X-Force Omnibus par Rob Liefeld
AUTEUR : NICOLAS GIARD
Première publication le 14 août 2014. Mise à jour le 05 décembre 2014.
Depuis que les comics sont des comics, il y a eu des runs superbes tels que les X-Men de Claremont et Byrne, des runs moins bons, voire passables et puis dans les tumultueuses années 90 il y eut Rob Liefeld, responsable de X-Force.
Jim Lee, Marc Silvestri et une poignée d’autres apportèrent la révolution dans les comics, avec la force et la fougue d’El Che Guevarra, décidant que créer des personnages qui ne leur rapportaient aucunes royalties ne leur convenait plus. Ces sept dessinateurs ont fait l’histoire que l’ont connait.
Parmi eux Rob Liefeld qui avec l’enthousiasme de la jeunesse et beaucoup de maladresse a réussi à bluffer son monde et a enterrer une série moribonde, les New Mutants de Chris Claremont. Un style criard, violent, un peu bête, pompé sur John Byrne et George Perez, un plagiat éhonté d’hommes qui firent la gloire des X-Men et des Teen Titans mais dont Liefeld était le fan avoué et sincèrement reconnaissant.
Cable. Un mélange de Terminator et du Punisher qui traite les ados qu’il prend en main comme des adultes mais a un peu de mal à appréhender les liens d’amitié qui unissent les anciens élèves du Professeur Xavier et de Magneto.
Dans son futur les jeunes mutants étaient des soldats qui n’ont jamais grandit sous la tutelle bienveillante d’un Professeur X. Son attitude peut donc se comprendre. Deadpool. Tiens ! Deathstroke the Terminator ! Tout au moins une version plus clownesque, un mercenaire surentraîné et armé jusqu’aux dents devenu avec les années une des licences commerciales les plus rentables de Marvel. Un tueur en fait sympathique que Cable et Domino ne semblent pas trop prendre au serieux.
Domino, Shatterstar, Feral, Warpath, les trois derniers que l’on peut voir comme une relecture plus violente de personnages crées part Chris Claremont, respectivement Longshot, Catseye et Thudnerbird des Hellions.
X-Force est terrible a voir, comme peut l’être une catastrophe ferroviaire, mais le concept ne sent pas très bon : Cable débarque d’un futur alternatif avec un seul mot à la bouche : ‘we are fighting a war’, le mot d’ordre de tous les groupuscules extrémistes et terroristes de la planète. Rob Liefeld a été le fossoyeur des New Mutants moribonds pour en faire une troupe de mercenaires aux seuls ordres du grand patron, Cable, aux origines mal définies dont on ne sait pas encore quel est l’agenda final.
Cable et sa X-Force tentent de neutraliser le Mutant Liberation Front sans y parvenir, flanquent une panique monstre à New-York en affrontant le Juggernaut, saccagent le World Trade Center dix ans avant les attentats du 11 Septembre. Non seulement ils sont violents et stupides, mais incompétents. Cable, en voulant empêcher son futur, ne fait que provoquer la guerre civile entre mutants. Il tue Masque, le chef des Morlocks, lesquels se retrouvent perdus et verront leur destin final bouclé par Scott Lobdell.
Finalement, c’est le SHIELD, représenté par un ex-comparse de Cable qui tentera de mettre fin aux agissements d’X-Force, en préambule du départ de Liefeld et du grand nettoyage de 1992 avec X-Cutioner’s Song. Harras, Nicieza et Scott Lobdell nettoient les écuries d’Augias en ramenant la bande X-Force à l’hôtel Xavier, éliminant le MLF et en dispatchant Cable et son clone Stryfe vers un futur plus qu’incertain, nous permettant de souffler un peu.
L’ouragan Rob Liefeld aura duré deux ans, nous laissant avec le souvenir d’une équipe de personnages violents, dessiné avec le plus mauvais goût. Quand a sa carrière chez Image : il ne trompa personne avec ses Youngblood et se vit expulsé après avoir siphonné les fonds de la compagnie pour son intérêt propre. Comment respecter un tel amateur, doublé d’un petit voleur ?
Deux décennies plus tard, l’Omnibus X-Force se lit comme une farce, comme si Rob Liefeld avait décidé de parodier la violence des super-héros et l’ultra-réalisme post-Watchmen, alors qu’en fait ce n’était nullement son intention de départ.
Liefeld est un piètre dessinateur mais ses intentions de départ ne sont pas si mauvaises : un bataillon dont le but est de neutraliser les mutants abusant de leurs pouvoirs – Masque, le MLF – ce qui après tout était l’un des objectifs des X-Men au départ. Souvenez-vous de Proteus. Cable critiquait à juste titre les X-Men pour leur immobilisme et leurs méthodes datée, faisait d’eux le jeu de leurs ennemis et se mettant Tornade et Cyclops à dos par son côté un peu frustre.
L’homme que Liefeld voulait au départ comme un compromis entre Xavier et Magneto finit par s’humaniser lors de la deuxième année de la série et crée des liens durable avec son équipe. Les New Mutants ont aimé cet homme car il leur parlait comme à des adultes en devenir, sur la même longueur d’ondes qu’eux. Il leur offrait un choix intéressant : prendre leur avenir en main.
Seulement il se montra maladroit et dispersa la petite bande, ne gardant que Connonball et sa copine Boomer pour recruter des soldats aux tempéraments très excentrés. Cable tient son cahier des charges à jours : il emmène son équipe en guerre contre le MLF, gère une situation déplaisante au World Trade Center, offre une place à Syrin, aussi paumée que les New Mutants après la destruction de Muir Island, gère le problème causé par les Morlocks de Masque, et fait en sorte de tenir son équipe soudée.
Il connait tout le monde : Wolverine, MacTaggert, le SHIELD, il a beaucoup d’ennemis et semble decidé à intervenir dans la guerre civile entre mutants des années 90, prêt à en découdre avec ses ennemis et surtout à offrir un objectif à atteindre aux New Mutants abandonnés de tous.
Un électron libre, un trublion dans un univers mutant vieux de 30 ans et figé dans trop d’immobilisme. Cable est la critique de Rob Liefeld du travail de Chris Claremont et de Louise Simonson, d’une certaine façon. Bien sûr tout cela fait beaucoup de bruit, Cable crée plus de problèmes qu’il n’en résout mais au moins il se montre proactif, ce qui n’est pas au goût de tout le monde.
A l’époque je m’étais laissé impressionner par Cable et son groupe après avoir vu les séries tv The Equalizer et l’Enfer du Devoir. Cable me faisant penser à Robert McCall, et sa troupe à un bataillon perdu dans l’enfer des guérillas entre mutants.
L’impression que j’avais d’X-Force était un vent de folie chez Marvel, un comics décapant et décoiffant dont le dessin et les scénars reflétaient l’enthousiasme et la fougue de Liefeld, tempéré par les scripts de Fabian Nicieza. En fait un fichu amateur tentant d’imiter les professionnels.
X-Force… c’est de l’énergie brute avec plein de défauts mais également le reflet d’une époque dans laquelle on osait tout, dans laquelle les vieux briscards des comics se voyaient remplacée par une génération nourrie au grain de la BD US et qui voulait sa part du gâteau tout en nous en mettant plein les mirettes.
Et c’est également toute notre jeunesse …
Je n’ai jamais lu les épisodes de liefeld. Un jour il faudrait que j’essaye. En revanche, il y a un intrus dans les images; celle avec la légende décors à tomber est de Greg Capullo.
Dans le but de montrer les jeunes d’X-Force post-Liefeld. Des épisodes dynamiques, mieux dessinés par un vrai professionel qui a fait une belle carrière chez Image avec Spawn.
Ils saccagent le World Trade Center dix ans avant les attentats du 11 Septembre. Non seulement ils sont violents et stupides, mais incompétents. – J’ai bien ri à la lecture de ces phrases.
J’ai beaucoup apprécié ce commentaire, beaucoup plus constructif que ce à quoi je m’attendais, avec une belle composante analytique. Avec le recul et ton éclairage, je comprends mieux pourquoi les histoires de Liefeld sur X-Force m’insupportaient. Comme tu le dis si bien, ses histoires sont en réaction contre celles de la génération précédente (Claremont) qu’il trouve figées et datées.
J’ai vite fui les œuvres de Liefeld chez Marvel, éprouvant trop l’impression de saccage de ce qui existait auparavant (sans parler de la pauvreté graphique). Par contre, j’ai suivi avec intérêt ce qu’il a fait chez Image, de Youngblood à Bloodstrike, en passant par Avengelyne ou Prophet, ou encore Brigade.
On retrouve les même défauts d’un fichu amateur tentant d’imiter les professionnels, et la même énergie brute. Au delà de la farce éditoriale (Liefeld reproduisant exactement le même système de main d’œuvre payée à la tâche sans intéressement sur leurs créations), Liefeld avait une capacité incroyable à créer des concepts novateurs et percutants. Par contre, il était incapable de nourrir ses créations ou de les développer et il abusait des artifices cools intégrés de force sans rime ni raison (plus de flingues, plus d’épaulettes, plus de cartouchières, plus de poches…).
Plus récemment, j’ai beaucoup apprécié son retour sur Deadpool, toujours aussi amateur et bourré de raccourcis (ou faiblesses) graphiques, aussi second degré que les récits de Gischler.
Merci Présence. Je pesne que nous avons (presque) tous lu ces épisodes a l’époque de notre jeunesse rebelle, quand on ruait dans les brancards. Tu te souviens de la manif monstre contre le CIP en 94. Nous étions tous descendusdans les rues à cette époque.
Tu as aimé Youngblood et Bloodstrike ? Je ne sais pas si j’irais jusqu’à relire ces comics, à lmoins que tu ne saches m’en convaincre par ta belle prose.
Et c’est vrai, Liefeld aen tant que gérant d’Extreme Studios, reproduit les tics éditoriaux de Bob Harras et en plus a volé des sous à ses comparsesqui ont finit par le mettre à la porte.
Excellent article, merci Nicholas, pour moi,Rob Liefield est vraiment le produit d’une époque, et on se replonge dans son X-Force un peu comme on visionne le »Commando » de Schwarzenegger, on se pose la question de savoir qu’est ce qu’on a pus trouver d’intéressant dans…ce truc.
Une histoire manichéenne au possible, des personnages sans réelles consistances, un graphisme faisant l’apologie du vide et des déformations corporelles et pourtant…A l »époque ça a marché, Liefield était en tête des ventes, car malgré ses défauts, Liefield a apporté une fraicheur et un dynamisme bienvenue en cette période…même si il n’a pas fait illusion longtemps.
Loin d’avoir l’esprit d’un businessman à la Mc Farlane ou un réel talent artistique tel que Jim Lee, Liefield( même si aux US il a toujours une base de fans solide) est devenu le sujet de moqueries et l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire, payant par son amateurisme et ses divers plagiat (Suprême/Superman, Glory/Wonder Woman etc…) sa baisse de popularité.
Il n’en reste pas moins, que sa refonte des New Mutants à permis de faire émerger des personnages qui, certes, ont était développés par d’autres, mais qui sont devenus des piliers de l’univers Marvel tel que Cable et Deadpool (eux même, à la base des plagiats tel que tu le décrit, Nicholas).
On peut traiter Rob Liefield d’imposteur, de plagiaire ou de dessinateur médiocre, tout ça est vrai, mais il est indéniable qu’il a marqué l’histoire du comics et lorsque ses »concepts » bancales sont repris par des scénaristes bien plus inspirés on peut découvrir de vrai bijoux, le suprême d’Alan Moore ou la refonte récente de Glory en sont des exemples intéressants.
Je suis d’accord Erik, qu’on l’aime ou non Rob Liefeld a sut s’imposer et laisser sa marque sur le monde des comics avec Cable et Deadpool. Je n’ai pas lu Glory mais Suprelme par Alan Moore est en bonne place dans ma comicsthèque.
Moi c’est le pet cable dont je suis fier…
Lorsque j’ai repris les comics, ce genre de dessin large avec des personnages qui sortaient du cadre me séduisaient. Je me rappelle même de l’épisode opposant Cable à Wolvie transformé en Death qui m’avait impressionné à l’époque. Aujourd’hui c’est effectivement risible. Pour recentre le débat, Bendis ne serait ’til pas le Liefeld du scénar ? Un type qui nous a enchanté avec des tours de passe -passe pour ensuite, une fois tous ses tours épuisés sombrer dans la raillerie de ses anciens fans ?
lol Oui c’est vrai. Le Bendis de l’image (si j’ose dire). Bref un amateur et ses dessins sont maintenant risibles. Feral : Sabretooth avec le Q.I de Nabilla !
J’ai commandé le Deathblow Edition Deluxe sur Amazon (recommandé par Thomas Rivière, notre publisciste ès comics) et j’ai l’impression d’une grenade de proust : 300 pages de Jim Lee et Tim Sale avec un scénar en béton. SCe sera surement meilleur que le X-Force de Liefeld lol
Je suis content que l’article t’ai plut. Tu me parles de ton chien, mais figures toi qu’a l’époque de X-Force j’avais uen chienne setter crosé épagneul, blanche avec une tache noire autour de l’oil lol Et je n’invente riien !
Je suis bien content de n’être jamais tombé là-dedans (je déteste ces dessins) mais merci de donner un autre éclairage de cette partie des comics que je ne connais pas. C’est très intéressant et ton analyse prouve que tout a du sens lorsqu’il est vu dans son contexte avec un certain recul, même les mauvaises histoires et les mauvais dessinateurs.
Merci Jyrille, l’analyse que j’ai faite m’a permis de tomber dans l’éceuil sans nuances du ‘c’est archi-nul cette merde’ pour voir X-Force pour ce qu’il est : un gros délire musclé que j’ai aimé à 17 ans.
Vu maintenant X-Force est risible, mais son existence avait un sens il y a 20 ans.
Et bien tu nous en apprends de belles ! Vraiment le rouleur de mécaniques type, heureux de sa vie et satisfait et qui en plusse fiche qu’on le déteste. Il a ses fans et ça lui suffit. J’ai vu sdes planches avec Jesus, à se tordre de rire en effet.
C’est son style : ridicule, risible, affreux a voir comme un accident de train mais on peut pas s’iempêcher de regarder.
Les histoires que tu racontes sur son compte ne m’étonnent pas : une mentalité de gosse pourri gaté qui se croit tout permit et continue de prendre son public pour des cons.
Rob Liefeld, c’est le Justin Bieber des comics.
Une époque des comics que je ne connais pas (arrêt Marvel pour moi en 85. Retour en 99 !).
Un imbroglio de personnages incongrus qui ont rendu la continuité mutante illisible et indigeste pour les nouveaux lecteurs.
Les dessins foutent vraiment la gerbe !
Tornado : tu as donc arrêté Marvel un an pile avant que la continyuité devienne emmélée et avant la pèriode grimm and gritty déclenchée par Dark Knight Returns et Watchmen cette année.
C’était la mode : tout était copié sur Watchmen et sur Mortal Kombat, X-Force est représentatif de cette pèriode même si les Années 90 on produit de bien meilleurs comics que ça.
Quand au dessins, il y a pire : les imitatuers de Liefeld, Jon Bogdanove sur X-Tinction Agenda et une foule d’autres tacherons maintenant tombés dansl’oubli.
Je faisais la comparaison entre les deux a cause de leur accession rapide au rang de star, alors qu’ils ne sont que deux amateurs jouant dans la cour des gerands.
Ce détail mis à part, Liefeld semble avoir une vie de famille équilibrée avec sa femmes et leurs trois enfants. Sur son blog il écris de manière très correcte, donc je ne pense pas qu’il soit aussi crétin que ce pauvre Bieber incapable de citer les cinq continents et qui qualifie Anne Frank de Belieber !
Domino est une femme, je n’ai pas compris ce qui te choque dans cette image.
Rob Liefeld n’est pas totalement nul, il est certainement un bon mari et un excellent père de famille et si il garde une base de fans purs et durs ce n’est pas pour rien. Je pense qu’il a des qualités à lui mais en tant que dessinateur il n’a pas vraiment évolué.
J’ai écris cet article in y à 6 ans de ça, comme le temps passe…