Captain America- Truth: Red, white & black par Robert Morales & Kyle Baker
PRESENCE
VO : Marvel
VF : /
Ce tome contient une histoire complète ne nécessitant qu’une connaissance superficielle de Captain America pour pouvoir être appréciée.
Il contient les épisodes 1 à 7 de la minisérie, initialement parus en 2003, écrits par Robert Morales, dessinés, encrés et mis en couleurs par Kyle Baker. Ce tome comprend également la couverture variante réalisée par Joe Quesada, ainsi qu’un appendice de 4 pages, rédigé par Robert Morales explicitant ses sources et les références aux événements historiques.
En 1940, Isaiah et Faith Bradley se rendent à la grande fête foraine de New York, en espérant pouvoir aller écouter un discours de William Edward Burghardt Du Bois (W. E. B. Du Bois, 1868-1963). Lors de l’accès à une attraction, ils se heurtent au racisme ordinaire qui fait des citoyens noirs, des citoyens de seconde classe. Dans un bar, Dallas Huxley retrouve son ancien sergent Lucas Evans et ils entament une partie de billard dans un bar fréquenté uniquement par les noirs. Maurice Canfield rentre chez lui, ou plutôt dans la luxueuse demeure de ses parents, les vêtements déchirés et une belle ecchymose au visage, après s’être battu contre des blancs ayant fait preuve de condescendance vis-à-vis de lui et son ami juif.
Le 07 décembre 1941, l’armée japonaise effectue une attaque sur Pearl Harbor, et les États-Unis entrent en guerre peu de temps après. Isaiah Bradley se retrouve dans la même section que Maurice Canfield, Dallas Huxley, Lucas Evans et Larsen. Peu de temps après, le commandant de leur base reçoit la visite de Tully et du docteur Reinstein (2 civils) lui indiquant qu’ils souhaitent disposer de plusieurs soldats noirs. Quelques jours plus tard, il est relevé de ses fonction par le colonel Walker Price qui l’abat froidement devant ses troupes. 200 soldats dont Bradley et les autres sont conduits dans un autre camp disposant d’un laboratoire. Ils deviennent des cobayes pour des expériences génétiques. Au temps présent, Captain America (Steve Rogers) est amené à rencontrer un ancien soldat de la seconde guerre mondiale dénommé Philip Merritt, en détention pour de nombreux crimes. Il apprend qu’il n’a pas été le premier Captain America.
Le début des années 2000 fut une époque de renouveau pour Marvel, avec des projets sortant des sentiers battus de la production industrielle de comics. Truth s’inscrit dans cette veine, même s’il ne jouit pas d’une aussi grande renommée que la gamme Ultimate ou Marvel Knights. Dans des interviews, Robert Morales a déclaré qu’il avait était approché par des responsables éditoriaux pour effectuer une proposition de récit, et qu’il avait décidé d’en soumettre un le plus noir possible avec la conviction qu’il serait refusé. Non seulement Alex Alonso a accepté son projet en l’état mais a insisté pour l’inclure dans la continuité de Captain America. D’ailleurs pour les 2 éditions en recueils, le nom du superhéros a été apposé devant le titre initial. Du coup, le lecteur aborde cette histoire comme une histoire de superhéros, voire il a peut-être déjà entendu parler d’Isaiah Bradley au travers d’Elijah Bradley (Patriot, voir Young Avengers d’Allan Heinberg & Jim Cheung). Il a la surprise de découvrir un récit assez prévisible dans lequel un afro-américain reçoit le sérum de Captain America et s’en va combattre les nazis, rencontrant même Adolf Hitler le temps d’une séquence. Il trouve que les dessins sont curieusement enfantins, avec des exagérations des visages ou des morphologies qui en deviennent comiques et totalement à contretemps du récit. Il ressort de sa lecture content d’avoir découvert les origines de cette itération de Captain America, et en même temps déçu par un récit linéaire, pas si héroïque que ça, et desservi par des dessins presqu’amateurs et trop dans la caricature.
Effectivement, il est un peu difficile de prendre cette histoire au premier degré du fait des dessins. Kyle Baker est un artiste à la très forte personnalité graphique, avec un don pour la caricature, au travers d’exagération anatomique et de d’expressions du visage elles aussi exagérées. Ce choix génère une forte empathie chez le lecteur, pour les émotions éprouvées par les personnages, et ce dès la quatrième page quand Faith Bradley se moque d’un discours de W.E.B. Dubois et que son mari lui lance un regard noir. Les expressions du soldat Philip Merritt apparaissent dénuées de tout filtre développé par un individu mature, montrant sa personnalité enfantine. Les regards blasés de Tully et du docteur Reinstein attestent de leur immoralité et de leur suffisance nées d’un sentiment de supériorité. Mais dans le contexte d’un récit de superhéros, ce mode narratif fait plutôt penser à un récit pour un jeune public qu’à un récit adulte, à une narration appuyée de manière comique.
Il en va de même pour les morphologies ahurissantes des soldats dépassant largement les exagérations habituelles des musculatures des superhéros classiques et même celles des années 1990. Kyle Baker ne recherche à aucun moment la véracité, ou même l’augmentation musculaire. Il dessine des muscles gonflés comme des ballons, des crânes déformés de manière ridicule et grotesque. Il ne dessine pas non plus avec un degré descriptif élevé. Il détoure des silhouettes à la va-vite. Il n’a que faire des textures. Il esquisse à gros traits les décors. Il recourt souvent à des cases dépourvues d’arrière-plan, qu’il remplit avec des aplats de couleurs simplistes. Si le lecteur persiste à considérer ce récit sous l’angle de vue du genre superhéros, c’est un travail à peine digne d’un amateur qui anéantit toute tension dramatique.
Un lecteur qui a déjà lu d’autres ouvrages de Kyle Baker interprète les dessins d’une manière différente. Cet artiste s’est fait connaître pour son humour dépréciateur et sarcastique, perspicace et absurde : Why I hate Saturn, The Cowboy Wally show, ou encore les aventures hallucinées du Shadow écrit par Andrew Helfer, épisodes réédités dans Shadow Master Series Volume 2 et Shadow Master Series Volume 3. Il sait que cet auteur ne peut pas prendre les superhéros au premier degré, et glorifier bêtement leur suprématie physique et leur manière de régler tous leurs problèmes par la force. L’identité même du dessinateur lui indique qu’il ne s’agit pas d’un récit de superhéros au sens traditionnel du terme, et qu’il ne doit pas s’attendre à des prouesses physiques transformées en un spectacle pyrotechnique admirable, ou à une glorification de la virilité triomphante d’individus à la peau blanche.
Sous réserve de pouvoir recalibrer sa sensibilité en conséquence, il se rend compte que la narration visuelle de Kyle Baker apporte une dimension tragique au récit. Les exagérations des expressions des visages permettent au lecteur de ressentir le degré d’implication des personnages. Les exagérations morphologiques traduisent la souffrance physique engendrée par des expérimentations inhumaines. Même la tête d’ahuri crétin de Captain America écoutant les révélations haineuses de Philip Merritt traduit l’énormité des horreurs accomplies et l’incapacité du citoyen moyen à les appréhender. Il est vrai qu’il reste quelques moments où la force comique des dessins reprend le dessus, à contretemps de la gravité du récit.
Alors que le récit met en scène des horreurs malheureusement bien réelles et souvent représentées dans la majorité des médias, ces dessins si particuliers donnent l’impression de les voir débarrassées de toute impression d’innocuité, ne permettant pas au lecteur de se retrancher derrière une attitude blasée. Il s’en rend compte à plusieurs reprises, par exemple lors de la scène se déroulant dans une chambre à gaz. Les dessins ont perdu toute dimension comique, conférant toute l’horreur abjecte de ces exécutions. Ils révèlent leur dimension expressionniste qui implique le lecteur quel que soit le nombre de fois où il a vu des représentations de ces pratiques. Le détachement émotionnel n’est pas possible du fait des dessins grotesques de l’artiste, de leur caractère brut et sans fioriture. À la lecture, il apparaît que la narration graphique de Kyle Baker se révèle plus efficace que des dessins simplement descriptifs pour transcrire les intentions du scénariste.
Le récit s’ouvre avec la semaine nègre de la fête foraine de 1940 à New York, et une évocation de W.E.B. Dubois (1868-1963), un sociologue, historien, militant pour les droits civiques, militant panafricain, éditorialiste et écrivain américain. Par la suite, le scénariste insère d’autres références à des événements historiques comme la campagne du Double V pendant la seconde guerre mondiale (débutée en 1942), les chambres à gaz, les émeutes raciales du 19 juillet 1919 (Red Summer) à Washington DC, Francis Galton (1822-1911) et les thèses de l’eugénisme, etc. Cette histoire n’est pas une étude de caractère, même s’il est facile pour le lecteur d’éprouver de l’empathie pour le personnage principal, pour Steve Rogers, et même pour l’odieux Philip Merritt. Il s’agit plus d’une mise en scène de réalités socioculturelles peu confortables dans les États-Unis du vingtième siècle. C’est avec consternation que le lecteur constate que l’origine de ce Captain America noir s’intègre parfaitement dans l’Histoire, et que qu’elle reflète une facette de l’histoire de la communauté noire. Dans l’appendice, Robert Morales prend soin d’expliciter les faits historiques réels, et ceux qu’il a adapté pour les besoins de son récit. L’expérimentation médicale sur des sujets à qui on a caché la vérité renvoie directement l’Étude de Tuskegee (1932-1972) substituant le sérum du supersoldat à la syphilis.
Avec ce point de vue en tête, le lecteur découvre ou retrouve le point de vue d’une catégorie de la population considérée comme de seconde classe, et la manière dont elle est utilisée par la nation. Captain America est effectivement estomaqué par ce qu’il découvre, et ses gros muscles ne peuvent rien pour redresser ces torts, pour apporter réparation. Les auteurs réussissent le tour de force de mettre le symbole de la nation face à la réalité d’une partie de son Histoire. Ils utilisent les conventions d’un récit de superhéros (affrontements physiques, costume chamarré, méchant symbolique) en les respectant, pour évoquer la condition des afro-américains, luttant pour défendre leur pays en prenant part à la guerre, tout en étant traités comme des sous-citoyens.
À la fin du récit, le lecteur a bien compris que Steve Rogers a bénéficié des résultats d’expérimentations menées sur des individus non-consentants, et qu’il a récolté toute la gloire, alors que la souffrance des cobayes a été effacée des livres d’histoire. La métaphore s’avère puissante et bien menée, sans jamais tourner à la leçon de morale désincarnée. Ils se permettent même de terminer sur une note relativement positive en rendant un hommage à plusieurs afro-américains ayant milité pour la cause des noirs. Morales n’hésite pas à se montrer pince-sans-rire en mettant en scène une femme portant la burqa, sous-entendant qu’il existe encore des formes de discriminations plus ou moins reconnues aux États-Unis.
Parti avec l’à priori d’une histoire de superhéros un peu plus sophistiquée que d’habitude, le lecteur découvre d’abord un récit convenu, avec des dessins très éloignés de l’esthétique des comics Marvel. Il lui faut un peu de temps pour se rendre compte de la nature véritable du récit, d’envisager les enjeux sous un autre angle, et de ressentir la force des dessins. Impliqué par les émotions des personnages, il découvre un commentaire engagé sur la condition afro-américaine qui conserve la forme d’une histoire poignante et intelligente. Robert Morales a également écrit les épisodes 21 à 28 de la série Captain America qui ont été réédités dans Captain America: Marvel Knights Vol. 2.
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Toujours à l’affût, Présence nous parle aujourd’hui d’un Captain America méconnu : il est noir, écrit par Robert Morales et dessiné par Kyle Baker ! Une curiosité à découvrir chez Bruce Lit.
La BO du jour
Une mini-série autonome comme celle-ci, estampillée « Marvel Knights » datant de 2003 ! J’aurais pu me ruer dessus, car ce fut l’époque où Marvel tentait plein de bonnes choses et ça reste très largement, avec le recul, le Marvel que je préfère. Mais je crois que je ne serais pas très original en disant que le dessin est un véritable frein ici.
De toute façon, Paninouille n’a jamais traduit ça… 🙁
A l’époque, la série principale était écrite par John Ney Rieber et dessinée par John Cassaday, un duo d’auteurs relayé par Chuck Austen et Jae Lee. On y voyait Cap lutter contre des terroristes au lendemain du 11 septembre dans une ambiance quasi-onirique. c’était pas mal !
Après, Ed Brubaker a pris le relai pour son run légendaire. Quelle époque !
This one’s for you, Tornado. – J’ai effectivement pensé à ce que tu as expliqué à plusieurs reprises sur la période Marvel Knights en me retrouvant devant ce recueil dans un comicshop au Canada. Ce sont tes explications sur le caractère doré de cette période éditoriale qui ont ont achevé de me convaincre de l’acheter et d’en tenter la lecture.
J’ai à nouveau pensé à toi en lisant la postface de Robert Morales avec la réaction d’Axel Alonso, insistant pour intégrer ce récit dans le canon de Captain America. C’est difficile à croire qu’un responsable éditorial ait pu vouloir ternir l’image pure de Captain America, en y ajoutant une dimension historique aussi véridique que peu reluisante.
Quant aux dessins de Kyle Baker… je sais bien que ça ne se dit pas, mais c’est quand même moche. 🙂 Heureusement que j’avais déjà vu des œuvres postérieures où il a conservé cette approche très personnelles, ressemblant à une forme d’imposture graphique, sinon j’aurais eu encore plus de mal à remettre en cause ma façon de les percevoir, et leur rôle dans la narration.
J’ai peut-être tort, mais en regardant les dessins je ne peux pas m’empêcher de penser aux lecteurs d’origine africaine. Je me dis qu’à leur place, je pourrais penser : « Ah oui, d’accord, pour l’histoire du Captain America noir, ils ont pris un dessinateur pourri… ».
Evidemment ce n’est pas le cas. Kyle Baker est un excellent dessinateur, très capable, qui utilise un style grotesque par choix narratif. Mais, disons que le concept est plutôt maladroit.
Contrairement à toi, j’avais détesté sa version de Deadpool MAX. Je n’apprécie donc pas du tout cet artiste, à la base, quoiqu’il en soit.
C’est dommage, car sinon cette mini-série mérite certainement de figurer dans les bonnes bibliothèques.
N’étant pas moi-même afro-américain, je ne saurais me projeter pour imaginer le ressenti. D’autant plus que Robert Morales et Kyle Baker sont eux-mêmes afro-américains, et le look de Baker est assez particulier. En outre, les superhéros sont souvent vus comme l’expression d’une culture blanche, en ce qui concerne les États-Unis. Du coup, le principe de se démarquer d’une esthétique connotée blanche fait sens à mes yeux. Enfin, indépendamment de la dimension esthétique, la narration visuelle est de qualité.
À la fin du récit, le lecteur a bien compris que Steve Rogers a bénéficié des résultats d’expérimentations menées sur des individus non-consentants, et qu’il a récolté toute la gloire, alors que la souffrance des cobayes a été effacée des livres d’histoire.
Diantre, voilà qui pourrait me motiver à lire ce machin dont je n’avais jamais entendu parler !
C’est tout à l’honneur de Axel Alonso, l’homme qui édita Preacher, d’avoir insisté pour publier ça. Alonso. Un personnage que je ne parviens pas à saisir faute de connaissance suffisantes du monde de l’édition. Parce que à côté de ces choix courageux, il est l’homme des crosshorreurs….
Quel serait ton bilan des années Alonso Présence ?
Les dessins ne me rebutent pas tant que ça. Typiquement le dessin qu’affectionnait un Ennis justement avant ses années Avatar. J’avais lu ….Saturn et avait bien apprécié jusque la fin avec un lance-roquette si ma mémoire est bonne qui m’avait fait sortir du récit.
Je serais bien incapable de faire un bilan des années Marvel sous l’égide d’Axel Alonso en tant qu’éditeur-en-chef. Il me semble avoir poursuivi la politique initiée par Joe Quesada, dans la droite ligne d’une synergie accrue avec les autres supports, un stratégie crossmédia. A titre personnel, je n’ai pas lu plus ou moins de comics Marvel avec son arrivée, et probablement pareil pour suite à son départ. Il subsiste toujours des séries atypiques. En ce qui concerne les Événements, il y en a eu d’excellents, et d’autres oubliables.
Un des récit les plus corrosifs de Marvel.
un vrai doigt d’honneur dont on ne parle plus jamais il me semble…
Alonso et consorts ont sûrement beaucoup de talent, mais ils ont compris qu’ils feraient plus de thunes en faisant la pute pour Disney qu’ne produisant de bons comics matures et tout ça.
la période du début 2000 était bien parce que tous les publics pouvaient se retrouver
les anciens et les nouveaux.
continuité et hors continuité
je n’ai jamais compris pourquoi ils avaient tout jeté à la poubelle.
Imaginez DC qui déciderait de rejeter Watchmen
En quoi ils ont rejeté tout ça ? Ils ont arrêté d’en produire, c’est tout. Et du coup…DC aussi ne produit plus du Watchmen. Non ?
Il a fallu que Tornado insiste à plusieurs reprises pour que j’accepte de voir l’évidence : il y a eu pléthore de projets au début des années 2000 chez Marvel, initiés par les créateurs, avec des approches personnelles, et un nombre de réussites important, aboutissant à des histoires à la qualité pérenne. Il est difficile de aujourd’hui de déceler un tel bouillonnement créatif avec des prises de risques chez Marvel.
L’éditeur Marvel a toujours été une entreprise capitaliste, plus ou moins professionnelle, plus ou moins génératrice de bénéfices. L’article sur les Défenseurs ou celui sur Howard le canard ramenait à une époque où les retards étaient nombreux, où les éditeurs conservaient un épisode sous le coude au cas où le nouveau n’arrive, où certains auteurs étaient leur propre éditeur, pouvant tirer dans les pattes de leur voisin si ça leur chantait.
L’arrivée de Jim Shooter a occasionné une professionnalisation de l’activité éditoriale, avec des formes de contraintes créatives renforcées. L’arrivée de films à succès et le rachat par Disney ont également dû occasionner une évolution des contraintes sur les créatifs. Néanmoins, je garde toujours à l’esprit que les auteurs de mangas sont soumis à des contraintes encore plus drastiques et qu’il sort régulièrement des mangas défiant toute probabilité.
@Eddy – Je n’aurais pas choisi l’exemple de Watchmen (1986/1987). DC s’en est tenu éloigné de toute suite ou de toute préquel pendant des années, jusqu’à Before Watchmen (2012), soit pendant 25 ans. Ce n’est que récemment que les décideurs sont passés à une phase d’exploitation éhontée, pas si rentable que ça en ce qui concerne Before Watchmen. On verra bien pour Doomsday Clock…
Article impeccable comme toujours (je suis sans cesse admiratif des liens avec la réalité et l’histoire que tu peux voir dans certaines histoires comme ici) et bd qui ma foi m’a l’air très intéressante. Effectivement, ce trou avant la création de Captain America semble logique. Il y avait la même approche dans Ultimates, mais dans le futur… C’est un sujet en or.
La preuve, tu touches du doigt pas mal de choses (racisme, eugénisme, esclavage…). Cela semble être un mea culpa d’américains face aux horreurs qui ont quasiment toujours existé. Elles doivent perdurer d’ailleurs… Cela dit le dessin ne m’attire pas du tout. Et je ne connais pas Kyle Barker. Mais merci pour ma culture ! Comment est-il possible que de telles mini-séries n’aient jamais été traduites par Paninouille ? Peur de ne pas vendre j’imagine ?
La BO est bien cool.
Pour être honnête, Robert Morales explicite une bonne partie des liens avec la réalité dans sa postface ; je n’ai donc pas eu besoin de beaucoup de perspicacité. Puisque le scénariste est afro-américain, j’y vois plus du militantisme en évoquant une réalité historique avérée qu’un mea culpa. Si tu en as le temps, l’entrée de wikipedia français sur l’Étude de Tuskegee permet de comprendre cette nécessité de devoir de mémoire.
il faut toujours être très précis quand on parle héhé…
On sens bien que les thématiques de cette époque ont tous été annulé, retconné, oublié.
le run de JMS sur Spider man? (Morlun revient de temps à autres mais tout le run en lui même a été évacué par OMD)
celui de Morrisson sur les X-men (on garde un Fantomex par exemple ou Quentin quire mais pour en faire totalement autre chose…)
Bruce Jones sur HUlk? (C’était un rêve)
tous ces trucs ont explosé à quelques détails près.
MAX on a arrêté.
Ils ont tué l’univers Ultimate comme ça par plaisir et continuent de faire croire qu’il existe encore mais….
le ton de ces comics est absent.
aujourd’hui on a
1- du méta
2- de l’hommage
3- des récupération de franchise pour pas perdes les noms (Champions, Defenders, Starbrand)
4-du gamin tout rose bonbon.
4-du cinécompatible
Legacy est un plantage sans précédent.
DC refait du Watchmen avec Doomsday Clock, a voulu capitaliser avec Before Watchmen et surtout réédite le truc tous les six mois.
non l’univers qui a souffert chez eux, c’est Wildstorm.
Ok je comprends mieux.
Beau courage que de formaliser l’évolution du ton des comics Marvel, entre les années 2000 et 2010. J’en suis bien incapable.
Pour le plaisir de la discussion et de l’échange : je ne suis pas entièrement d’accord avec le début de la liste. Les métacommentaires font partis des comics Marvel depuis au moins les années 1970. Par exemple : un clown envoyant des tartes à la crème dans les visages de Len Wein et Marv Wolfman dans un épisode d’Adam Warlock de Jim Starlin, ou Stan Lee dépeint comme un clown de cirque dans le même épisode.
Les hommages (pour ne pas dire le plagiat) sont une composante consubstantielle des comics de superhéros puisqu’ils continuent à faire vivre des personnages des décennies après le départ de leur créateur. Il suffit de jeter un coup d’œil aux dessins de Keith Giffen dans l’article des Defenders de Patrick. Les récupérations de nom ont toujours été un enjeu majeur pour DC et Marvel au moins au départ pour les risques de perte de droit de propriété intellectuelle, jusqu’à les décliner au féminin (comme Spider-Woman) pour ne pas se le faire piquer par un concurrent. Il me smeble que c’est Axel Alonso qui a indiqué que son métier est de faire fructifier (en monnaie sonnante et trébuchante) un catalogue de personnages qui sont propriétés de l’entreprise qui l’emploie.
Les 2 dernières caractéristiques sont plus spécifiques aux années 2010. Le tout rose bonbon répond au besoin de l’éditeur d’offrir des produits ciblés pour les plus jeunes, afin d’essayer de les acculturer au média des comics. C’est quelque chose que DC et Marvel font de manière sporadique, avec plus ou moins de compétence.
Par contre, je note le terme de cinécompatible qui est vraiment une nouveauté, et souvent un appauvrissement. Par le passé, le cinéma pouvait être une source d’inspiration dans un milieu autre que celui des comics, donc pour apporter des influences extérieures. Alors que là, il s’agit de renchérir dans les superhéros sur la base de films de superhéros.
En tous cas c’est bien que tu sois là pour nous parler de séries modernes qui peuvent valoir le coup. C’est mieux que de se complaire dans le négativisme^^ Même si pour ma part, au final, le fait que je ne sois plus trop attiré par le Marvel moderne me donne une excuse pour réserver de la place à autre chose dans mes étagères. Mais je ne tomberai pas dans le rejet en revendant ce que j’ai aimé.
hello, ^^
Point de négativisme je suis d’accord..
Je n’accroche plus à Marvel depuis SECRET WARS qui portait haut l’étendard d’ambitions littéraires sans précédent pour être finalement rattrapée par le mercantilisme le plus flagrant.
c’est permanent ou passager, faut voir nul ne peut savoir si un titre va me faire l’œil prochainement….
Chez DC je trouve que l’opération REBIRTH est faite de manière lucide et avec talent. c’est à dire que les titres sont bien foutus et bien dessinés.
@présence.
Le méta a toujours existé mais apris une forme de fond ces derniers temps. c’est flagrant sur Secret wars d’ailleurs. certains titres deviennent parfois des privates jokes entres gars de Marvel, c’est incessant au détriment souvent d’une intrigue.
Le truc par exemple qui consiste de faire un titre féministe et…..c’est tout, pas d’intrigue, pas de direction, pas de personnages savoureux. un message et c’est tout.
pour les hommages, je visualise une balance entre recul et progrès. Aujoud’hui une couv’ sur deux est un swipe d’une ancienne, les personnages reviennent sans arrêt à la base, les personnages bégaient littéralement en dansant l’an-dro. on est constamment dans le rétroviseur et ça devient gonflant.
le gamin rose-bobon, je peux tout à fait le comprendre…c’est juste qu’il n’y a plus d’équivalent adulte. ça me parle moins.
le ciné, bon ben on est tous d’accord je crois…
Le dernier truc que Marvel a essayé c’est LA vision de Tom king.
@Matt – Merci pour le gentil retour sur les séries actuelles. J’ai lu hier le tome 2 de Gwenpool, et je l’ai beaucoup apprécié. Je verrai si j’en propose un article à Bruce. Non, ce n’est pas une blague.
@Eddy – Merci de donner plus d’exemples, parce que je me rends compte que je n’avais pas tout saisi.
Les métacommentaires – Je comprends mieux ce que tu veux dire. Effectivement, certains scénaristes l’ont développé comme un genre en soi, Jonathan Hickman que tu cites en exemple, et peut-être Matt Fraction. Je pense aussi à la saison des Secret Avengers écrite par Ales Kot & Michael Walsh, extraordinaire à mes yeux. Ta réponse me fait prendre conscience qu’effectivement c’est devenu un sous-genre en soi, et en plus un sous-genre que j’apprécie. Du coup les lecteurs plus à la recherche d’une intrigue peuvent se sentir floués d’une certaine manière. Mais on peut aussi y voir une narration qui a évolué avec l’évolution de la littérature elle-même, entrant dans le postmodernisme (c’est Tornado qui m’a tout appris). Il me semble aussi que peu de scénaristes sont capables d’écrire de cette manière, et qu’au vu de l’offre pléthorique, il subsiste plusieurs séries plus centrées sur leur intrigue.
Pour les hommages, je me rends à tes observations car je ne prête pas beaucoup attention aux couvertures et je ne suis pas capable de repérer autre chose que les décalques très évidents.
Plus d’équivalent adulte – Finalement, je suis d’accord avec toi sur ce point. L’offre adulte de Marvel et DC n’est plus aussi étoffée qu’au début des années 2000. Je m’en aperçois parce que ma propre consommation de superhéros Marvel et DC a fortement diminué, essentiellement au profit de la profusion de titres Image.
@Eddy – Ta remarque sur les équivalents adultes me trottent dans la tête et je ne résiste pas au défi de te soumettre quelques titres de série Marvel dans lesquels je trouve un côté adulte.
– Black Panther, de Ta-Nehisi Coates pour son approche politique
– Thor, de Jason Aaron pour la manière dont il a descendu Odinson de son piédestal
– Jessica Jones, de Bendis & Gaydos même si c’est le retour d’un duo qui a déjà œuvré dans les années 2000
– Punisher Platoon, de Garth Ennis & Goran Parlov (j’en profite tant que la minisérie court encore)
– She-Hulk, de Mariko Tamaki pour son thème sur la reconstruction personnelle
C’est vrai que ça fait pas lourd.
Tout dépend après de ce qu’on en attend. Je crois qu’il faut faire le deuil d’une époque. Gwenpool…ma foi, si tu y trouves des trucs bien, tant mieux^^ Je n’ai pour ma part aucun intérêt de voir cette itération du personnage dans ce rôle. Il faut bien des raisons pour s’intéresser ou non à certaines choses. Je crois que ce n’est plus pour moi. Mais les séries que Eddy énumère pourraient être sympas. J’ai déjà beaucoup de comics Marvel issus de périodes qui me parlent davantage, tout est une question de choix après si on veut s’intéresser à toutes les périodes, toutes les versions des personnages. Moi non. Je réserve éventuellement encore une place à des séries courtes en quelques tomes sur un perso qui me parle, et c’est tout.
Je connaissais le pitch de cette série mais je n’avais jamais vu de page intérieure…
Ca ne me plait pas vraiment. J’ai deux bouquins de Kyle Baker dans ma bibli, pour des récits plutôt comiques… Ici, je trouve que ça ne matche pas trop. Du coup, ça n’éveille pas mon intérêt et ce, malgré le bel effort de Présence pour recontextualiser l’oeuvre et essayer d’amener un regard différent.
Isaiah Bradley ne sera pas forcément effacé de la continuité, puisque Patriot, un des Young Avengers, est son petit-fils.
Et sinon, j’ai lu le run de Robert Morales sur la série Captain America. C’est dessiné par Chris Bachalo, ça plairait à Bruce ! 😉 j’en garde un bon souvenir malgré une fin précipitée pour cause de conflit éditorial, me semble-t-il…
Je ne me suis pas encore décidé à lire les épisodes de Robert Morales sur la série Captain America, mais je suis très tenté, très…
Tu peux les episodes de Morales, ce sont les seuls de la série Marvel Knighjts a avoir un quelconque interet (a part ceux de Gibbons mais qui sont un What If).
Pour moi le souci de la série Marvel Knights est de ne pas inclure la mytholgie du personnage. Captain america est un bon personnage mais pas seul.. avec son casting, ses ennemis, son histoire..
Le souci de la série MK c est Ney Rieber est viré, Austen est viré et Morales est viré aussi.. bref si tu vfeux faire une série « politique », tu « censures » pas à tour de bras ou alors tu utilises au moins la mythologie du personnage.
Là on avait des histoires n’allant pas trés loin (pas plus que les séries précédentes du personnage mais en plus.. on y retrouvait rien de connu a part en flashback dans Ice).
Un echec mais la periode Morales est celle qui va le plus loin. Avec d ailleurs une rencontre avec le Bradley d une autre continuité.
Merci beaucoup pour ces précisions qui m’aident à me repérer dans cette période Marvel que je n’ai pas suivie. Ça me fait quand même un peur quand je vois que Chuck Austen est passé par là. 🙂
Il a surtout terminé extremists et ice qui étaient des intrigues de Ney Rieber.
Il les a juste réécrite comme le voulait Marvel (D ou le départ de Ney Rieber).
Cette série Marvel Knights est vraiment à part car elle aura subie des pressions editoriales multiples :
1-dés le départ puisqu il ne fallait pas utiliser la mythologie du personnage… pour faire du serieux (mais Marvel ne cessera de refuser les scripts) ./
2-Refus de pas mal de scripts. Je ne sais pas ce qui a été refusé chez Nieber mais il est parti pour désaccord comme Austen qui devait rester. Morales est parti car il voulait que le personnage soit candidat à une élection.
Bref c est ce que je n’aime pas dans cette série. Elle n’a pas de réelle direction. Elle ne va pas assez loin sur les problème rééels et politiques (la série de Spencer est bien plus engagée) mais en plus tu ne retrouve pas tout le background du personnage.. pas de sharon, pas de red skull ni nick Fury.. personne.
D ailleurs on ne sait pas vraiment si cette série est ou non en continuité ou pas.
On en retient rien.
Drole de mini.. sympa mais parfois un peu ratée.
C est aussi parcequ’elle est pensée hors continuité puis récupéré au milieu de sa conception (comme le 1er arc de Hudlin sur Blck Panther avec Romita Jr).
Au départ Morales ecrit cela hors continuité d’où le fait que les personnages lisent un comics Captain America avant leur expérience (Steve Rogers aurait été fictif). ce qui est problématique avec la suite.. surtout que Steve Rogers est censé etre Captain America avant Pearl Horbour et l’entrée en guerre (les origines inventées par Steve Gerber dans les années 70 avaient été retconnées sur ce simple fait).
Donc là on a un comics qui parle de STeve Rogers avantr que celui-ci soit crée.. puis on a steve rogers qui arrive aprés Pearl Harbour..
Ceci dit c est une bonne série.. avec quelques maladresses mais sympas.
Je recommande à ceux que cela intéressé la série The Crew de Priest et Bennet qui voit la seule introduction du fils de Bradley.. Josiah X un mutant supersoldat musulman. La série s arrête au bout de 7 numéros, est trop décompréssée mais contient, elle aussi, de trés bons moments!
Je signale aussi que malheureusement le scenariste est décédé en 2013.
http://comicsalliance.com/robert-morales-passes-away-truth-red-white-and-black-marvel/