses de ce duo sont connues : Bjeurkk apprend qu’elle doit interpréter SATISFACTION avec…Meat Loaf à l’occasion de je ne sais plus quelle occasion. Elle téléphone à sa copine PJ : « Allo, Polly, sors moi de ce merdier ! »
Le résultat est super réussi mais je déteste -physiquement- l’islandaise. PJ est une vraie reine sur ce morceau et il faudra un jour rendre hommage à sa guitare si caractéristique.
Les musiciens sont aussi sectaires que les autres hein…
Les seuls qui font exceptions sont les producteurs : Bob Ezrin pour Lou Reed, Alice Cooper ou Pink Floyd
Steve Albini : Nirvana ou…Dionysos !
Rubin Slayer, Johnny Cash ou…Shakira !
Eno : Bowie et….Coldplay !
Ah je ne connaissais pas cette anecdote ! Alors physiquement, je suis prêt à me damner pour Björk. J’en suis fou. Et cette voix… dès qu’elle la pousse un peu, elle annihile celle de PJ qui est pourtant grandiose, oui, une reine comme tu dis.
Le résultat est incroyable non ? Il y a une tension de fou, elles s’approprient le morceau, les filles non plus n’arrivent pas à jouir bordel ! Et elles ne sont que deux, avec cette gratte qui justement fait mal aux croûtes tant elle hérisse au lieu de caresser, et ce petit beatbox pour Björk. C’est dément.
Bob Ezrin a aussi produit Téléphone ou je confonds ? Pour moi, il n’y a pas tant d’éclectisme dans ceux que tu cites. Pour les suivants, plus 😀 Enfin, Eno, c’est aussi U2, et Depeche Mode non ? Je sais plus. Eno est à part de toute façon et je le vois mal produire de la country.
Petit tour sur la page wikipedia de Bob Ezrin : Phish, Alice Cooper, Kiss, Pink Floyd, Balloonatic, Deep Purple, Lou Reed, The Kings, Hanoi Rocks, Taylor Swift, Peter Gabriel, Bonham, K’naan, 2Cellos, Kristin Chenoweth, Rod Stewart, Nine Inch Nails, The Jayhawks, Thirty Seconds to Mars, The Darkness, Jane’s Addiction, Dr. John, Nils Lofgren, Berlin, Kansas, Julian Lennon, Joe Bonamassa, Deftones, les 3 Ténors, Andréa Bocelli, Geoffrey Oryema… plusieurs autres… et Dure Limite de Téléphone en 1982.
Merci Présence ! Oui, là on peut parler d’éclectisme 😀
@ Jyrille : ah mais quelle merveille !
Je ne connaissais pas PJ Harvey (je ne sais pas, je devais être sur une autre planète, pas mon univers).
Leur duo est vraiment somptueux.
@Bruce : pour Björk, on ne s’accordera jamais, ça sera sans doute notre plus grande différence : je la trouve belle, avec une voix incroyable, on dirait un petit lutin, ou un elfe, avec une voix qui sort d’on ne sait où…
Elle semble ne pas vieillir.
Autant je te rejoins sur Björk autant non, elle vieillit… Cette vidéo date de 1994 !
Oui, je sais que c’est de 1994, elle fait toute gamine, mais même aujourd’hui, elle ne fait pas son âge…
<3
Bon alors, j’y vais, je sens que je dois réagir rapidement… Je ne vais pas du tout revenir sur ton sentiment d’injustice ou d’élitisme du rock, j’en ai assez parlé et je pense que tu regardes encore du mauvais côté de la lorgnette, pour trois raisons : nous sommes désormais en 2020, l’eau a coulé, la société n’est plus la même, ensuite la consommation de musique n’a plus rien à voir et en découle une appréciation totalement différente et enfin, nous avons passé l’âge de croire que les doctrines peuvent diriger une vie, une façon d’être ou de penser. Nous sommes tous différents avec d’énormes points communs.
Comme je te l’ai dit, non, à l’époque de leur découverte, Radiohead et Buckley ont immédiatement été portés aux nues. Lorsque OK Computer est sorti, c’était de la folie, souviens-toi : plus grand groupe de rock depuis les Beatles (rien que ça !), meilleur album de la décennie, puis des vingt dernières années, des Anglais qui n’en revenaient pas d’avoir retrouvé leur aura, des curieux partout, de la dithyrambe à tous les coins de rue. Impatiemment, tout le monde attendait le suivant. Et ils sortent KID A. Quelle claque. De plus, tu oublies de dire que OK Computer était déjà un retour au prog, le premier single étant PARANOID ANDROID, un titre de 6 minutes avec un clip de dessin animé norvégien ou suédois irrévérencieux et qui prend son titre à Marvin, l’androîde de H2G2. Loin de tout canon rock, pour sûr. Et Buckley qui parlait de Led Zep et de Edith Piaf à longueur d’interview.
Je vais écouter les titres plus tard. J’ai écouté le TAMINO en lien, HABIBI, pas celui de l’article : c’est très Jeff Buckley. Je ne connaissais pas, merci, c’est chouette.
Lifehouse et Jude sont les seuls groupes que je ne connais pas, même si je ne me suis jamais vraiment intéressé à Rufus Wrainwright et Turin Brakes, des artistes que je connais par un titre ou un album de-ci, de-là, sans curiosité supplémentaire.
Carl Barât, moitié de Libertines, pourquoi pas.
Starsailor, pas mon truc en général.
Muse, un premier album parfait, un second le cul entre deux chaises, et ensuite des albums qui se ressemblent, recyclent, et sont partis dans la mauvaise direction de leur second : la facilité. C’est un groupe que j’aime beaucoup, car ils sont d’incroyables musiciens, car ils font de belles choses, qu’ils sont très bons sur scènes et qu’ils se fichent royalement de ce que l’on pense d’eux. Mais j’en suis sans doute moins fan que Maël, alors que ce premier album, quelle claque à l’époque. Un disque de chevet.
Radiohead et Jeff Buckley, oh, que dire ? Que je les vénère ? Qu’ils font partie du tout haut du panier ? Ce serait encore trop peu. Laisse tomber, tu peux pas test.
Tu parles de midinettes mais il n’y a aucune fille ici. Un peu phallocrate, le Tornado ? 😀
Nick Drake, trois albums incroyables. Cela fait longtemps que je ne l’ai pas écouté, et il faut que je retrouve ses second et troisième albums, je n’ai que le premier FIVE LEAVES LEFT en CD.
David Gray j’ai un album, une fausse BO je crois, bien cool.
Beck s’est perdu après quatre albums et n’a plus rien. Mais Odelay! est un chef d’oeuvre.
The Verve n’a jamais été mon truc malgré un super single et un album précédent super bien gaulé.
PJ Harvey a plus de couilles que tous les mecs que tu cites 😀
Portishead l’intégrité absolue, rien à jeter. Roads est une de mes chansons préférées de tous les temps.
Placebo comme Muse, un premier album parfait, un second très bon entre deux chaises et après, le troisième mouais et pfuit.
Keane des singles sympas, j’aime bien, mais pas à en écouter un album
Coldplay un premier bel album, un second réussi, une seule chanson que j’aime vraiment, un groupe que je déteste.
Travis rien de bien pour moi
Eskobar je sais plus… ça ne me dit que vaguement quelque chose
Cary Brothers ne me dit rien non plus.
Mazzy Star magnifique, essentiel
Gary Jules je n’en connais que sa reprise très pertinente de Tears For Fears
Snow Patrol je déteste
Anthony & The Johnsons superbe, un album splendide, mais je n’ai pas cherché plus loin
Timber Timbre jamais vraiment tenté
Midlake pas trop ma came je crois
Elbow j’adore, il faut que je m’y remette
Andy Shauf jamais entendu parler
Gotye je ne connais que sa chanson ultra connue qui a un même titre qu’une magnifique chanson de Elliott Smith
Cigarettes After Sex j’aime bien, super ambiance surtout
Hooverphonic bien cool mais jamais écouté un album en entire
Snowmine jamais entendu parler
Duffy jamais entendu parler
Lana Del Rey jamais vraiment tené
Grizzly Bear deux albums que j’aime bien, surtout Veckatimest je pense, mais dont je peux me passer.
Qu’attend-tu pour te mettre à Elliott Smith ? Mon article ? Ok, ça viendra… je sais pas quand mais avant la fin de l’année j’espère.
Ton histoire de camp de concentration me rappelle cette scène du Bon, la brute et le truand… tu vois de quoi je parle ?
Je ne comprends pas comment tu passes de « la figuration » à « renoncer à la beauté, à l’émotion ». Car pour moi, dans cette musique figurative des grands classiques, c’est l’émotion et la beauté qui priment. Mozart, Beethoven, Vivaldi, tous les cherchaient. Moins Bach et sans doute pas Mahler.
Après guerre, le jazz honni des nazis a lui aussi suivi ce penchant atonal, il est devenu plus abstrait, chez Miles comme chez Coltrane, et pourtant il ne tourne pas le dos au peuple, puisqu’il s’agit de musique festive (ON THE CORNER, tu connais non ?).
Et puis tu oublies que la majeure partie de la population écoute de la musique de fête, facile à assimiler, autant que des chansons émouvantes, simples, qui parlent à tous. J’adore Beautiful de Christina Aguilera, ça marche à fond. C’est un classique. Comment expliquer le succès inatteignable de COMME D’HABITUDE ? Etre repris par Frank Sinatra, qui dit mieux ?
Bref, je ne suis pas du tout sensible à tes arguments que je ne peux pas valider. Je sais que je dois lire l’interview de Eudeline, mais même en étant jeune et arrogant, je n’ai jamais tout détesté à part tel ou tel artiste. Et maintenant, c’est encore pire, je prends tout, je n’ai honte de rien, et pourtant je me sens élitiste : car quand une musique m’insupporte, je le dis haut et fort, je la critique, je la remets dans sa position d’abrutissement des masses et des émotions. Et je suis fan de Kylie Minogue.
Je reviendrai pour ta partie centrale, morceau par morceau 😉
Et moi je reviendrai à tête reposé sur ton post généreux pour y répondre de manière exhaustive.
Si je peux me permettre, en attendant, tu vas vite en besogne pour dire que j’ai tort et que tu as raison, sans vraiment lire ce que j’écris.
Tu dis :
« à l’époque de leur découverte, Radiohead et Buckley ont immédiatement été portés aux nues. Lorsque OK Computer est sorti, c’était de la folie, souviens-toi : plus grand groupe de rock depuis les Beatles (rien que ça !), meilleur album de la décennie, puis des vingt dernières années, des Anglais qui n’en revenaient pas d’avoir retrouvé leur aura, des curieux partout, de la dithyrambe à tous les coins de rue ».
Et moi je commence à peu-près mon article en écrivant :
« En 1993, en pleine période grunge, Radiohead débarque sur la scène rock. Très vite, au bout de trois albums, c’est la grande révélation de l’époque. Mais très vite aussi, le groupe se démarque du rock franc pour aborder quelque chose de plus électronique et, surtout, de plus lyrique avec un chant portant haut les atermoiements de leur leader. Dans le sillon de Radiohead surgit Jeff Buckley et, ensuite, Muse. C’est l’âge d’or du ROCK LYRIQUE. Et ça ne va pas durer longtemps car ça grogne chez les rockers puristes pour qui cette tendance, c’est pas du rock, c’est pas intègre, c’est pas correct ».
La même chose que toi, donc. ou à peu-près ^^
C’est vrai. Mais je ne dis pas que tu as tort : juste que je ne suis pas tes arguments, ta vision ou ton ressenti. Surtout que je n’ai jamais lu ou vu des critiques honnir Buckley et Radiohead.
Si vraiment je t’ai lu trop rapidement je m’en excuse et relirai ton texte 😉
@Cyrille : Je pense que tu n’aimeras pas grand chose dans ma liste (et surtout pas la 9 !). 😀
Mais c’est fait exprès ! 😀
On campe sur nos positions ? Jusqu’ici je ne pense pas avoir tort… pour la bonne raison que l’on me dit que j’ai tort dès que je sors des sentiers battus ! Des sentiers rabattus, balisés. Ces formules de sincérité, de facilité, d’intégrité, ce sont bien les mêmes litanies que j’entends à propos du « vrai rock » depuis que j’en écoute et que je lis des trucs dessus. Mon premier apprentissage ? Balancer tout ça à la poubelle ! Ça n’a aucune valeur. Chaque artiste, chaque groupe, chaque musicien est digne d’intérêt selon l’approche qu’on veut bien lui concéder.
Le plus drôle là dedans ? C’est que je ne suis pas dupe du tout. Je suis capable d’aimer des gens tout en détestant leurs goûts. J’aime certaines musiques d’artistes que je déteste (Jamiroquaï, Manu Chao), je déteste certaines musiques d’artistes que je trouve super sympas (Téléphone, plein de groupes punk-rock).
Souvenir : J’avais 22 ans et j’allais voir principalement des concerts de blues. Pourquoi ? Parce que c’était la grande mode des groupes de blues sudistes dans ma région et qu’il n’y avait que des concerts de blues dans tous les bistros et les salles que je fréquentais avec mes potes de l’époque. Beaucoup d’excellents musiciens, dont certains avec qui je jouais de temps en temps.
Moi à cette époque j’écoutais principalement des trucs 70’s, du Led Zep, du Hendrix, ACDC, Neil Young, les Doors, Bowie, Alice Cooper, beaucoup de trucs hippies, du Santana, Soft Machine, Magma et du jazz rock (Chick Corea, Stanley Clarke, Keith Jarrett). Et au dessus de tout : Pink Floyd. J’allais voir ces concerts de blues en boucle et je bouffais de Stevie Ray Vaughan sans oser m’avouer que ça me faisait chier.
Le samedi, dans un café concert, il y a avait fréquemment des festivals de blues avec tous les groupes du coin. J’aimais bien mais les mecs n’étaient quand même pas les plus sympas qui soient. Ça se prenait très au sérieux. Un soir, vers 1h du mat, arrive le groupe des Cryptones, des stars locales qui jouaient du garage 60’s un peu psyché, genre Julie Driscoll & Brian Auger mâtiné de punk. Ils arrivent bourrés comme des coings et sont invités à jouer un truc sur scène. Au bout de 10 mns, le chanteur commence à montrer son cul. Au bout d’1/4 d’heure ils étaient tous à poil sur la scène avec la moitié du public horrifié ! C’est à ce moment là que ça m’a fait tilt : Moi je voulais être pote avec des mecs comme ça. Les bluesmecs, là, ils me faisaient chier ! Et bien ça n’a pas raté, quelques temps plus tard, tous les Cryptones étaient mes potes. Deux d’entre eux sont devenus mes amis intimes, dont un avec qui j’ai vécu trois ans en colloc (et avec lequel on jouait souvent, constituant une paire basse/batterie du feu de dieu !). Ce dernier a passé nos trois années de colloc à me traîner dans tous les concerts garages possibles. Je détestais la musique, mais à côté de ça je me marrais vachement ! Et oui parce qu’en vérité j’adore l’ambiance rock ! les nuits de beuverie et les gros morceaux de bravoure où tu finis parfois au poste écroulé de rire devant des flics navrés par cette jeunesse débile ! 😀
Pourtant je n’ai jamais mélangé les deux. L’ambiance rock c’est cool. Mais musicalement c’est souvent pourri quand même. Ma culture musicale je me la suis forgée par moi-même. En lisant des mags et des livres bien sûr, mais surtout en écumant les médiathèques et les magasins de musique (cette époque où les discaires te faisaient écouter les disques que tu voulais au casque avant de te décider à en acheter). Aujourd’hui, vu de l’extérieur, quand j’entends ou que je lis que la musique rock ça doit être comme ci et pas comme ça, franchement je trouve ça navrant et proutprout. C’est que des conneries. Des litanies ineptes oui, j’insiste sur le terme.
La liste ci-dessus propose certains de mes titres préférés, mais c’est une partie seulement de tout ce que j’écoute. Vous verrez que mes prochaines listes seront très, très éclectiques.
Tiens, on croit que j’écoute principalement du rock progressif. Et bien c’est faux en fait. Alors oui, j’écoute énormément de New Prog, mais du rock progressif classique, très peu. De cette période je suis fan de Magma, de Genesis et de King Crimson. Ensuite j’aime Jethro Tull et Soft Machine mais ils ont fait très peu de prog. Et bien sûr Pink Floyd sauf que, plus je lis sur le sujet, plus je m’aperçois qu’on les sort de cette étiquette prog. Les autres groupes ? Au mieux j’aime deux ou trois titres même pas en entier (Yes, Caravan, Van Der Graaf Generator), au pire je déteste cordialement tout (Emerson Lake & Palmer, Amon Düll II). Voilà, quoi. C’est qui le plus rock, ici, hein ? C’est qui le vrai punk ? 😀
Alors je vais me répéter : je ne pense pas que tu aies tort. Tout ce que tu racontes est admirable et je suis totalement d’accord avec toi sur ce partage entre la musique, le credo, et la vraie vie, le sentiment, ce qu’on veut faire et partager. Et puis tu dis bien que c’est ton analyse, tes conclusions après tant d’années à t’être posé des questions dessus.
En cela, ta dernière partie est intéressante car elle provient d’une réelle recherche, c’est une étude. Mais j’avoue ne pas suivre le cheminement que tu prends. Je n’y adhère pas, mais je ne pense pas que tu aies tort : j’ai juste une autre approche, d’autres conclusions.
« quand une musique m’insupporte, je le dis haut et fort, je la critique, je la remets dans sa position d’abrutissement des masses et des émotions. Et je suis fan de Kylie Minogue. »
😀
Alors là j’ai du mal à comprendre comment c’est possible… Comment peut-on dire ce genre de choses tout en étant fan de Kylie Minogue ? Je veux dire que la critique d’abrutissement des masses et des émotions ne peut pas tenir si on est fan de quelqu’un qui fait la même chose…
Moi c’est un peu ce qui m’agace avec les critiques sur la musique.
Je le clame depuis le début : faut arrêter de chercher des raisons pour laquelle on trouve cette musique bonne et pas une autre.
Moi ça m’agace, parce qu’il est évident qu’on ne trouvera jamais quelqu’un qui sera d’accord avec nous, qui aimera les mêmes chansons que nous, à 100%. A partir de là, on est sûr qu’il n’existe aucune vérité, aucune excellence dans la musique.
C’est valable pour le reste, d’ailleurs.
Alors c’est sûr, ça limite les discussions, mais je me demande toujours pourquoi c’est si important.
Ce qui compte, c’est que ça procure du bonheur aux gens, non ?
Si on veut discuter, on peut dire ce que l’on aime dans telle ou telle oeuvre, sans forcément passer par la case : ils font ça donc c’est de la merde… parce qu’à partir de là tous ceux qui aiment ça sont taxés d’aimer de la merde (comme les comics old school, au hasard, Tornado 😉 ).
Bref, je me rends compte que même à 40 ans, je n’aime toujours pas débattre…
Et j’aimerais comprendre aussi ça : « Coldplay un premier bel album, un second réussi, une seule chanson que j’aime vraiment, un groupe que je déteste. »
Comment on peut détester Coldplay ?
J’espère que tu ne prends pas mal mes questions, Jyrille 😉
Alors non je ne prends pas mal tes questions, elles sont légitimes Kaori !
Pour Kylie Minogue, je ne trouve pas du tout qu’elle fasse partie de l’abruissement des masses . Elle en a fait partie, j’ai essayé d’écouter ses trois premiers albums, c’est pas terrible. Mais elle a su rester, elle a su avoir une carrière, avec des creux, mais elle est restée honnête avec elle-même et a tenté plein de trucs. Elle a fait des clips avec Michel Gondry, elle reprend New Order, elle a fait un duo avec Nick Cave… Bref, elle ne triche pas. Et j’aime sa musique, en général.
Tu devrais avoir raison, on ne devrait pas débattre, si ça rend les gens heureux, pourquoi pas ? D’ailleurs je pense que chacun a le droit d’écouter ce qu’il veut.
MAIS j’ai le droit de penser que c’est de la merde si je le pense. Et je ne vais pas me gêner pour le dire si on me demande mon avis. Si on ne me le demande pas, je ne le donne pas.
Enfin Coldplay, je n’aime pas leur musique. Comme je le dis, le premier album est réussi, tout comme l’album de The Verve dont je parle avant, A Northern Soul, est réussi. Mais je n’aime ni Coldplay ni The Verve. Et si je déteste Coldplay, c’est parce qu’après deux albums de bonne facture, ils ont eux aussi choisi la facilité, et ils ont commencé à faire des choses affreuses, inaudibles. Le plagiat de Joe Satriani (Viva la vida), c’est efficace, mais c’est insupportable de sucre, de bons sentiments. Je hais ça, je trouve ça tellement superficiel. Tout le contraire du Beautiful de Aguilera.
Tu vois, c’est là où ça coince pour moi : je peux écouter les deux…
Ça ne m’apporte pas la même chose, mais j’aime les deux (et je n’achèterai aucun des deux albums, parce que j’aime juste les titres). (je parle de Beautiful, bien que je préfère largement Hurt, et de Viva la vida)
Je m’en fous de la facilité, des intentions. Ça me plait, cool, ça ne me plait pas, je passe.
Et je ne peux pas détester des artistes pour leur musique. Leur propos, à la rigueur.
Parfois, je déteste l’engouement que suscite un artiste, parce que je n’y adhère pas et donc ne comprend pas et donc ça me saoule qu’on me bassine avec cet artiste à longueur de temps. Comme si c’était des génies.
Je vais en choquer plus d’un mais allons-y :
– Michael Jackson. Bon, lui, c’est un peu mon « Björk » à moi (référence à Bruce, bien sûr)…
– David Bowie… J’ai beau écouter, écouter, je ne vois toujours pas ce que sa voix peut avoir d’extraordinaire. Alors oui il a révolutionné la musique, il a des titres que je trouve sublimes (LIFE ON MARS, SPACE ODDITY…), mais moi à la limite, je m’en fous de ce qu’il a fait. Et j’ai presque l’impression qu’on est obligé de crier au génie, sinon c’est qu’on est un con (une conne en l’occurrence).
– Jeff Buckley… Ben un peu comme au-dessus, je n’ai pas compris le truc qui s’est passé avec ce mec. Bon, peut-être parce que je n’y connais rien en guitare/guitariste…
Mais il ne se passe rien quand j’écoute Jeff Buckley… Alors qu’il se passe des choses quand j’écoute Radiohead…
Pour autant, ça ne me viendrait pas à l’idée de dire que c’est de la merde…
Ah mais ceux qui méritent que je dise que c’est de la merde sont peu nombreux Kaori ! Je ne le dirai pas de Coldplay, pourtant je les déteste. Contrairement à toi, je peux détester un artiste pour ce qu’il fait. Alors que les membres de Coldplay m’ont l’air d’être des gens tout à fait bien. J’adorerai faire la fête avec eux.
De l’autre côté, des personnages du rock comme Lou Reed, qui a fait un de mes groupes favoris (le Velvet Underground) est un type détestable, insupportable. Mais je ne l’ai jamais côtoyé, je m’en fous de sa vie.
Moi je ne comprends pas qu’on ne puisse pas aimer les Smiths par exemple. Bowie, ce n’est pas sa voix, c’est sa carrière, son ouverture, ses changements incessants, ses recherches sonores qui font de lui un génie du rock. Une des rares personnalités que j’ai réellement pleurée à la nouvelle de sa mort.
Arf. C’est dommage. Autant je comprends que pour quelqu’un d’exigeant Coldplay, Muse, Placebo (au fait mon album préféré c’est le 4°. Donc encore un désaccord 😉 ), Travis, ça devient chiant parce qu’ils recyclent ce qui marche, ce qui a fait leur succès. Ils ne se renouvellent pas et s’auto-plagient. C’est vrai.
Autant je ne comprends pas qu’on puisse les détester pour ça. Parce que ça n’enlève rien à ce qu’ils ont réussi.
Led Zeppelin commence à tourner en rond avec Presence, et je trouve In Through the Out Door complètement pourri. ACDC fait toujours la même chose à partir de son premier album jusqu’au dernier. Alice Cooper s’auto-parodie également lui-même après être passé par des années et des années d’errement artistique total. Est-ce une raison pour les détester ? Est-ce une raison pour ne pas continuer à adorer leurs premiers albums ? et ceux ensuite qu’ils ont réussis ?
Bowie, tiens. Bowie ! Sa carrière ne serait pas aussi passionnante pour moi s’il n’y avait pas aussi Let’s Dance dedans. Voilà un album qui prouve qu’on peut être un artiste underground et être capable de transformer en or tout ce que l’on touche, y compris la variété. Ça c’est génial !
A contrario je trouve le culte sur certains artistes morts-nés totalement délirant. Syd Barrett ? J’ai réécouté ses albums récemment. A part deux ou trois titres (Octopus, Baby Lemonade, Terrapin), c’est naze et chiant à mort ! Dire qu’on a fait de ce mec l’étendard du rock intègre au détriment de Pink Floyd me fait rire très jaune ! Et Hendrix ? Son 4° album (posthume, ok, mais quand même) c’est pas vraiment la panacée, hein ? Qui sait ce que sa carrière aurait donné du coup s’il avait survécu ?
Et Bolan ? Morrison ? Winehouse ? Aussi bien ils feraient de la soupe aujourd’hui.
Du coup, l’examen d’intégrité, ça ne veut rien dire pour moi. Rien. Si un album est bon c’est le plus important. Et j’aimerais toujours le groupe ou le musicien pour ça.
Ah mais moi aussi Tornado ! Je parle toujours en termes d’albums. Mais même si les albums réussis de Coldplay et The Verve le restent, je ne les aime pas. Je peux détester des artistes pour ça. Je n’aime pas AC/DC. J’aime quatre albums de Alice Cooper. Et oui, évidemment que tout le monde tourne en rond au bout d’un moment. dEUS c’est pareil, trois albums fantastiques, et après plus rien. Beck aussi.
Mais je ne les déteste pas, je m’en désintéresse. Coldplay, je les déteste pour d’autres raisons, dès le début. Je n’ai jamais eu Parachutes chez moi et ça durera, parce que je n’en ai pas besoin.
Pour Led Zep, c’est différent. Presence est encore bon, mais c’est en réalité leur dernier album.
Allez, titre par titre.
Tamino : je ne connaissais donc pas ce Belge. C’est chouette, j’aime bien. Mais je préfère Habibi.
Lifehouse : qu’est-ce qu’elle est belle, Kristin Kreuk… Je n’ai jamais regardé Smallville. Je vois tout à fait le genre de musique, oui, ça colle bien à l’image ado de la série. On est loin de Buffy… Bon c’est pas mon truc mais pourquoi pas. Ca passe. J’aime bien les deux dernières minutes oui. Je comprends pourquoi je ne connaissais pas.
Carl Barât : je me suis arrêté à un seul album des Libertines, sympa mais rien de transcendant. Merci donc pour cet album solo dont je ne connaissais pas l’existence. J’aime bien sans plus, en musique de fond. Tu as essayé d’écouter les deux albums de The Last Shadow Puppets ? Sinon, fonce, ça devrait te plaire !
Jude : jamais entendu parler donc. C’est vrai qu’on sent bien l’americana dans la guitare. Mais pas la voix. C’est assez classique au final, mais pas déplaisant. L’envolée dont tu parles est cool, elle me rappelle Buckley aussi, beaucoup.
Turin Brakes : Pas mon truc mais c’est beau. Ca sonne un peu Nick Drake non ?
Radiohead : j’ai pendant un moment cru qu’après leur référence à H2G2, celle-ci faisait référence au premier tome des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett, où un touriste foutait le bordel dans ce monde magique. Mais non. C’est con. Bon, la chanson est magnifique, cet album est un chef d’oeuvre intemporel. THE TOURIST n’est pas ma préférée mais je l’adore. Tu as vu le clip de KARMA POLICE ? Il est terrible. Foncez le mater !
Starsailor : ah c’est différent de mon souvenir. C’est chouette, ça me rappelle plein de trucs, effectivement très années 70. Bonne surprise.
Muse : Merci pour ton analyse avec la musique romantique et new prog, c’est totalement ça. Bliss fait partie des bons titres de leur second album. Ce disque a vraiment deux faces pour moi, une bonne, une mauvaise. J’aime bien leur album Drones aussi, ils reviennent un peu à leurs débuts, il y a quelques bons titres. Je les ai revus à ce moment-là, en 2015.
Rufus Wrainwright : je n’ai jamais tenté mais j’aime beaucoup cette chanson. Encore une fois, très Buckley je trouve, ou Thom Yorke aussi. Encore une bonne surprise.
Jeff Buckley : le dieu vivant. Enfin à l’époque. Je rejoins tout ce que tu dis (sauf le rock intègre) de ton second paragraphe. J’ai la même sensation. Même si Grace n’est pas ma préférée. Peut-être Lover You Should’ve Come Over. Ou la reprise Lilac Wine. Enfin je sais pas tellement cet album est du même niveau que OK Computer : un chef d’oeuvre indémodable. Tiens, de vieilles chros sur le Live at Sin-é : une sur la version quatre titres que j’avais à sa sortie, l’autre sur la version intégrale sortie 10 ou 15 ans plus tard.
http://trhansat.blogspot.com/2008/10/concert-au-sin.html
http://trhansat.blogspot.com/2008/10/concert-complet-au-sin.html
Bon je vous les recopie, les temps sont durs en bande passante :
1)
Selon la physique quantique, la matière est, paradoxalement, principalement constituée de vide. Fort de ce postulat on ne peut plus scientifique, c’est avec un aplomb non dissimulé que je vais proclamer un autre paradoxe : la musique se compose principalement de silences. Ces trucs qui ne ressemblent pas à des rondes mais à des monolithes noirs, accrochés aux lignes tels des ardoises vierges. Il y en a plusieurs sortes ; du long silence introductif qui mène à une plainte, en passant par celui qui suspend le temps avant de mieux relancer tout le monde simultanément, celui qui soupire, celui qui conclut une gamme à la recherche des ultra-sons, c’est-à-dire l’inaudible.
Avec sa voix d’ange, son jeu de guitare divin, sa reprise de Hallelujah et un album unique nommé Grace, Jeff Buckley avait tout pour devenir un objet de culte. Surtout qu’il avait tout compris aux silences. Dès Mojo Pin, ce titre qui parle d’un rêve, sa voix monte jusqu’à se taire tandis que les cordes font des harmoniques toute seule, et le blanc qui suit ressemble à s’y méprendre à une conclusion orgasmique, loin, en apesanteur, avant de tomber en chute libre, les oreilles bourdonnantes.
C’est parce qu’il est seul, dans ce café, accompagné de sa seule guitare, que la démonstration est frappante. On a beau y entendre les tasses de café tinter, on a beau savoir que le public n’était qu’une troupe de journalistes, de directeurs artistiques, invités à lancer le nouveau Kurt Cobain version romantique via ce quatre titres, Buckley éblouit. Tout est là, déjà : la dilatation du temps, l’entité homme-guitare, l’improvisation pertinente, les influences variées (Edith Piaf et Van Morrison), la voix, le théâtre.
J’attends toujours les coups de bâtons qui martèleraient le lino de ce bar sans doute branché avant que le phénomène n’entre en scène. Ces coups qui invitent le public au silence : savourez l’instant.
2)
J’aime les plaisirs simples. Je m’émerveille toujours devant l’anodin, le retour du printemps, les rires d’enfants, les magnétoscopes qui fonctionnent correctement. Je cultive le goût du moment, de l’instantané, j’ai une partie de ma bibliothèque mentale uniquement consacrée à ces instants bénis de mon existence qui intègrent deux critères drastiques : ne pas dépasser les trois secondes et définir un sentiment profond.
Par exemple, il m’arrive plus ou moins régulièrement de rencontrer des gens. Je parle d’inconnus, de têtes jamais vues. Parfois nos chemins ne se croisent que le temps d’un Gare de l’Est – Strasbourg Saint Denis, parfois il s’agit de futurs compagnons de longue durée. Une aura semble s’installer juste avant de commencer à lire le langage de leur corps, avant de parler. Il peut advenir n’importe quoi. La plupart du temps, les instants qui suivent plombent l’ambiance, les promesses du destin déçoivent. Mais parfois, c’est le contraire, la complicité ou la surprise s’installe, hourra, la journée n’aura pas été vaine.
Qu’ont donc pensé ces buveurs de café en voyant débouler Buckley, qui n’avait encore rien sorti à cette époque ? Ce petit ténébreux à la moue travaillée et au regard nonchalant. Allait-il gémir de la folk, aligner des recettes pop ? Pas du tout. En deux heures, le bonhomme reprend Led Zeppelin et Calling You (mais si, le tube inchantable tiré du film Bagdad Café que personne n’a vu), parodie les Doors, lance des vannes, s’amuse les doigts, cherche des notes, parle aux dieux sur tous les tons : gospel, jazz, arpèges, blues crades. Il tenait toutes ses promesses. Y compris celle d’aller trop vite.
J’espère que ces veinards ont bien enregistré tout ça dans leur bibliothèque mentale.
Nick Drake : top. Super. Splendide. Je dois le réécouter, j’adore son intimisme. Je n’ai jamais écouté son quatrième album posthume, c’est quoi ? Des faces B ou un vrai album ? Tiens au fait, tu ne parles jamais de Nick Cave. Pourtant il a son lot de chansons mélancoliques, tristes, belles… Tu devrais tenter l’album THE BOATMAN’S CALL, douze chansons déchirantes, très acoustiques, jamais punk ou rock. Et bien sûr, quand j’aurai fini le livre et pris mon courage à deux mains, Elliott Smith. C’est impossible de ne pas aimer Elliott Smith.
Jolis textes 🙂
J’adore le clip de Karma Police, mais j’ai une préférence pour No Surprises, qui me fout pourtant hyper mal à l’aise, moi qui suis claustro de l’eau…
Merci ! 😉
Ah, je n’ai jamais écouté Nick Cave comme il faut. Je ne connais aucun album. Et Elliott Smith lui je ne sait carrément même pas qui c’est.
Je vais tâcher d’écouter THE BOATMAN’S CALL…
YES !
J’aime vraiment beaucoup les deux LPs de The Last Shadow Puppets.
Turin Brakes est un des groupes assez méconnus dont je suis ultra-fan. Je ne trouve pas que ça fasse Nick Drake. Plutôt CSN&Y.
Muse : Je ne connais pas Drones. Comme je le dis souvent, je réessaierai tôt ou tard leur discographie là où je me suis arrêté.
Alors tu vois je me suis encore trompé : Je pensais que tu n’aimerais pas ma liste, et c’est quasiment l’inverse ! 🙂
Merci de partager tes anciennes chros sur Buckley. c’est émouvant parce qu’on perçoit bien que c’est d’époque !
Je suis complètement passé à côté de la hype autour de cet album. Tout ce qui m’intéressais, perso, c’était de l’écouter, de l’écouter et de le réécouter encore en boucle.
Nick Drake : Non le 4° album n’est pas un vrai album. C’est plus une compil de démos et de chutes de studios, avec deux ou trois titres (dont le très beau Joey) devant figurer sur le véritable album qu’il aurait enregistré s’il avait survécu. Par contre c’est complètement de la même gamme aride et dépouillée que le 3° album (Pink Moon) : Uniquement la guitare et la voix. Aucun autre instrument.
Merci pour les infos ! Pour les chros, elles ne sont pas vraiment d’époque, puisque je les ai écrites bien après avoir découvert ces disques. Il n’y avait pas autant d’internet en 95… Elles sont de 2008 tout de même 😀
Mais toutes ces conversations ne sont-elles pas transposables à tous les arts ?
Plus nous acquerrons en experience, plus nous apprenons, plus nous avons envie d’en parler. L’image du jeu vidéo me paraît appropriée : arrivé au niveau 30, les expériences du niveau 2 me paraissent nazes mais j’ai envie de faire le rapprochement avec les niveaux 28 et 29.
Par contre ceux qui sont coincés, arrêté ou en stand by plus loin n’ont pas la même experience, le même vécu et la manière de vivre l’XP et d’en parler n’est pas la même. Il y a les personnes qui écoutent la musique par simple divertissement, d’autres en fond sonore, certains avec amour et modestie, d’autres par passion et quelques uns dont c’est le métier. Notre rapport à la musique équivaut à nos différences infranchissables, des différences que la musique abolit et d’autres fois établit.
Si je semble aussi irréductible que Tornado sur certains détails musicaux, c’est que j’en connais la place dans ma vie et que m’en séparer serait comme une amputation. Il n’y a pas si longtemps encore Internet n’existait pas. Mes conversations musicales étaient très limitées dans mon entourage : souvent les gens ne connaissaient pas, s’en foutaient ou bien ne savaient pas en parler : ah oui, ça j’aime bien, ça non, j’écoute de tout sauf….et….et..et….et ça aussi.
Du coup quand tu tombes sur quelqu’un comme toi, tu développes une attitude, un vocabulaire où tu te sens bien, enfin, avec l’autre, mais qui exclut l’autre.
Il y a quelques semaines, à table, j’échangeais les banalités d’usage durant un repas au travail. La météo, les événements du jour, les trucs à faire dans la journée. Puis, débarque une collègue qui anime une soirée manga à la médiathèque. Tout à coup je m’anime, quelque chose vivre, il y a du vivant et non plus du fonctionnel. Ce faisant en m’éclatant avec cette collègue qui connaît IKIGAMI, MONSTERS ou LE VAGABOND DE TOKYO nous excluons d’emblée les personnes du repas qui ont dû nous trouver chiant / prétentieux / relous. Vous suivez l’idée ?
Maintenant, je comprends la postion de Tornado : ne pas s’en laisser compter, ne devoir de comptes à personne, être libre de ses bons et mauvais goûts. Quand Dionnet ou Eudeline me disent que le Floyd après Barrett, c’est fini, je rigole au fond de moi, mais jamais je ne les cataloguerai en vieux con. C’est aussi absurde que de dire qu’après Godard ou Kubrick, le cinéma est mort mais je vais m’intéresser au pourquoi de cette déclaration.
Sur l’article Eudeline = Zemmour du rock, c’est un torchon ignoble de la part d’un jeune con (c’est pire) qui analyse à la truelle un personnage bien plus complexe qu’une simplification manichéenne et aussi partiale que le racisme qu’elle prétend condamner.
Hum…
Si ça vibre quand quelqu’un t’amènes sur un sujet que tu aimes, c’est la passion, tout simplement. Si cette personne connaît les mêmes sujets que toi, alors tu vibres encore plus parce que tu peux parler de choses que tu connais et que tu aimes ou non.
Pour les jeux vidéos, pas d’accord. Les goûts n’ont rien à voir avec l’expérience. Tu peux connaître, t’y intéresser et ne pas aimer.
Après, bien sûr, les conversations sont différentes selon ton degré de connaissance et d’expertise, dans n’importe quel domaine que ce soit.
Et puis on parle d’un processus de création. Pas d’une exécution sommaire d’une partition au piano où tu peux juger de la qualité de l’interprétation, du respect des intentions de l’auteur, etc.
Ton savoir va te permettre de repérer que tel artiste s’est inspiré de tel autre, que tel musicien est plus expert en guitare, que la post-production est ratée. Mais cela veut dire que tu fermes un peu tes autres sens, ton instinct, non ?
Je n’adhère pas à l’idée qu’on puisse rationaliser ses goûts. Parce que ça induit un « moi je sais et pas vous donc c’est moi qui ai raison ». Et ça, je déteste.
Et puis il y a aussi le fait que ma modestie me force à considérer que je n’ai aucunement le droit de considérer que ce que ces gens font comme de la merde, alors que moi même je serais incapable de faire ce qu’ils font (rah la phrase à rallonge…)
C’est comme ces supporters de foot qui gueulent après un joueur qui rate son pénalty en disant que lui, il l’aurait mis. Mais t’es où ? Tu joues en Ligue 1 ? Non, tu regardes ton match tranquille dans ton canapé alors tais-toi ! (Je ne m’adresse pas spécialement à toi, Bruce, hein 😉 c’est l’idée générale, c’est un comportement qui m’agace…)
Ben justement. C’est à mon sens le droit du public quelque qu’il soit. Je n’aime pas le style de Zola et lui préfère Balzac en tout. Je ne serai pourtant jamais écrivain.
Les films Marvel , je les trouve mal réalisés sachant que la plupart de mes photos sont floues depuis
Tu peux trouver que l’équipe de x ou y joue comme une merde sans avoir touché un ballon. Il n’y aurait que des spécialistes et non plus de public.
Mais tu ne vas pas dire que Zola est un mauvais écrivain sous prétexte que tu préfères Balzac ?
Non, je vais dire que cet écrivain ne m’intéresse pas.
Je vais dire que Renaud chante très mal désormais et que sa musique n’a aucun intérêt que pour ses fans (moi)
Je vais dire qu’Alice Cooper n’enregistre rien d’intéressant depuis 10 ans.
Que de nombreux artistes que j’admire ne font que de la merde depuis x et x…
Un grand merci à tous pour vos retours. C’est un article que je préparais depuis longtemps et ça fait chaud au coeur de voir qu’il est suivi et qu’il anime ces discussions passionnées.
Surtout un immense merci à Bruce. Merci de me supporter, de supporter mes obsessions, mes incohérences d’être humain (et oui, c’est le même mec qui chouine ici contre une élite et qui, dans le même temps, est hyper méchant et élitiste avec les fans de comics old school…). Merci de me comprendre, Bruce, car tout ce que tu as dit dans tes commentaires est extrêmement bien vu. Bien évidemment, cet article n’a pas du tout été pensé contre toi, même si, par procuration, il y a bien une ou deux taquinerie (idem pour Cyrille). D’abord parce que je t’aime, mais aussi parce que nos différences ne nous ont jamais empêché de nous rapprocher sur nos points communs. Je m’en prends avant tout à une pensée unique. Car oui, je n’ai pas envie de m’en laisser compter. Je veux être libre de mes goûts et de mes jugements de valeurs.
Mon approche, c’est certain, est avant tout empirique. Rien d’élitiste chez moi à propos de la musique (alors que je peux l’être, oh combien ! à propos de la lecture !). Dans les années 90, les années de mes études, de mon émancipation, j’écoutais avant tout de la musique des années 70. Du coup j’ai vécu les créations musicales de cette époque avec un regard particulier : Je n’aimais que certaines choses, Rage Against the Machine parce que Led Zeppelin, Radiohead parce que Pink Floyd, Beck parce que Gainsbourg, Red Hot ou Smashing Pumpkins parce que Hendrix, Supergrass ou Kula Shaker parce que l’époque psyché, etc. Tout ce qui avait un rapport avec le post punk ne m’intéressait pas. J’ai immédiatement tourné le dos aux Pixies et à Pearl Jam par exemple. Et puis du coup j’ai arrêté de lire la presse rock qui servait de vitrine à tout un pan de la musique contemporaine qui ne m’intéressait pas du tout. Je n’achetais plus que les hors-séries qui parlaient de ce que j’aimais.
Aujourd’hui je sais parfaitement ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Je sais faire la différence entre un truc de merde que j’aime et un truc de haut niveau que je n’aime pas, et inversement. Et c’est sûr que je déteste qu’on me dise ce qu’il faut penser et aimer ! ^^
Promis, j’en ai terminé avec mes coups de gueule. J’ai déjà trois article musicaux quasi-bouclés et aucun n’est pensé comme celui-là sur une contestation de quoique ce soit.
Maintenant c’est dit. On va enfin pouvoir partager plein de choses en tout apaisement ! 🙂
PS : Si j’ai raté des questions au milieu de tous ces posts, désolé. Je tâcherais d’y revenir demain.
Je crois aux débats et à ses effets dans le temps. On ne change jamais immédiatement. Rien me me fait plus plaisir de savoir que le blog puisse aussi servir d’atelier d’écriture, d’exercice cathartique où l’écriture nous permet de « vomir » notre herbe à chat pour mieux profiter du repas qui suit.
Cette étape est franchie, bravo !
» Rage Against the Machine parce que Led Zeppelin, Radiohead parce que Pink Floyd, Beck parce que Gainsbourg, Red Hot ou Smashing Pumpkins parce que Hendrix, Supergrass ou Kula Shaker parce que l’époque psyché »
Ca c’est de la pure clairvoyance. Merci !
Mes retours :
10- Tamino : j’ai pas accroché sur celle de l’article mais je suis allé écouter Habibi par curiosité et j’aime davantage.
9- Lifhouse : je ne me rappelais plus de cette chanson. La video me rappelle pourquoi je détestais Smallville tout en étant fasciné. Des intrigues soap étirées mais une Kristin Kreuk super-mignonne. Marrant de voir des bouts de scène avec Allison Mack en costume un peu méchant/SM, quand on sait qu’elle a depuis été mêlée à un scandale de secte avec esclavage sexuel…
8 – Carl Bârat : ah oui, le combo piano-chant fait déjà entendu 100 fois mais c’est efficace. Et il y a quelques chances dans les paroles et le phrasé qui fait un peu impro, certes.
Je tente une blague. Carl est le seul de sa famille à avoir percé dans la musique. Les autres ont tenté en vain. C’est pourquoi on dit de Carl que « c’est le bon des Bârat » !
Je vous laisse vous remettre de cette blague et je reviens commenter les autres morceaux…
7 – Jude : I know. Chouette, j’aime bien. Peut-être un peu mou du genou au niveau du rythme…
6 – Turin Brakes : Outbursts. Celle-là, non, je passe.
5 : Radiohead – The tourist. Ma connaissance de ce groupe se limite essentiellement à Creep et No surprises, chansons que je peux écouter en boucle et dont je connais les chansons par coeur. Celle-là… nan, j’accroche pas.
4 – Starsailor – WHite Dove : sorry, j’aime pas la voix du chanteur et le rythme me gonfle aussi.
3 – Muse – Bliss. Ouais pas mal. Ca doit être bien pour écouter en voiture mais je ne conduis pas – 🙂
2 – Rufus Wainwright – Go or go ahead. Euh… non. Par contre, j’ai bien aimé Art Teacher, autre titre suggéré dans l’article.
1 – Jeff Buckley – Grace. Je connaissais ce chanteur par son inévitable reprise du Hallelujah de Leonard Cohen. Après avoir tenté Grace, je vais faire mon conservateur et préférer Hallelujah.
Merci Tornado pour toutes ces découvertes !
Concernant l’esthétique nazie et tout ça… C’est une découverte pour moi, je ne pensais pas qu’on puisse analyser les choses sous cet angle.
Pour la musique, j’avais lu un article qui expliquait que notre cerveau, grand paresseux, préférait les schémas musicaux répétitifs. Si une chanson ne comporte pas de refrain ou de mélodie identifiable, le cerveau est sans cesse en mode « aux-aguets » et ça le fatigue, d’où un message inconscient pour dire « arrête d’écouter ça, ça me fatigue ». Mais c’est un mécanisme de base et je suppose qu’il n’est pas développé/décliné pareil chez tout le monde.
Toujours est-il que l’industrie musicale y croit et promeut des morceaux courts avec des refrains qui doivent arriver de préférénce dans les 30 premières secondes. D’où un formatage certain…
Merci pour cette information, JP !
Et contente de te revoir sur le blog, j’allais lancer un « avis de recherche »…
Ah ben flûte JP ! j’avais pensé que Kaori ét toi aimeriez cette liste, contrairement à Cyrille, et grosso modo je me suis encore complètement planté !
Décidément, les goûts musicaux sont totalement insaisissables ! Il n’y a rien de cartésien là dedans !
Concernant ce que tu relayes pour le cerveau et la musique, justement, c’est une étape qu’il faut dépasser. Quand j’étais gamin, je détestais le jazz. Et puis au lycée, entouré de plein de gens qui en écoutaient beaucoup, je me suis forcé. La révélation est arrivée d’un coup : Au casque, je me suis concentré et j’ai commencé à écouter le tout, tout en dissociant chaque instrument les uns des autres (il faut se concentrer sur chaque instrument tout en gardant l’oreille sur l’ensemble du morceau). Paf ! J’avais compris comment écouter un genre de musique plus complexe que les autres.
@Tornado : y a des incontournables, c’est certain. Muse, Radiohead, j’aime à mort.
Il y a beaucoup de groupes que je ne connaissais pas, et pour lesquels je n’ai pas ressenti de coup de cœur.
Mais la voix de Tamino m’a vraiment parlé et j’aime beaucoup ce qu’il fait…
Jeff Buckley, il souffre de son succès. Un peu comme le Titanic, à force d’en entendre parler, tu n’as pas envie de le voir ou d’aimer… Je vais me pencher sur les titres que tu as proposés à Présence.
J’ai eu la chance de découvrir Buckley de son vivant, dès le début. C’est plus facile comme ça. Tout comme cela m’a fait bizarre de voir son Hallelujah refaire surface vingt ans plus tard et devenir une découverte pour un tas de gens. Pareil avec Where is my mind des Pixies que j’écoutais à 17 ans.
@Eddy : j’écoute ton titre de Accept et ce n’est pas du tout mon truc. Du tout.
Jeff Buckley, il souffre de son succès. Un peu comme le Titanic
Hé hé…bien vu, vu que le gars est mort noyé !
Bon moi je me lance ça : https://www.youtube.com/watch?v=m01lPNVv90s
@Cyrille : Qu’est-ce que c’est que cette horreur ??? Un cauchemar !!! 😀
@Eddy. A y est, j’ai écouté le Scorpion (deux fois). Alors oui on sent tout de suite qu’il s’agit d’un grand album. Il se passe un truc (les bonus le montrent bien d’ailleurs, dans la version deluxe, parce qu’on s’y emmerde en comparaison de l’album). Faudrait bien évidemment que je le réécoute pour voir si j’accroche vraiment à certains titres avec le temps. Je sais déjà que certains ne fonctionneront jamais avec moi (The Same Thrill). D’autres passent nettement mieux. Après c’est vraiment connoté hard-rock 80’s. Je veux dire par là que, pour quelqu’un ne l’ayant pas découvert à l’époque, ça crée aujourd’hui une distance immédiate à l’oreille. Mais d’un autre côté ça fait aussi son charme !
C’est No Means No. C’est génial. Je désespère de ne pas trouver ce disque en version physique.
ON réfléchit, on réfléchit…puis quinze autres commentaires sont apparus et on ne sait plus ce qu’on voulait dire…^^
C’est un débat infini puisque basé sur nos ressentis qui ne peuvent se ressembler…on se rencontre parfois sur des choses et hop c’est fini…
je me reconnais beaucoup dans le « combat » de Tornado pourtant, si ça se trouve on n’a pas 10 cds en commun dans nos discotheques…
Plus je lis Bruce, moins je ne suis convaincu d’être « rock », pire moins j’ai envie de l’être en fait… Cette intransigeance, cette grille de lecture…non pas pour moi… je suis plus folk et metal, un peu rock mais sur une platine. je reconnais la musique qui me fait vibrer mais le reste…
la théorie du beau conte le pas beau… ce qu me chiffonne c’est bien que toute la musique que j’aime, ben elle vient du blues et je ne vois pas trop en quoi le nazisme a participé de près ou de loin à l’essor de musique noire américaine… mais bon , ça reste toujours aussi intéressante comme rapprochement… parce que je ne connais pas la doctrine du KKK (à part le racisme et l’escalavage) à ce niveau là.
mais je suis totalement d’accord avec plein de trucs que j’ai lu.
moi la chanson que je préfère en ce moment, c’est celle là:
https://www.youtube.com/watch?v=Jzn6eq1_9yk
C’est du Accept tardif que je redécouvre, donc exit le raisonnement qu’un groupe c’est bon de telle date à telle date comme un yaourt…
de la phrase mélancolique de guitare qui annonce une atmosphere sombre, (chanson hommages aux soldats sur les fronts de la planète), puis la basse qui galope (un truc dont j’ai souvent besoin)
un solo aux antipodes des clichés, pas rapide du tout, en plusieurs mouvements dont on sent plus l’influence Tchaikovsky, mêlé à un riff de guitare simple.
c’est ce qui prouve pour moi l’incroyable talent de Wolf Hoffman (un mec pas sympa du tout mais on s’en fout), il a ce don pour composer des chansons dans des chansons, des trucs à reprendre en choeur et sans jouer le maestro rapide comme l’éclair…
je ne suis pas expert, pas du tout, je sais juste que j’aime le sentiment que sa musique procure…
Je ne connaissais pas Accept ais c’est des vrais de vrais ! 🙂 Tiens ça me fait penser qu’il faut que j’écoute Love At First Sting. Avec tout ce que vous conseillez dans cette rubrique rock, y a du boulot !
Pour mon passage sur l’influence du nazisme, j’ai l’impression que personne ne veut me comprendre.
Le blues est né au début du siècle. Rien à voir avec le nazisme.
Le rock naît du blues, ça, c’est sûr.
Mais les musicologues, les musiciens d’avant-garde et les jazzmen se mettent tous au diapason d’une ETHETIQUE et d’une DOCTRINE musicale qui naît d’un rejet collectif pour tout ce qui a été porté par les nazis en termes de musiques : Soit le lyrisme et la séduction des sentiments romantiques. Je fais juste remarquer que le rock naît aussi dans ce sillon-là (après-guerre), et qu’il en colporte du coup probablement des éléments ou tout au moins des oripeaux.
ok je pige…. J’ai proposé ce titre à cause tout simplement de la description des chansons, sur la mélodie, la mélancolie…et du coup j’ai pensé à cette chanson que j’écoute ne ce moment.
pour montrer à quel point des émotions, on les traduit différemment.
Rassurez-vous je ne cherche à convertir personne, j’ai l’habitude du rejet quasi-épidermique que suscite le metal encore plus quand il est identifié 80’s.
du coup je me reconnais dans ce que tu dis Tornado.
j’ai aussi pensé à ce morceau parce que pour moi, on est pas dans le cliché, pas ce q’uon reproche automatiquement (cheveux, Malmsteen, prétention etc…), c’est un groupe pro qui joue impeccablement et qui livre une prestation à la hauteur du prix du ticket.
Je suis OK avec ton approche. J’ai la même avec tous les groupes ou artistes que j’ai proposés dans mes deux articles Cauchemars/puristes : Systématiquement rejetés par l’élite.
Content que tu ais écouté Love at fist sting..^^
un bon album, peut être un peu « clinique » comme disent les pro mais ça reste un classique du genre…
The same thrill… ouais, j’adorais gamin, maintenant moins, la sagesse sans doute ou bien la sciatique…
j’aime la furie en musique…^^
mais on s’éloigne de la mélancolie…
Trop bon, ton morceau, Eddy !!
Je repensais à nos débats et je me disais qu’une analogie de ce que tu décris est possible entre l’éternel débat comédie / tragédie.
Cette non reconnaissance des émotions.
Au cinéma, tu seras césarisable ou oscarisable si tu fais dans le docufiction, prend 50 kilos et t’épiles les sourcils pour jouer les psychopathes ou un malade mental. Banco.
Par contre, une simple comédie n’aura pas droit à ces honneurs.
On est un peu dans ce que tu dénonces non Tornado ? La peur de rire, la honte d’un plaisir simple pour des émotions plus violentes ?
Oui, tu as raison.
Je n’avais pas fait ce rapprochement évident qui existe également dans les arts « majeurs », les arts plastiques.
Par exemple on connait bien le « cliché » de la personne qui regarde une oeuvre d’art, notamment de l’art contemporain et qui n’aime pas ce qu’elle voit parce qu’elle « ne ressent rien ». Cette formule « je ne ressens rien » est aujourd’hui raillée par les spécialistes en histoire de l’art, qui considèrent que tu rabaisses le débat si tu limites l’existence et les vertus d’une oeuvre aux émotions qu’elle peut susciter.
Si je me souviens bien de mes études c’était la théorie de Platon : En restant prisonnier de tes émotions, tu restes prisonnier de ton « être humain » basique, de ton enveloppe charnelle, et ton esprit ne peut donc s’en émanciper et s’élever vers l’au-delà « divin » (je fais la version ultra-courte).
Oui, tu as sans doute vu juste : Ce bannissement des émotions semble être l’apanage des élites, qui le pratiquent dans ce qu’elles estiment être leur domaine de compétence en matière d’art. Moi-même le pratiquant à fond pour les arts plastiques et l’art contemporain en particulier. Pour l’art contemporain je suis obligé car, sinon, je trouverais presque tout moche ! 😀 (dans les années 70 et 80, d’ailleurs, un artiste plasticien qui faisait une oeuvre esthétiquement plaisante n’avait aucune crédibilité).
Plus sérieusement, en y réfléchissant, on peut aussi pencher pour la théorie suivante : Plus tu intellectualises, conceptualises, théorises un domaine, et plus tu crées une approche clinique, dénuée d’émotion (à l’opposé d’une approche empirique).
Tout se rejoint.
Que voilà un article intéressant et stimulant !
Puristes vs non-puristes, perso, aujourd’hui je m’en fous. Ceci dit, on a chacun des parcours musicaux qui nous amènent à fouler certains chemins et pas d’autres.
La musique, c’est peut-être l’art qui suscite avec le plus de force les plus folles passions et les rejets les plus viscéraux. C’est le truc qui à l’adolescence forge pour la première fois un réel rapport au monde, avec une puissance qui ne pourra plus jamais être égalée. C’est comme ça que je l’ai vécu, en tout cas.
Punk, post-punk, cold wave, ça a fait pogoter mes neurones pendant la grisaille des années 80 et les productions en toc des vieilles badernes du rock. Le rock progressif, la lavasse du country-rock californien,… Tout ces musiques d’adultes, ça ne pouvait pas être autre chose que de la merde. C’était le règne de l’instant. Sans passé. Et ceux qui écoutaient du hard-rock, c’était juste des crétins.
Après, évidemment, on s’ouvre à bien d’autres choses, on ouvre ses horizons. Parce que quand on aime vraiment la musique, on ne peut jamais se contenter de rester dans son petit pré carré.
Ce trip de puriste hardcore, nécessaire au départ, on l’abandonne comme un oripeau dont on n’a plus besoin. mais il faut d’abord le vivre à fond avant de pouvoir se poser.
Aujourd’hui, je n’écoute plus beaucoup de rock. Ca ne m’intéresse plus beaucoup. J’ai écouté beaucoup d’électro, de hip-hop, à peu près tous les genres possibles et imaginables.
Certains artistes comme Nick Cave, Bob Dylan et quelques autres m’accompagneront certainement jusqu’à ma disparition mais le rock n’est plus depuis longtemps ma source d’émotions musicales principale. Aujourd’hui, je reviens le plus souvent au jazz et au classique.
Il a beaucoup changé le kid qui n’écoutait que du punk.
Pour l’émotion, je ne vois pas pourquoi le rock « lyrique » devrait automatiquement en procurer plus que d’autres musiques, mêmes issues de genres dits arides et expérimentaux.
J’aime la musique sérielle, j’aime la musique contemporaine, j’aime la musique expérimentale.
Pas de la même façon que j’aime Jeff Buckley, mais je n’ai pas besoin de les comparer.
Par contre, je détesterai toujours le rock progressif. C’est trop profondément ancré en moi pour pouvoir changer.
Bon sinon, ça me fait beaucoup plaisir de voir que tu as cité Tamino.
On est évidemment dans une mouvance proche de ce que pouvait faire Jeff Buckley mais je lui trouve une réelle personnalité.
Je l’ai vu deux fois sur scène et c’était vraiment magique.
Tout comme le concert de Jeff Buckley que j’ai pu voir il y a de cela trop longtemps et qui restera sans doute à tout jamais un de mes plus beaux souvenirs de concert rock (et j’ai vu des centaines de concerts rock).
La seule chose que je fuis, c’est la tiédeur.
On n’a pas de temps à perdre avec la tiédeur.
C’est l’enseignement que je retire de mes années punks.
Texte écrit avec « Sister » de Sonic Youth dans le casque. On ne se refait jamais complètement. 🙂
Et Muse, c’est de la merde. Ca, ce n’est pas négociable. 🙂
Et bien merci pour ton passage !
Notre passé de mélomane comporte à la fois des points communs et des différences, c’est évidemment normal.
J’ai eu aussi un long passage où je me suis un peu désintéressé du rock, où j’avais pris mes distances. Mais j’y suis revenu à fond depuis deux ou trois ans.
Dans mon passé j’ai les goûts strictement inverses aux tiens (je hais le punk de toutes mes forces et j’adore le prog, même si je n’aime pas tout loin de là). Je hais d’autant plus le punk que j’ai trainé toute ma jeunesse avec des punks et que j’ai été obligé de « subir » cette musique qui pour moi est la plus laide de toutes à égalité avec le rap. Et paradoxalement, donc, j’en ai écouté des caisses ! 😅
Je suis d’accord avec toi lorsque tu écris « pour l’émotion, je ne vois pas pourquoi le rock « lyrique » devrait automatiquement en procurer plus que d’autres musiques, mêmes issues de genres dits arides et expérimentaux ». Le seul truc qui m’agace sempiternellement, comme je le dis dans cet article, c’est que l’élite autoproclamée vomit jusqu’à plus soif sur ce type de musique (le rock « lyrique »), comme si c’était « le mal » (litanie). S’il n’y avait pas un tel mépris généralisé, notamment dans la presse rock et tous les suiveurs qui reprennent leurs litanies en boucle (parce que ça fait un peu « tribu » quand même), je n’aurais pas écrit tout ça plus haut. Enfin, c’est comme ça que je le ressens.
Ma croix à moi, c’est d’aimer ce qu’aiment les « élites auto-proclamées » et de devoir continuellement me justifier en disant que je ne le fais pas exprès. 🙂
Bon sinon, le punk, on en a vite fait le tour, hein… Ca ne vaut que par l’énergie qui s’en dégage. Mais je conserve un attachement pour l’idée que le rock est une musique qui ne nécessite pas nécessairement de virtuosité. Cette idée du Do it yourself, je connais trois accords, je monte un groupe dans mon garage, c’est quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs. Un jazzman ou un musicien classique qui n’est pas un virtuose, c’est juste un charlot. Pas dans le rock. J’aime bien cette idée.
Au moment où j’ai cherché des musiques plus complexes, j’aurais peut-être pu me tourner vers le prog mais ça s’est pas fait (viscéralement, je ne peux pas) et c’est le jazz qui m’a attiré. En premier lieu, le free jazz qui me procurait une intensité comparable à celle du rock et puis tout le reste.
J’ai une tendance naturelle et un peu à contre-courant, quand je découvre un genre, de partir du plus radical pour aller peu à peu vers des propositions plus consensuelles.
La plupart des gens conseillent de se lancer dans un genre avec ce qui est le plus facile d’accès. Ca ne fonctionne pas du tout chez moi. J’ai besoin de propositions radicales, qui tranchent, qui bousculent, qui prennent à rebrousse-poil.
C’est ça, mon rejet de la tiédeur. Et c’est ça qui fait que la musique de Coldplay (pour citer un groupe dont il est question aujourd’hui à l’occasion d’un autre article) ne m’intéresse pas du tout.
Et je crois qu’on a tous dû subir des musiques dont on se serait bien passé.
Pendant plusieurs années, j’ai eu un ami qui n’écoutait pratiquement que Frank Zappa.
Il lui vouait un culte que je trouvais absolument incompréhensible.
Je déteste Zappa.
Et toi, tu vas évidemment me répondre que tu ailmes bien. 🙂
« J’ai une tendance naturelle et un peu à contre-courant, quand je découvre un genre, de partir du plus radical pour aller peu à peu vers des propositions plus consensuelles.
La plupart des gens conseillent de se lancer dans un genre avec ce qui est le plus facile d’accès. Ca ne fonctionne pas du tout chez moi. J’ai besoin de propositions radicales, qui tranchent, qui bousculent, qui prennent à rebrousse-poil. »
Effectivement tu as une approche qui n’est pas commune. J’ai l’approche inverse et c’est en douceur que j’ai pu aimer des choses qui sont, en principe, opposés à mes goûts, comme Magma ou Zappa justement. Mais non, je n’aime pas spécialement Zappa. J’aime quelques uns de ses albums, une petite dizaine, et comme il en a fait une centaine, ça ne fait pas de moi un fan.
Je ne supporte pas le free-jazz. Ornette Coleman c’est pas possible pour mes oreilles. J’ai une grande tendresse pour John Coltrane mais je ne suis jamais arrivé à passer après My Favourite Things. A LOVE SUPREME, c’est déjà trop pour moi. Je préfère le Coltrane des Ballades, celui qui joue avec Miles. Celui des solos de Miles Stones ou de Kind Of Blue. Mais j’adore My Favourite Things.
En règle générale mes oreilles ont besoin de caresses et de douceur. Pour les emmener à quelque chose de plus violent, il faut une recette assez particulière et un équilibre très précis.
Apparemment nous avons autant de goûts en commun pour les comics (par rapport à ce que tu as dit sur l’ESCADRON SUPREME) que de goûts opposés pour la musique. J’ai par exemple un amour inconsidéré pour le rock californien, qui est tout sauf tiède pour moi… 🙂
Quand j’étais batteur (principalement dans les années 90), j’aimais surtout jouer du funk et du rock fusion. Je m’éclatais tout particulièrement sur des reprises de Rage Against the Machine.
Les goûts, en matière de musique, c’est souvent très mystérieux. 😀
Chez Coltrane, je prends tout.
My favorite things, c’est sublime ce qu’il en fait. Mais c’est peut-être encore plus McCoy Tyner qui me bouleverse sur ce morceau.
Il y a une version live qui traine sur youtube filmée en 1965 au festival de Comblain au Pont, un bled perdu dans la campagne en Belgique et que j’aime particulièrement.
C’est peut-être trop tardif pour toi mais je trouve que McCoy Tyner y est éblouissant.
Si je pouvais utiliser une machine à remonter le temps, la première chose que je choisirais de faire, c’est aller voir Coltrane jouer en 1965 (ou en 1961 avec Eric Dolphy).
https://www.youtube.com/watch?v=omMV2eoWzQI
Mais j’aime beaucoup aussi le Coltrane avec Miles et la période Atlantic.
Olé Coltrane par exemple, c’est magnifique.
Pour Ornette, même ça, tu n’aimes pas?
https://www.youtube.com/watch?v=DNbD1JIH344
C’est tellement beau.
Et la version chantée par Helen Merrill. Sublime.
https://www.youtube.com/watch?v=lfv3burQaEo
Non, vraiment j’ai du mal. Ce morceau ça va encore parce qu’il est relativement lent, mais c’est déjà trop atonal pour moi et c’est une approche musicale que je n’arrive pas à supporter (voir la vitesse de la batterie par rapport aux autres instruments, y compris dans la version Merill). Attention c’est purement une histoire de goût ! Je respecte totalement l’artiste.
Tiens pour revenir au sujet de départ, à savoir le rock lyrique, je me suis remis un album que j’adore et qui explose tous les compteurs dans le domaine : « This is the sea » des Waterboys.
Autour de la figure du poète troubadour Mike Scott, et de ses textes gorgés de références à la grande poésie anglaise, les Waterboys bâtissent un son qu’on ne peut qualifier que d’énorme, mais vraiment énorme. Les aficionados du minimalisme qui carburent au less is more, après 30 secondes, ils sont en arrêt cardiaque. D’ailleurs, à l’époque, on a appelé ça la BIg Music.
Putain, le mec; il te chiale « Your love feel like trumpets » avec une trompette derrière. Tu devrais trouver ça kitschissime et pourtant ça marche à fond.
Grand album et un paquet de classiques dont le sublime « The Pan within » :
Put your face to my window
Breathe a night full of treasure
The wind is delicious
Sweet and wild with the promise of pleasure
The stars are alive
And nights like these
Were born to be
Sanctified by you and me
Lovers thieves fools and pretenders
And all we gotta do is surrender
Plus lyrique que ça, tu meurs.
Le mec, il coche toutes les cases et il fonce. Même pas peur.