Rétrospective douce-amère d’un chef-d’œuvre déchu : Cerebus

Encyclopegeek : Cerebus the Aardvark

Special Guest : THIERRY GAGNON

1ère publication le 30/01/20- MAJ le 30/01/21

Romancier, producteur de jeu vidéo et lecteur assidu de BRUCE LIT, Thierry Gagnon a souhaité s’attaquer, tout seul comme un grand, à un monument du comic book : CEREBUS.
Thierry est décédé le 1er mai 2020. Gone but not forgoten.

Extrait de la couverture de CEREBUS #100  Copyright Dave Sim
Extrait de la couverture de CEREBUS #100Copyright Dave Sim

Dans la carrière d’un artiste, aussi grand qui soit, il est normal que certaines parties de son œuvre soient plus intéressantes que d’autres. Il n’est pas rare non plus que l’on puisse constater un déclin dans la qualité de sa production en vieillissant. Mais que faire quand tout cela se produit dans le cadre d’une seule et même histoire produite sur une échelle de 30 ans ? Que faire quand l’idéologie d’un auteur se radicalise en cours de route, envers et contre son propre lectorat ?
CEREBUS THE AARDVARK (ou plus simplement CEREBUS) est une bande dessinée canadienne créée et autopubliée par Dave Sim (rejoint ensuite par son compatriote Gerhard) de 1977 à 2004. Un véritable tour de force, cette série est la plus longue publiée par une seule équipe en anglais, avec 300 numéros et plus de 6 000 pages. (SPAWN, la série indépendante de Todd McFarlane, publiée par Image Comics, a aussi atteint le numéro 300 en 2019, mais avec la participation de différents artistes au fil des ans.)

À travers CEREBUS, Dave Sim a fait la démonstration d’un immense talent en dessin, écriture et calligraphie tandis que son collaborateur, Gerhard, ne cessa jamais de nous éblouir avec ses décors minutieusement détaillés de ses hachures.
Bien avant l’avènement d’Image Comics, le sens des affaires de Sim et son attitude farouchement indépendante en fit un des auteurs les plus prospères du monde des comics des années 80. Près de 10 ans avant l’arrivée de SANDMAN et de VERTIGO, Dave Sim a su créer un univers singulier et hautement littéraire alors que la dominance des superhéros était encore incontestée. Comme SANDMAN, CEREBUS avait réussi développé un lectorat féminin important, contrairement au reste de l’industrie qui restait souvent hostile aux goûts des femmes. Malheureusement, l’absence de contraintes éditoriales signifie aussi qu’il n’avait personne pour l’empêcher de saboter sa carrière en dévoilant, au sein même de son œuvre, les côtés plus sombres de sa personnalité…

Calligraphie audacieuse pour transcrire les effets d’une gueule de bois (extrait de GUYS)  Copyright Dave Sim

Calligraphie audacieuse pour transcrire les effets d’une gueule de bois (extrait de GUYS)
Copyright Dave Sim

J’ai découvert CEREBUS avec le numéro 90 et cette rencontre fut décisive. Le fanboy de super héros que j’étais faisait soudainement face à une série dense, atypique, hilarante, occulte et d’une sophistication ahurissante. Ma pensée, ma propre créativité et mes attentes face à la culture populaire furent bouleversées à jamais.

Quoi ? Un Aardvark ?

Des propres mots de son auteur, voici un bref résumé, dans l’essentiel, de la série (tiré de l’éditorial de CEREBUS ZERO) :
« Cerebus est une histoire de six mille pages, documentant les hauts et les bas de la vie d’un seul personnage (ainsi que la vie de ceux qui l’entourent). Cerebus, comme Howard the Duck, est un personnage de bande dessinée animalière dans le monde des humains. Tous, quels qu’ils soient, se sentent uniques et, le plus souvent dans la dernière moitié du XXe siècle, ne se sentent pas à leur place où qu’ils se trouvent. (…) Cerebus n’est pas un héros, un méchant, un antihéros ou un homme à tout faire. Il est capable d’être chacun d’eux et il n’est le plus souvent aucun de ceux-là. C’est Cerebus. Un aardvark dans le monde des humains. »

Par son physique étrange, à l’apparence d’un oryctérope (« aardvark » en anglais), Cerebus représenterait l’individu qui évolue dans un monde constamment en décalage avec lui-même. Cette approche, où un personnage de style « cartoon » habite dans un univers plus « réaliste » fut entre autres repris avec brio par Jeff Smith avec sa légendaire série BONE (elle aussi un succès d’autopublication).
À la base, la série CEREBUS combine des éléments des univers fantastiques de Robert E. Howard, Michael Moorcork, les frères Marx et des comics de superhéros, le tout dans un univers hybride entre le heroic-fantasy et l’époque victorienne. Par la suite, dans une deuxième partie de plus en plus en rupture avec la première, l’auteur la série explore les univers d’Oscar Wilde, F. Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, des Three Stooges ainsi que… la bible !

Politique et slapstick (extrait de HIGH SOCIETY)
Copyright Dave Sim

Au cours des seize volumes de la série, Cerebus passera de simple barbare mercenaire à diplomate, premier ministre, pape, messie, fugitif, hôte, rebel, aubergiste, conjoint, prisonnier d’un culte, berger, révolutionnaire, exégète et, à sa mort plusieurs siècles après les événements de ses premières aventures, chef d’état sénile.
À travers un premier degré habité par la parodie des clichés du monde des comics, la haute aventure et la comédie burlesque, le texte offert par Dave Sim nous expose à une riche tapisserie de références culturelles et de réflexions profondes. CEREBUS explore des grands thèmes tels que la religion, la politique, la littérature et la relation entre les sexes, et ce parfois de façon controversée. En général, Sim réussit à rendre ces sujets excitants à travers un sens pointu de la comédie et de la folie humaine. Parfois, malheureusement, il étouffe ses propos par une prose trop lourde et abondante.
En gros…

Structurellement, la série peut être divisée en trois parties. La première, comprend les histoires du premier volume, CEREBUS, ainsi que les opus HIGH SOCIETY et CHURCH & STATE (vol I et II), est de loin la plus drôle et intéressante. Sim y décrit une société dominée par un patriarcat dysfonctionnel sur le point de s’écrouler sous le poids de la corruption de ses dirigeants. Si on ne doit lire qu’un seul volume de CEREBUS, je recommande HIGH SOCIETY, un pastiche hilarant et magistral du monde de la politique et de la haute société.

La deuxième partie, comprenant JAKA’S STORY, MELMOTH, MOTHERS & DAUGHTERS (FLIGHT, MOTHERS, READS, MINDS) et GUYS, reste fascinante, mais plus inégale. Sim y présente un monde sous le joug d’une société totalitaire (les « Cirinists ») qui restructure la société selon les préceptes d’un matriarcat radical. Dit comme ça, on pourrait croire au délire fiévreux d’un misogyne paranoïaque, mais en fait Sim y fait la démonstration d’un sens de l’observation et de spéculation intellectuelle pointus. Le système de société et l’idéologie cyriniste est cohérente, radicalement efficace, et mérite d’être étudiée.
JAKA’S STORY et MELMOTH offrent une exploration dense, littéraire et intimiste des thèmes de l’amour et de la mort. Côté histoire, JAKA’S STORY est une exploration intimiste de la vie de couple et de l’amour non réciproque. C’est aussi le récit de la jeunesse noble, mais étouffante de Jaka, la princesse de Palnu devenue danseuse de bar. JAKA’S STORY peut être considérée comme l’œuvre la plus accomplie de Sim. MELMOTH, plus ombre, décris la maladie et la mort d’Oscar, le narrateur de JAKA’S STORY. Ce récit fut inspiré par les véritables correspondances d’Oscar Wilde à la fin de sa vie.

Un mètre de BD en 16 volumes ! (Image tirée d’une publicité du Comics Journal #263, octobre 2004)  Copyright Dave Sim]

Un mètre de BD en 16 volumes ! (Image tirée d’une publicité du Comics Journal #263, octobre 2004)
Copyright Dave Sim

L’action reprend de façon explosive avec MOTHERS & DAUGHTERS. Cerebus entre en conflit direct avec Cirin, la dirigeante des Cirinists, et tente de recevoir une révélation divine afin devenir le nouveau messie. Après sa tentative de coup d’État avortée, Cerebus est cantonné à un rôle d’aubergiste dans GUYS où il fera de nombreuses rencontres hilarantes.
La troisième, composée des cycles de RICK’S STORY, GOING HOME ET LATER DAYS est beaucoup plus inégale, jusqu’à devenir absolument indigeste par moment. Après un interlude où Cerebus, enfin réuni avec Jaka, l’amour de sa vie, tente de retourner à sa maison d’enfance, Cerebus est confronté à un culte inspiré par les écrits religieux de Rick, l’ancien mari de Jaka. S’ensuit alors une rébellion invraisemblable dirigée par Cerebus contre les Cirinists à l’issue de laquelle il y devient enfin le dictateur absolu qu’il a toujours voulu. Après une longue et pénible exploration idiosyncrasique des textes de la bible (!), Cerebus meurt enfin, des siècles plus tard, dans l’isolation la plus totale, assiégé par une société qu’il ne reconnaît plus.

Un pionnier de la BD indépendante

Ce qui paraît moins à la lecture des recueils, c’est que l’aspect éditorial des publications mensuelles était aussi marquant dans le monde des comics. Rarement avons-nous vu un auteur utiliser sa plateforme avec autant de force pour diffuser des idées, promouvoir d’autres auteurs et fédérer son milieu autour de son idéal d’indépendance des maisons d’édition. Bien que souvent intéressants, ces contenus peuvent devenir une distraction lorsque l’on veut lire l’histoire dans son ensemble. Pouvoir lire la série sous forme de volume de 200 à 500 pages chacun, sans interruption, fut très bénéfique.

Par la publication d’auteurs émergents son guide sur l’auto-édition et sa participation au Creator’s Bill of Rights (Charte des droits du créateur), Dave Sim participera à l’essor de la BD américaine indépendante des années 80 et 90. Les auteurs publiés par Dave Sim, que ce soit à travers les pages de CEREBUS, ou sa maison d’édition Aardvark-Vanaheim, incluent William Messner-Loebs (JOURNEY), Bob Burden (FLAMING CARROT), Jim Valentino (NORMALMAN), Max Allan Collins (MS. TREE) ainsi que Stephen Murphy et Michael Zulli (THE PUMA BLUES).

CEREBUS marqua les années 80 autant par sa créativité abondante que par son modèle d’affaires. Notamment, avant la publication de WATCHMEN et BATMAN : DARK KNIGHT RETURNS, Sim révolutionna l’industrie avec son adoption du format « graphic novel » pour ses rééditions, ce qui était encore inédit à l’époque (exception faite du séminal « UN PACTE AVEC DIEU » de Will Eisner).
Grâce à la popularité de la série, leur productivité et à des décisions d’affaires audacieuses, Dave et Gerhart purent tenir un mode de vie luxueux, alignant les tournées autour du monde et moult partys bien arrosés et en bonnes compagnies. Malheureusement, les dérapages idéologiques de son auteur finirent par gâcher son œuvre et son standing auprès des lecteurs et de l’industrie. De rock star de la BD, Dave Sim devint un ermite maudit.

C’est la tragédie de CEREBUS que cette fièvre de conviction et cette intelligence créative hors du commun aient fini par s’empoisonner pour se conclure dans la déchéance et l’opprobre général à la fin de son parcours… À l’instar d’autres grands auteurs aux propos nauséabonds tels que Céline (antisémitisme) et Orson Scott Card (homophobie), le plus grand obstacle à l’appréciation de l’œuvre de Dave Sim sont les opinions profondément misogynes / anti féministes qu’il adopta en cours de route.

Extrait du controversé CEREBUS #186  Copyright Dave Sim

Extrait du controversé CEREBUS #186
Copyright Dave Sim

Une œuvre en guerre contre elle-même

Dave Sim considère que la série constitue un roman graphique de 6000 pages. Ses lecteurs pourraient être pardonnés de penser qu’elle combinerait en fait au moins deux séries plus ou moins distinctes : Les premiers volumes, où l’humour, l’aventure et l’humanisme de l’auteur prédominent, et les derniers où les attitudes antiféministes et religieuses de l’auteur se radicalisent, rendant la série de plus en plus difficile à lire.
Ce moment charnière, où une partie de l’histoire entre en guerre avec la précédente (et ses lecteurs) se situerait approximativement au milieu de la série, au numéro 186, avec la publication de « TANGENT ». Ce texte incendiaire, inscrit au sein même de l’histoire sous forme de tracts, est un essai antiféministe ostensiblement écrit par le personnage fictif « Viktor Davis » où Dave Sim (de son propre aveu) exposerait sa pensée profonde au sujet des femmes. Essentiellement, il y décrit une vision des relations hommes/femmes comme une guerre entre la « lumière masculine » ( « Male Light ») et le « néant femelle » (« Female Void »). En autres termes, il y vante la créativité rationnelle et productive des hommes, tandis qu’il décrit l’émotionnalité irrationnelle et accaparante des femmes, cette dernière se révélant comme un drain tentaculaire aux dépens de la première et menant à la ruine de la société.

On peut comprendre que pour un artiste dédié à livrer au moins 20 pages de BD de la plus haute qualité chaque mois tout en dirigeant sa propre maison d’édition, les exigences de la vie de couple pourraient paraître excessives et en conflit son projet. Il est aussi pas très original de constater que les hommes et les femmes peuvent avoir des modes de pensée différents. Mais ici, ignorant sa propre réaction émotive à sa situation, Dave Sim a cherché à élever ses frustrations et observations semi-cohérentes en un manifeste idéologique toxique et hautement… ennuyant.

Le retour du pendule fut brutal et immédiat. La réaction de ses lecteurs et de l’industrie (en particulier du Comics Journal) fut intense et négative. Les réactions virulentes et contradictoires de Sim à ses critiques ne firent qu’empirer son ostracisation.
Heureusement, la partie « dessinée » de son histoire demeurait relativement libre de ces élucubrations, celles-ci étant réservées à des pavés de textes en marge de la trame principale. Cela permet de garder un certain plaisir à lire le livre, pourvu que l’on sache sauter les passages plus onéreux (voir MOTHERS & DAUGHTERS). En réponse à ses critiques, la radicalisation de Sim continua de s’affermir dans ses entrevues et éditoriaux. Ceci eut pour conséquence la chute libre de son lectorat qui abandonna en masse la série. De son apogée à 37 000 copies, le tirage mensuel de la série avait chuté à 7 000 à sa conclusion.

Comme si ce n’était pas suffisant, suite à sa lecture de la Bible et du Coran pour RICK’S STORY, Sim subit une conversion religieuse de l’humanisme laïque athée à son propre mélange des religions abrahamiques. Il coupa tous liens avec amis et famille et n’acceptera plus de communiquer que par lettre ou fax qu’avec ceux qui auraient signé une pétition déclarant qu’il n’est pas misogyne.

Couverture du COMICS JOURNAL #174 par Bill Willingham  Copyright Fantagraphics Books Inc

Couverture du COMICS JOURNAL #174 par Bill Willingham
Copyright Fantagraphics Books Inc

L’ironie est que le meilleur antidote aux points de vue toxiques de Dave Sime est… sa propre œuvre. Celle-ci s’avère beaucoup plus ouverte d’esprit et nuancée que les éditoriaux et déclarations publiques de Sim pourraient laisser croire. La critique cinglante de la politique et de la religion de HIGH SOCIETY et de CHURCH & STATE est aussi efficace que mémorable. La profonde humanité de Jaka dans JAKA’S STORY et d’Oscar (Wilde) dans MELMOTH représente aussi une puissante répudiation aux éventuels propos misogynes et homophobes de Sim.

En reflet du clivage mâle/femelle de la structure de la série en son ensemble, la conclusion de CHURCH & STATE révèle une cosmogonie basée sur le « néant mâle » assaillant la « lumière féminine » pour créer le monde. Cette vision critique de l’agressivité masculinité est contredite par la suite par la cosmogonie révélée dans MOTHERS & DAUGHTERS qui présente plutôt un « néant femelle » cherchant à étouffer la « lumière mâle » créative.
Malgré les propos publics de plus en plus misogynes et paranoïaques de l’auteur, on peut malgré tout constater que les femmes sont les personnages les plus forts, rationnels et efficaces de la série, alors que les hommes se révèlent majoritairement dominés par leurs égos et leurs désirs, ce qui les mène invariablement à leur perte. À mon avis, le plus gros défaut de la représentation féminine dans l’univers de CEREBUS, celui qui démontrerait potentiellement l’incapacité de Sim à reconnaître les femmes comme pleinement humaines, est la relative absence de sens de l’humour de celles-ci. Ses femmes sont en général complexes, tour à tout redoutable, intellectuelles, charmantes, stupides, charmeuses ou manipulatrices, mais à l’exception possible de Red Sonja, elles ne démontrent pas le niveau d’esprit comique de ses personnages masculins, comme Elrod, Lord Julius ou The Roach.

Au-delà de ce qu’on peut penser des opinions de l’auteur, le fait est que plus les dérives philosophiques de Dave Sim s’affirmaient, plus le plaisir de la lecture disparaissait sous l’assaut de pavés de textes de plus en plus nauséabonds et sans humour. Ce clivage est une des grandes tragédies de la BD. C’est aussi un exemple des dangers à forcer dans la même série différents thèmes et approches qui ne s’adressent pas aux mêmes lecteurs. On fait face ici au problème fondamental de tout projet s’étalant sur une période de 30 ans. L’œuvre et les opinions d’un auteur sont rarement monolithiques et peuvent être appelées à changer avec le temps. Lorsque la presque entièreté de l’œuvre d’un auteur englobe une seule série, et que celle-ci se contredit elle-même, il devient difficile de l’apprécier dans son ensemble.
La liberté d’expression n’est pas sans conséquence. L’absence d’éditeur n’est pas toujours bonne. À trop puiser dans la religion qu’à la fin, qu’on y sombre.

Le procès d'une créature et de son créateur ?  Copyright Dave Sim
Le procès d’une créature et de son créateur ?Copyright Dave Sim

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Liens utiles

A Moment of Cerebus: blogue où sont publiées les nouvelles sur CEREBUS et ses auteurs, incluant les vidéos hebdomadaires de Dave Sim et ses différentes campagnes de financement (rééditions, etc.).

Cerebus Fangirl Site : archive des écrits de Sim et de documents en lien avec CEREBUS ainsi qu’éditeur de la CEREBUS NEWSLETTER.

Comment se procurer les livres

On peut se procurer tous les volumes V.O. anglaise en format papier chez les détaillants de comics américains.
La page officielle pour l’achat des versions numériques des volumes de CEREBUS est www.cerebusdownloads.com/
Les premiers volumes de CEREBUS sont aussi disponibles en anglais sur Comixology en format numérique.
Les éditions françaises, publiées par Vertige Graphic, semblent malheureusement épuisées…

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Le mythe de CEREBUS et les controverses autour de son génial créateur Dave Sim vous sont expliqués par notre invité Thierry Gagnon chez Bruce Lit.

La BO du jour : d’un misogyne autoproclamé à l’autre…

31 comments

  • midnighter  

    j’ avais déjà entendu parler de cet hallucinant changement de convictions

  • David  

    Article passionnant. Cerebus est un monument auquel j’ai toujours hésité à me confronter du fait de son ampleur. Mais puisque tu nous dit que le début est le meilleur et qu’il peut se lire indépendamment, je vais partir à l’assaut d’une librairie de ma connaissance qui propose les deux volumes parus en français. Merci

  • Eddy Vanleffe  

    Cerebus est une oeuvre dont on entend tout le temps parler sans qu’on puisse jamais rien y comprendre tant le personnage a l’air d’être simplement le véhicule des humeurs de son auteur.
    on m’a parlé de pastiche de Conan et quand je voyais des images, il avait un chapeau melon…
    ce détail faisait que je n’osais jamais franchir le cap…maintenant que je sais qu’il est misogyne, je vais pourvoir y aller en tant que grand fan de Sacha Guitry… 🙂
    Merci en tout cas pour la présentation synthétique et claire de ce monument de la bd indépendante…
    Je fais parti de ceux qui, plaisanterie mise à part, trouvent salutaire qu’un auteur de temps en temps puisse exprimer ses opinions même dissonantes…
    dans l’art la liberté d’expression n’est pas nocive…

    je suis toujours circonspect de constater dans les médias que ceux qu’on veut museler en premier ce sont les artistes, écrivains, éditorialistes, humoristes ou même les sportifs, leur faisant porter une « responsabilité » à chaque mot prononcé alors que dans le même temps des chefs d’état exerçant le pouvoir disent et font les pires énormités sans aucun soucis ni même le moindre atome de honte.
    la misogynie d’un auteur n’est pour moi pas nocive si le système tends vers l’égalité, je dis « tend » parce qu’on a fait quand même énormément de progrès (comparez avec n’importe quel pays ou n’importe quelle époque) et qu’il nous en reste encore à faire.

    • Thierry Gagnon  

      Il est certain que l’on touche ici à des sujets délicats. Il est en effet important de garder l’esprit ouvert, surtout lorsque l’auteur lui-même fut un champion, à sa façon, de la cause avant sa conversion.
      Je suis aussi persuadé que l’intensité du backlash rencontré par Dave Sim a accéléré sa radicalisation et son retranchement dans ses opinions toxiques. C’est un phénomène que l’on peut encore observer aujourd’hui dans les réseaux sociaux.

      • Eddy Vanleffe  

        une sorte de phénomène Dieudonné? il est clair dans le cas de ce dernier qu’il s’est entêté dans son délire accélérant le bad-buzz qui accéléra son radicalisme qui accéléra….etc…
        Dommage pour ces artistes, quelque part…

    • David  

      Je partage totalement ton avis, Eddy. Lorsque je vois qu’aujourd’hui les éditeurs en sont réduits à embaucher des relecteurs en sensibilité qui expurge des romans qu’ils veulent éditer tout propos susceptible de heurter la sensibilité du premier susceptible venu, je me dis que c’est l’art et la création qu’on assassine. L’artiste n’a pas vocation à être politiquement correct. Il ne devrait jamais s’interdire de choquer si cela peut aider à rendre son oeuvre meilleure. Flaubert aurait-il renoncer à Madame Bovary? Rabelais aurait-il dû être plus respectueux? Les rockeurs auraient-ils dû réfléchir à l’impact de leurs morceaux sur les personnes âgées effrayées par la violence de leur musique? Parfois, la provocation permet de faire bouger les lignes. Parfois, l’artiste doit s’affranchir des règles pour respecter sa vision créatrice. Céline avait des idées nauséabonde? Et alors ? Son Voyage au bout de la nuit en est-il moins grandiose? Si l’artiste est criminel, qu’on le condamne mais pas son oeuvre. Et si l’oeuvre contient des idées choquantes, au moins elle fait réagir et réfléchir. Le plus grave crime pour un artiste n’est pas d’avoir tort mais de n’avoir aucun talent. Si à série Cerebus devient misogyne, c’est à mon avis moins gênant que le fait qu’elle devienne inintéressante à ce moment-là. Aujourd’hui, Disney diffuse un avertissement avant ses chefs-d’œuvre des années 40 car les référents culturels et sociaux ont évolué depuis et que les représentations des femmes et compagnie ne sont pas conformes aux valeurs actuelles. Certains voient dans la Belle au bois dormant une forme de viol car le baiser est non-consenti. Réduire une oeuvre à sa conformité ou non aux valeurs sociétales en vogue serait une forme d’intolérance bien plus grande que celle dont un auteur peut faire preuve dans ses propos qui n’engagent que lui.

      • David  

        Oui, le rejet d’un artiste pour ses idées ne fait bien souvent que le radicaliser. Frank Miller semble être une exception car il s’est radouci ces dernières années après ses excès post-11 septembre

      • Jyrille  

        Merci David. Je commenterai un peu plus longuement le formidable article de Thierry demain, mais entre temps, pourrais-tu copier cette phrase :

        « Réduire une oeuvre à sa conformité ou non aux valeurs sociétales en vogue serait une forme d’intolérance bien plus grande que celle dont un auteur peut faire preuve dans ses propos qui n’engagent que lui. »

        sur tous les réseaux sociaux et les sites journalistiques ? Ca nous évitera de longues discussions inutiles avec trop de monde.

      • Tornado  

        Oh ! Mais si vous le permettez j’irai même beaucoup plus loin :
        On DOIT préserver toutes les oeuvres, même les plus néfastes. Et puis on DOIT les étudier et apprendre à les comprendre.
        Dans un coin de ma bibliothèque, je possède Mein Kampf. Et oui (dans un coin parce que ma femme en a honte ^^).
        Soyons très clair : Je vomis ce tas de merdes immondes, mal écrit (non par Hitler mais par un nègre journaleux, mais mal écrit quand même), qui commence comme une autobiographie bucolique avant de muter en un aglomérat indigeste boursoufflé de haine antisémite étirée sur des centaines de pages de manière répétitive et nauséeuse. Mais je me suis obligé à le lire parce que pour moi le devoir de mémoire c’est très important.
        A côté de ça, quend vous lisez du Céline, quand vous regardez un Clint Esastwood ou un John Wayne (des mecs jugés réac, donc), vous relativisez parce que du coup, franchement, ce sont des humanistes. Surtout que dans leur vie respective ces mecs ont fait le bien (Céline, médecin de formation, qui soignait tous les gens de son quartier pour des clous !).
        Tout ça pour dire que les oeuvres, avant de les condamner, doivent s’étudier. S’étudier pour ce qu’elles sont, non pas pour ce qu’elles devraient être après correction ! De là à dire que ceux qui les condamnent sans les avoir lues, vues, ou réféléci dessus sont des nigauds… Ben à mon avis oui.

  • Présence  

    Total respect pour cette présentation synthétique évoquant les différentes dimensions de cette œuvre protéiforme. Je suis admiratif devant cet article qui sait aller à l’essentiel sans rien occulter, j’en aurais été bien incapable.

    Quelques réactions en vrac.

    Les hommes se révèlent majoritairement dominés par leurs égos et leurs désirs. – C’est un aspect du récit qui est rarement évoqué par les critiques que j’ai pu lire, et pourtant, je trouve que Dave Sim se montre aussi dur vis-à-vis de la gente masculine que de la gente féminine, et même plus dur envers les hommes prisonniers de leurs pulsions. Comme tu le dis, c’est une œuvre en guerre contre elle-même, passant de l’humanisme à la guerre des sexes, avec une sensibilité émotionnelle extraordinaire (pauvre Pud dans Jaka’s story).

    L’idéologie cyriniste est cohérente. – J’ai été très impressionné par la construction de ce monde, du système politique de Palnu, au cyrinisme, un investissement exceptionnel pour que le monde de Cerebus soit tangible et développé.

    Un individu dans un monde constamment en décalage avec lui-même. – Très belle explication de l’effet d’un personnage anthropomorphe dans un monde très réaliste.

    Le contenu éditorial : cv’était toujours un plaisir de découvrir les Notes du président, et le courrier des lecteurs, ainsi que les bandes dessinées promues par Dave Sim en tant qu’éditeur, ou en tant que représentant de l’auto-édition. C’était aussi très amusant de découvrir Dave Sim caricaturant les séries en vogue chez Marvel et DC, que ce soit Wolveroach ou Swoon.

    • Thierry Gagnon  

      Toujours derrière ma tête durant l’écriture de cet article (et ceux qui vont le suivre) était mon désir de faire honneur aux analyses fines et perspicaces de la communauté Bruce Litt et de Présence en particulier. Je suis touché et heureux que mon article aie pu te plaire. 😀
      Oui, les éditoriaux de Sim étaient merveilleux (avant qu’ils ne le soient plus) et son animation aux lettres des lecteurs anticipait le genre de communauté que l’on retrouve aujourd’hui dans des blogues comme celle de BRUCE LITT.

  • Tornado  

    Et bien, moi qui ne connaissait strictement rien à cette bande-dessinée (je crois que la seule fois que j’ai vraiment fait attention à son existence, c’est en entendant que Robert Kirkman rêvait de dépasser ses 300 numéros avec Walkind Dead…), après lecture de cet article, je suis quasiment un spécialiste en la matière tellement c’est roboratif comme exposé ! Du coup je n’ai même plus besoin de lire la série je sais déjà tout ! 🙂
    Blague à part, il est trop tard aujourd’hui pour que j’investisse dans une lecture aussi dense (si vous voyiez ma pile de lecture en attente, mes bonnes dames, vous seriez z’horrifiées !). Donc merci pour ce panorama extrêmement instructif, idéal pour ma culture personnelle.

    • Thierry Gagnon  

      Merci beaucoup! Tornado, je te souhaite pouvoir trouver un jour le temps de lire au moins HIGH SOCIETY, le volume le plus drôle, accessible et « self-contained » de la série. 🙂

  • Matt  

    C’est très intéressant tout ça.
    Je ne connaissais Cerebus que de vue. Je connais ce personnage, mais je n’ai jamais rien lu.
    Evidemment c’est bien trop long pour moi mais je garde à l’esprit le fait qu’il soit possible de ne lire qu’un ou 2 tomes, comme High Society.
    Je note aussi une idée intéressante : blâmer les hommes pour leur agressivité est perçu comme normal. Faire des reproches aux femmes par contre devient immédiatement de la misogynie.
    Bon…après je me doute que les « essais anti-féministes » ne doivent être guère subtils, collés comme ça au milieu de la BD comme des tracts de propagande. ça doit donner l’impression que c’est vraiment la pensée de l’auteur, plutôt que de glisser des idées plus subtiles dans l’histoire dessinée.
    Ensuite le fait que les femmes, comme les noirs ou les juifs, aient été très longtemps maltraitées, ça n’aide pas à faire avaler la pilule.
    Mais je dis ça dans le sens où imaginer 2 histoires (l’une dans laquelle la femme est la lumière, et une autre où c’est l’homme) est intéressant en soi. 2 points de vue. Deux possibilités. A condition qu’elles soient cohérentes.

    Pour le reste, je pense que l’oeuvre dans son ensemble doit malgré tout avoir un intérêt, ne serait-ce que pour voir l’évolution (en bien ou mal) d’un homme, ses doutes…et son aveu qu’il n’a pas les réponses et qu’il expérimente diverses hypothèses au cours de sa vie. C’est malheureusement (ou heureusement pour ceux qui font le parcours inverse vers plus de bienveillance) l’histoire de beaucoup de gens.

    • Thierry Gagnon  

      Je suis d’accord. Si jamais tu te lances dans la lecture de la série, tu trouveras dans JAKA’S STORY le portrait subtil délicat d’une femme en quête d’émancipation et d’identité ET la dévastation émotionnelle que sa charmante présence cause dans le coeur de ceux qui l’entourent. Par la suite, dans MOTHERS & DAUGHTERS Dave Sim nous fait découvrir la terrifiante, mais fascinante, société matriarcale militarisée, autocratique et socialiste des Cirinistes. La force des femmes y est démontrée aussi implacablement que leur propre potentiel, comme pour les hommes, à l’intolérance et à l’abus de pouvoir.

  • Kaori  

    Merci et bravo pour cet article très instructif.

    Je ne connaissais pas Cerebus, peut-être juste de vue…

    La première remarque que je me suis faite, c’est ce terme étrange anglais pour dire oryctérope (qui est déjà en soi étrange, mais fait moins science-fiction quand même).

    Ensuite, cette histoire de misogynie m’interpelle. J’ai aussi tendance à penser que la réaction du public n’a fait que pousser l’auteur dans ses retranchements et affirmer davantage sa misogynie… Parce que la couverture du magazine est quand même déjà une belle attaque, sans équivoque, sans suspicion d’innocence… Ça me rappelle notre récente discussion sur le blog à propos de Claremont et ses idées… Est-ce qu’on doit forcément conclure d’un auteur qu’il partage les idées qu’il illustre, alors qu’il souhaite peut-être justement dénoncer quelque chose ? Et quand bien même non, cela pourrait être un exutoire…

    Bref, voici un article qui illustre encore les dégâts de la bienpensance…

    J’apprécie la rétrospective, je jetterai peut-être un œil pour y voir de plus près, mais ça s’arrêtera là, je pense.

    • Thierry Gagnon  

      Merci Kaori! J’hésitais moi-même à aborder le sujet de la misogynie et de la « défense » d’une œuvre aussi controversée, tellement tout cela est volatile. Bien que je réprouve les commentaires de Sim, je ne peux que voir dans sa saga un avant-goût de la « call-out culture » actuelle, avec ses victoires morales importantes (#metoo) et les lynchages publics dévastateurs qui peuvent en découler pour les moindres propos déplacés.

  • Bruce lit  

    Bullseye Thierry !
    Quelle entrée en matière !
    J’avais déjà lu la prose de Présence en la matière mais là je ne peux plus rien ignorer de CEREBUS.
    J’avais déjà lu HIGH SOCIETY et en fait, je n’y avais rien compris. Ce n’était pas une lecture désamorcée : c’est à peine s’il ne fallait pas que je prenne de notes, je me sentais obligé d’aimer le truc. Du coup, j’ai assez vite lâché l’affaire et ne suis pas pressé de la reprendre.

    Sur le sexisme, il est surréaliste de lire des propos si rétrograde d’un mec aussi brillant. Sim a t’il eu l’occasion de s’expliquer ou de se défendre ?
    Ma position reste inchangée l’art et la morale ne peuvent pas cohabiter. Dès que vous lisez un polar, vous cautionnez alors d’avoir de l’empathie pour le criminel ! Si le mec a ses opinions, qu’il ne fait de mal à personne, ne manipule pas son public comme un gourou, il a le droit d’être con.

    Thierry, puisque nous parlons de Célinien, je te conseille cet incroyable documentaire où un philosophe juif s’autoproclame fan de l’écrivain et analyse son antisémitisme au regard des écrivains de l’époque ( de Camus à Sartre) et dissèque chaque mot, chaque intention pour finalement parvenir à trouver beaucoup de similitude entre la culture juive et le délire Célinien. De l’intelligence en barre, que c’est bon de se rappeler que la France est aussi le pays de la pensée et non des Justiciers Sociaux outrés d’avoir marché sur une fourmi en sortant de chez eux.

    Côté coulisse, je soulignerai l’enthousiasme de Thierry et la rigueur de son travail aidé pour la charte graphique par Kaori.

    • Thierry Gagnon  

      Merci beaucoup, Bruce, pour ton accompagnement et ton appui dans ma démarche. Ton accueil et celui de la communauté du blogue me touche énormément.
      Désolé d’apprendre que HIGH SOCIETY n’a pas été ta tasse de thé. Je comprends que cette série n’est pas pour tous les goûts. L’avais-tu lu en anglais ou en français ?
      Dave Sim a effectivement eu abondamment l’occasion d’offrir des explications sur ses positions, parfois agressivement, souvent de manière contradictoire, mais toujours de façon érudite. Les blogues A MOMENT OF CEREBUS et CEREBUS FANGIRL ont documenté les éditoriaux, entrevues, lettres et vidéos qu’il a produits au fil des ans.
      Le documentaire célinien me semble en effet très intéressant. As-tu le titre ?

      • Bruce lit  

        Oh mais je l’avais lu en VF.
        Le document sur Céline : tu ne peux pas l’ouvrir ?

  • Matt  

    Oh j’ai connu un collègue de formation noir qui adorait Lovecraft, et qui était parfaitement conscient des termes primitifs utilisés par Lovecraft pour désigner les noirs. Mais il mettait ça sur le compte de l’époque ou de problèmes de sociabilité.
    D’ailleurs quelqu’un qui finit par condamner un peu tout le monde est-il juste raciste ou misogyne ? Ou tout simplement pas en phase avec le genre humain ? Apeuré peut être ?
    Et on a beau dire que les émotions déforment le jugement, nous sommes des animaux émotifs. Notre vécu (traumatisant) nous poussent vers des conclusions déformées.

    Une super vidéo d’un youtubeur sur l’écrivain de Providence qui nous montre comment il a, d’une certaine façon, vécu le parcours inverse de Sim :

    https://www.youtube.com/watch?v=XVPhg614a0c

    (prenez le temps de la voir, c’est cool promis^^)

  • David  

    Bruce, ton site commence à me coûter cher. Je viens de m’acheter les deux volumes en français de Cerebus. Thierry, j’ai vu que l’Eglise d’Etat paru en français était le tome I. Me confirmes-tu que le tome II est inédit est français? Est-ce que le tome I est autosuffisant ou dois-je acheter le tome II de cet arc? J’ai feuilleté le premier volume, inédit en français, qui est une parodie de Conan. Ça m’a semblé très dispensable, en plus d’être graphiquement très en-dessous de la suite. Me confirmes-tu qu’il vaut mieux l’éviter? Pour la deuxième partie, les volumes sont-ils indépendants ? Certains sont-ils plus recommandés que d’autres? J’ai trouvé certains volumes d’occasion en v.o. à un prix raisonnable et je suis grandement tenté.

    • Thierry Gagnon  

      Salut David!
      Je suis très content de voir que mon article a avivé ton intérêt envers CEREBUS! 🙂
      Je ne suis pas au courant s’il y a une version VF de Church & State vol II. Je n’ai pas vu de traces sur Internet à cet effet. Chaque volume de Church & State pèse 500 pages chacun, pour un total d’environ 1000 pages!! Les deux volumes sont nécessaires pour avoir toute l’histoire, mais le premier volume reste une lecture très divertissante et une expérience unique dans le monde de la BD à mon avis, même si il se termine en « cliffhanger ».
      Le premier volume (CEREBUS THE ARRDVARK) reste une lecture drôle et intéressante malgré la faiblesse du dessin des premiers numéros. Il satisfera surtout les fans intéressés d’en savoir plus sur les personnages clés de la série. Les autres volumes font référence à des persos et des événements qui s’y produisent, mais il peut être lu après, si on veut. Ce volume sera le sujet de mon prochain article sur le blogue.
      Les volumes à ne pas manquer sont : HIGH SOCIETY, CHURCH & STATE vol. 1 et 2, et JAKA’S STORY. À l’exception de LATTER DAYS qui est absolument insupportable, le reste vaut aussi la peine d’être découvert, mais pour les lecteurs avertis et motivés. Certains trouveront MELMOTH plus monotone, introspectif et sombre et les tracts misogynes de MOTHERS & DAUGTERS minent ce qui reste une histoire pleine d’action. GUYS est le volume le plus drôle des volumes post CHURCH & STATE.
      Je tâcherai de fournir plus de détail sur ces volumes dans des articles futurs…
      Bonne lecture! 😀

      • David  

        Mille mercis Thierry. Je sais désormais ce que je vais acheter. Et ravi d’apprendre que tu vas de nouveau sévir ici.

  • Jyrille  

    Thierry, chapeau bas pour ton article à la fois concis et précis, informatif et passionnant. Je ne connais de Cerebus que High Society que j’ai en VF (j’apprends que les tomes sont épuisés mais bon, il reste l’occasion) et Church & State Vol. I également en VF. JE n’ai pas terminé de lire ce second tome, j’ai dû abandonner au bout d’une centaine de planches, je devais sans doute ne pas être dans de bonnes dispositions.

    Je suis très étonné que ce ne soit pas Présence, fan absolu, qui soit le premier à publier un article sur cette oeuvre ici, mais je sais qu’il doit être ravi de t’avoir lu.

    Tu as raison de souligner à quel point cette oeuvre est unique, y compris pour son auteur, puisqu’il n’a fait que ça de sa vie. C’est assez incroyable. Je dois dire que je suis époustouflé par le dessin de Sim dans High Society, et que sa lecture a été assez longue, tant l’univers est riche, la narration plutôt ocmplexe, le ton entre humour et sérieux parfois très ténu, c’est une bd qui s’apprivoise petit à petit, un peu comme j’ai pu mettre un certain temps avant de réussir à terminer mon unique Proust, les deux cent pages de Un amour de Swann. Mais au final, ça vaut largement le coup.

    En tout cas merci pour le tour d’horizon, car je ne savais pas comment évoluait la bd au fur et à mesure. Je crois que HELLBLAZER aussi a dépassé les 300 numéros.

    La BO : du Gainsbourg que je connais mal et qui m’amuse plus qu’il ne m’intéresse.

    • Thierry Gagnon  

      Merci Jyrille!
      Il est certain que j’avais eu l’avantage de lire la série en tranches de 20 pages durant la publication initiale. J’ai donc vécu intensément dans ce monde durant des décennies.
      Pour HELLBLAZER, c’est certainement un accomplissement aussi, mais cette série a vécu plusieurs changement d’équipe créative au cours de sa publication.
      Comme perspective supplémentaire, la série entière des WALKING DEAD, avec ses 193 numéros ne fait quand même que les deux tiers de la série CEREBUS (même si à la fin elle représente un produit plus cohérent et accessible dans son ensemble).

  • JP Nguyen  

    C’est un super article pour faire découvrir CEREBUS, avec une approche équilibrée, où transparait ton attachement et ton admiration pour l’oeuvre sans pour autant passer sous silence les dérives de son auteur.

    Moi, j’ai souvent entendu parler de CEREBUS mais je n’en ai jamais rien lu. Il avait fait une apparition en guest dans un des premiers numéros de SPAWN, je crois…
    Désolé, mais en dépit de ton texte très vendeur, je suis rebuté par le look du personnage principal (il m’est de suite antipathique, alors qu’un Howard the Duck me met dans de meilleures dispositions), je ne pense donc pas franchir le pas.

    • Thierry  

      Il y a plusieurs époques de Cerebus, chacune avec un ton et un look assez différent. Peut être que mes prochains articles sauront vaincre ta réticence. 😉
      Un élément à comprendre aussi est que, souvent, même si on peut avoir de l’empathie pour lui, Cerebus est essentiellement le vilain de sa propre histoire. Son créateur le surnomme souvent “the little gray bastard”. Il est donc normal qu’il ait l’air un peu antipathique.

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