Le Défi Nikolavitch : BD et bulles de pensées
AUTEUR: ALEX NIKOLAVITCH
ILLUSTRATION PAR : MATTIE BOY
Chaque mois, Alex Nikolavitch, traducteur, romancier, essayiste, scénariste et contributeur de Bruce Lit est mis au défi de répondre aux plus grandes énigmes de la culture comics. Aujourd’hui, :
Pourquoi, dans les comics, les ballons de pensée ont disparu, remplacés par d’envahissantes voix-off en pavé de texte ?
Comme pour plein de trucs, on pourrait dire « c’est la faute à Frank Miller » et en rester là. Ce qui serait un peu court, jeune homme, comme dirait l’autre, d’autant que ses Daredevil en sont blindés, de ballons de pensée.
Et puis, chaque fois qu’un truc donne à dire « c’est la faute à Frank Miller », trois fois sur quatre, en vrai, c’est la faute à Howard Chaykin. La narration en écrans de télé qui semblait si originale dans The Dark Knight Returns ? C’est Chaykin qui l’avait inventée quatre ans plus tôt dans American Flagg !, une série dont les premiers épisodes ont été colorisés par la future madame Miller, Lynn Varley, à une époque où le jeune Miller avait remplacé Jim Starlin à l’Upstarts Studio, un studio où l’on trouvait Chaykin et Simonson.
Et des ballons pensée, Chaykin n’en utilise pour ainsi dire jamais.
Donc, c’est pas Frank Miller.
Il peut pas être responsable de tout, ce pauvre garçon, non plus.
Notons que, vers la même époque, Alan Moore n’utilise pas de ballons de pensée non plus.
Alors, c’est toujours compliqué d’essayer de déterminer qui a inventé un effet de style qui se caractérise par… une absence. On se souvient du nom du mec qui a mis un deuxième acteur sur la scène des théâtres grecs (enfin, je dis « on », mais moi, j’ai oublié) mais pas du mec qui a été le premier à ne plus mettre de musiciens dans son théâtre.
Chercher des responsables pour les montrer du doigt est donc un peu vain. Sauf qu’en fait, Moore et Miller ont quand même une bonne part de responsabilité quand même.
Mais revoyons l’action au ralenti.
Le pavé de texte (on dit aussi, parfois, « didascalie », quand on veut briller dans les dîners en ville) est un outils vieux comme la BD. Au départ, il est là pour pallier à la nouveauté du média : en expliquant l’action, il permet aux lecteurs pour lesquels le découpage séquentiel n’est pas naturel de suivre quand même. Et accessoirement, il donne à lire, permettant en théorie d’évacuer le reproche classique selon lequel la BD éloignerait les enfants de la « vraie lecture ». Dans les premiers comic strips de Tarzan, Edgar Rice Burroughs exige d’ailleurs une narration à l’ancienne avec descriptif sous la case, comme du temps de Bécassine.
Par ailleurs, ces pavés de textes écrits au départ sur le principe du « narrateur omniscient » permettent de gérer des ellipses, les classiques « trois jours plus tard » ou « peu après » et sont le secret de la « compression » des comics à l’ancienne, qui permettent des histoires en un à trois épisodes que Bendis diluerait de nos jours dans une saga de deux ans, soit vingt-quatre numéros, un special et deux annuals. On sait aussi que les editors de DC des années 50 et 60 exigeaient un nombre de mot par page de leurs scénaristes, pour assurer un temps de lecture conséquent de chaque fascicule (dans les années 50, le Warren Ellis d’Authority aurait été passé par les armes par Julius Schwartz et Mort Weisinger, sans même la possibilité d’être défendu un avocat).
Dans le même temps, et ce dès les origines de la BD ou peu s’en faut (on a même un cas dans un manuscrit médiéval, je crois, mais j’ai pas retrouvé la source), le ballon de pensée donne accès à l’intériorité des personnages.
Ça commence à changer dans les années 70, avec des auteurs (à commencer par le vénérable Roy Thomas, tout jeunot à l’époque) qui tentent des effets narratifs dans les pavés de texte. Par ailleurs, un pavé de texte dans lequel on colle des parenthèses devient un moyen de poursuivre un dialogue dans une autre scène. Ou de mettre en contrepoint de l’action une autre source : c’est ce que fera Moore, dans Watchmen, avec les extraits du journal de Rorschach, tout en s’interdisant les didascalies purement narratives (dont il a pourtant montré, sur Swamp Thing, qu’il les maîtrisait parfaitement). L’utilisation du pavé de texte comme une voix off ouvre le chemin à ce qu’on appellera improprement la « narration cinématographique », sur laquelle se pignoleront tous les premiers commentateurs de Watchmen, et qui est surtout (notamment dans le cas de Miller) une narration de polar.
Le pavé de texte « béquille du lecteur » à l’ancienne est de toute façon en train de disparaître. Un jalon de sa réinvention, on le trouve dans le Daredevil de Miller, le formidable épisode 191 (celui de la roulette russe) dans lequel non seulement les ballons de pensée ont disparu (alors que Miller les employait encore quelques mois plus tôt) mais en plus ils se trouvent remplacés par des pavés donnant à croire qu’ils reprennent des paroles prononcées par le héros au chevet de son ennemi, mais ne sont en fait que ses propres pensées. Arrivé à la fin de l’épisode, le lecteur comprend que depuis le début, DD se tient sans un mot face à Bullseye, et joue à la roulette russe avec lui sans un commencement d’explication. Miller était déjà fort avant ça, mais c’est avec Daredevil n°191 qu’il devient grand.
Ce qu’il fera par la suite, c’est utiliser ces voix off intérieures comme contrepoint, en alternant les points de vue. Dans Elektra Assassin comme dans Batman : Year One, chaque épisode donne à entendre une voix différente, démontrant l’efficacité du procédé pour approfondir les rapports entre les personnages. La force de Miller, c’est qu’il sait écrire, et que les délires hachés d’une Elektra gavé de médocs, les rapports des agents du Shield, les pulsions graveleuses de Garrett, les analyses froides de Bruce Wayne ou les ressentis du commissaire Gordon sont à chaque fois écrits dans un style différent et bien pensé (quand la voix off du premier cycle de Sin City, centrée sur le personnage de Marv, est aussi monolithique que lui, dans cette volonté de pasticher le roman noir et notamment les fulgurances brutales d’un Mickey Spillane).
Bien entendu, l’utilisation d’une voix off du personnage rend inutile et redondant le ballon pensée à l’ancienne. Pire encore, elle lui donne un côté désuet, alors que de plus en plus d’auteurs (souvent moins doués que Miller) vont employer cette voix off d’une façon plate, peu créative, qui de surcroît la renvoie aux anciennes didascalies béquilles des auteurs du golden et du silver age. La voix off devient à la fin des années 80 le tic narratif « cool ». Du coup, Moore, qui n’utilisait pas de ballons pensée, prendra un malin plaisir à les réintroduire dans des séries comme Supreme, ce qui participe du côté old school de ce genre de projets.
Ce qui démontre bien que, dans la conscience collective, le ballon de pensée est devenu quelque chose de vieillot, comme les pavés de texte opératiques de Blake et Mortimer. Pire encore, les cases agrandies de Roy Lichtenstein en ont fait un cliché de BD à l’ancienne, comme la trame à gros points. Ça devient un effet de style gentiment ringard.
Et là, du coup, je vais passer à la première personne. Dans un article qui se veut sérieux et documenté (bon, le défi Nikolavitch, c’est une rubrique dont la signalétique montre bien dès le départ qu’il ne faut pas trop la prendre au sérieux, mais quand même), passer à la première personne et donner son avis et son ressenti personnel peut avoir un côté incongru. La grande presse nous a habitué à des éditorialistes qui donnent leur avis et leur ressenti personnel sur un ton de vérité générale. Comme je suis plus honnête (je crois), je préfère être clair quand je me prends en exemple. Histoire que les gens puissent prendre un tel exemple avec des pincettes, genre.
Vous le savez peut-être, mais quand je n’écris pas des conneries dans le beau site de Bruce (magne toi Alex, t’es en train de dépasser le quota là ! Ndr-), j’en publie sur papier (et il y a même des inconscients pour me payer pour ça, des fois). Et j’ai au fil du temps publié quelques centaines de pages de BD, que ce soit en album ou dans les vieilles revues au format poche de l’ancien temps (oui, je lisais Blek le Roc et j’ai connu les téléphones à cadran, je sais, je suis vieux, foutez-moi tranquille, merde).
Ayant commencé à réfléchir à ce qu’était la BD en décortiquant les premiers auteurs à m’avoir vraiment impressionné par leurs astuces narratives, à savoir Moore et Miller dans les années 80, je suis en quelques sortes conditionné à utiliser plus facilement des effets de voix off que des ballons pensée. J’évite autant que possible ceux-ci, ainsi que les didascalies narratives, et coller un « trois jours plus tard » au début d’une scène m’emmerde assez. Et la seule fois où j’ai utilisé les ballons pensée, c’était dans une série humoristique publiée dans des pockets vieillots. Le dessinateur avec un style un peu à la Eisner, le format et le noir et blanc étaient celui de Spécial Rodéo, revue qui publiait par ailleurs de la BD italienne un peu rétro, et le ballon pensée me semblait coller au sujet (même si les didascalies étaient par ailleurs la voix off d’un narrateur récurrent façon Tales of the Crypt).
Car, et là je parle à titre purement personnel, le ballon pensée, la lourde didascalie et les onomatopées (je n’en utilise quasiment jamais non plus) me semblent relever de l’attirail d’une BD à l’ancienne, dans le cas des ballons pensée et des onomatopées, d’une BD humoristique à gros nez que je pratique très peu. Dans ce domaine, je suis un peu comme Bilal qui, dans Partie de Chasse, ne se résigne à l’onomatopée qu’à la toute fin, quand elle devient narrativement indispensable.
Est-ce que cette impression est fondée ? Est-ce que le ballon pensée fait vraiment partie d’un bric à brac obsolète ? Bien sûr que non, mais intuitivement je ne vais pas penser mon récit avec ce genre d’outils, à moins de me rapprocher de trucs rétros. C’est comme ça, tout comme il ne me viendrait pas à l’idée de faire de la cuisine assis, parce que je n’ai pas appris comme ça. Limitation ? Sans doute (je m’engueule très régulièrement avec mon vieux complice Jean-Marc Lainé précisément à propos des onomatopées et des ballons de pensée, qu’il considère comme des outils légitimes dans l’arsenal de l’auteur de BD)(quand je dis je m’engueule, c’est bien entendu une figure de style, on n’est plus à l’époque où des lecteurs des fanzines où nous sévissions croyaient que nous nous détestions sur la foi d’articles où nous nous ingéniions à nous contredire violemment l’un l’autre).
Bref, le ballon pensée a quasiment disparu. Pourquoi, comment ? Disons que l’économie narrative du média l’a un peu repoussé à la lisière, qu’elle est redondante dès lors que les pavés de texte ne sont plus l’émanation d’un narrateur omniscient mais de l’intériorité des personnages.
Bon, finalement, on va quand même dire que tout est de la faute de Frank Miller.
Avec sa tête de Freddy Krueger passé à la javel, c’est un coupable idéal.
——
Mais pourquoi les bulles de pensées c’est devenu ringard dans les comics ? Est-ce que c’est encore la faute à Miller ? Et p’tête aussi d’Alan Moore ! Pas de panique, Alex Nikolavitch prend les choses en main et vous explique tout ça. Il pense donc il est chez Bruce Lit !
« [..] et des onomatopées, d’une BD humoristique à gros nez que je pratique très peu. » dis-tu.
« Et pourtant que d’inventions possibles avec ces onomatopées ; voire à ce propos la série Incredible Hercules, ou le travail de Frank Quitely (disponible sur mon blog, notamment).
Ou le magnifique travail de Tiburce Ogier [http://artemusdada.blogspot.fr/2016/03/buffalo-runner-tiburce-oger.html] sur BUFFALO RUNNERS, qui en y ajoutant un travail sur la couleur figure le temps, la distance.
Extraits de mon article (illustré) : » Le personnage tombe (première case) avant que le son de la déflagration ne se manifeste aux oreilles des protagonistes (deuxième case).
Dans la case suivante, le tireur s’est rapproché : la chute et l’onomatopée sont dans la même case et les lettres se chevauche alors que dans la première onomatopée il y avait comme un étirement .. »
Les deux cases suivantes (infra) donne une idée de mouvement avec l’encrage de l’onomatopée : le haut des lettres n’est pas encré : début du versement le plomb ne touche pas la pince (pas de bruit), puis expansion du centre vers l’extérieur à la fois de l’onomatopée et du liquide. »
Bref, je suis partisan des deux les bulles de pensées et les onomatopées. [-_ô]
Sur les onomatopées, on peut ajouter le travail de Ken Bruzenak, compère de longue date d’Howard Chaykin, avec un travail sur graphie des lettres inventif, donnant à voir le son. Et il serait honteux d’oublier Dave Sim en tant que lettreur plein de ressources.
Oui voilà, un bon lettrage avec un « crac » qui se fendille ou perd des morceaux ça illustre bien le son. Je suis fan et je le pratique, j’assume^^
Tres interessant comme analyse. Je penchecdu cote de jean marc laine. Je trouve que les recitatifs , les bulles de pensee et les traits de mouvement font partie d un vocabulaire propre a la bd et peuvent apporter beaucoup, sans se forcer a les utioiser.
Cette manie de vouloir caser la narration bd sur celle du cinema a aussi sans doute contribuee a leur disparition.
Très drôle, comme d’habitude 🙂
Bon moi, la BD old-school, je
l’emmerdem’en passe volontiers. Je fais partie de cette école postmoderne où ce vocabulaire à base de bulles pensée, de didascalies et d’onomatopées, c’est de l’ordre des vieilleries préhistoriques proprement ringardes, à ne réserver comme le dit Alex, que dans les trucs humoristiques à gros nez. La bande à Miller & Moore (et Chaykin donc, si j’ai bien suivi) a ringardisé le machin il y a déjà 30 piges, et pour ma part c’est définitif, allez hop ! circulez y a rien à voir…D’ailleurs, quand je me relis un vieux Blake & Mortimer, je zappe systématiquement les didascalies et, lorsqu’il m’arrive de me résigner à lire encore un comics de superslips, s’il y a trop d’onomatopées ou de bulles de pensée, il finit en général en boule à l’autre bout de la pièce…
Maintenant, oui, il suffit qu’un gars hyper talentueux nous refasse le coup de l’onomatopée ou de la bulle de pensée avec de l’esprit, de l’inventivité et une bonne dose de concept qui va bien, et là, je changerais probablement d’avis comme on change de chemise…
Superbe article (comme toujours) qui permet de fixer à peu près la date de l’obsolescence de bulles de pensée, les responsables, une réflexion très pénétrante sur la difficulté à cerner une absence, des exemples très pédagogiques (impossible également d’oublier les pensées sirupeuses et romantiques sur fond rose de la secrétaire dans Elektra: Assassin). En prime tout se finit par la mise en pratique de l’auteur lui-même avec mise en garde sur sa valeur relative, quelle leçon !
En lisant l’article, je me demandais si la disparition des bulles de pensée est aussi patente dans la BD franco-belge.
Ah les onomatopées aussi vous n’aimez pas ? Bon ben moi j’avoue que j’aime bien ça. Avec une typo adaptée ça renforce même l’aspect violent d’un truc. Genre ça :
Les bulles de pensées qui décrivent l’action c’est vieillot oui. Mais dans l’exemple donné avec le gosse qui veut aider le shérif, je vois pas le problème. Peut être que je suis de la vieille école mais je m’en sers aussi dans mes propres BD amateures.
Le problème de a voix off extérieure du mec qui parle de ses problèmes pendant l’action, c’est qu’elle m’a toujours donné l’impression du coup qu’elle se situait à une autre époque. Comme si le personnage racontait à quelqu’un ce qui lui est arrivé 2 jours avant ou comme s’il s’agissait d’un journal intime (ce qui fait très ringard). Et parfois du coup ça fout en l’air le suspense car si le mec raconte ça dans le futur, on sait qu’il ne va pas crever.
Sauf que des fois…ben en fait ça n’a pas de sens. La voix off est au présent, le mec semble raconter mais en fait il meurt. Et du coup…WTF ? Faut qu’ils se fassent soigner ces mecs qui pensent au passé dans le feu de l’action présente.
L’onomatopée Bruzenak/Workman, à lire, j’adore.
mais à mettre dans mon propre boulot, je n’aime pas. comme je disais, c’est personnnel, et Chaykin dans les chainages délirants d’onomatopées, ce serait pas pareil.
la scène de la confession, dans Sin City, avec l’onomatopée tellement tonitruante qu’elle DEVIENT le cadre, c’est génial. mais j’ai pas la maîtrise pour me lancer dans ce genre d’effets.
Oups j’ai oublié mon exemple^^ :
https://www.google.com/search?q=tintin+crac&client=firefox-b-ab&tbm=isch&source=iu&ictx=1&fir=lY1SbassT-kiJM%253A%252CEIolBVIigwflqM%252C_&usg=__XAjbxqsrScyGIeL1gU5SG9eVD24%3D&sa=X&ved=0ahUKEwiZptTOgaXaAhWRF8AKHbLZB3EQ9QEILzAD#imgrc=lY1SbassT-kiJM:
Dans les bagarres aussi, un « crac » bien placé peut bien faire comprendre que le mec s’est fait casser la mâchoire alors qu’une absence d’onomatopée perd en dynamisme ou violence.
Mais bon…avis perso.
je pose aucunement une règle absolue, d’autant que je ne crois pas aux règles en bande dessinée.
et dans Spawn, par exemple, j’utilise une onomatopée pour le téléphone, sinon la séquence serait devenue incompréhensible.
et en effet, pour revenir sur ce que disait Matt, pour le gamin et le shérif, ça me semblait tomber sous le sens d’utiliser des ballons pensée, ça collait au style.
C’est aussi une question de contenu de la bulle. Si c’est pour commenter l’action « si je saute par dessus lui et que je le tape dans le dos, il devrait perdre l’équilibre » alors qu’on voit le mec accomplir l’action comme ça peut être le cas dans des vieux comics, oui ça fait daté et redondant.
Hello à tous,
Tout d’abord félicitation pour ce site que je découvre et qui est un puits de culture. Je ne sais pas s’il existe depuis longtemps mais si c’est le cas, j’ai raté quelque chose :-(.
Il va falloir rattraper tout ça.
Bravo aux intervenants pour la richesse des articles. J’arrive encore à apprendre des choses malgré mes 40 ans de culture BD / Comics ce qui est rare pour un site francophone.
Quand, dans un post précédent, on analyse le Warlock de Starlin et que, dans le cas présent, on évoque de cette manière Roulette de Miller je dis : Respect Messieurs !
Pour en revenir à l’article du Jour je dirais que la narration dans les comics évolue pour une lecture plus fluide. Cependant la non utilisation des bulles de pensée, des didascalies ou autre onomatopées ne fonctionne que si l’on a affaire à un excellent dessinateur. Il doit être, au minimum, du niveau du scénariste.
Et quand il est exceptionnel il peut même se passer de texte. Je pense à certaines BD muettes et notamment à « Là ou vont nos pères » de Shaun Tan. Le mec réussit à nous raconter une histoire émouvante à plusieurs niveaux de lecture et cela rien qu’avec sa virtuosité graphique. Impressionnant !
Bonjour Surfer,
si tu es de nature obsessionnelle compulsive, tu peux même repartir de la première page du site (lien ci-dessous) et refaire toutes les pages une à une avec la flèche à gauche de l’écran. Ou alors en appuyant sur le + en haut à droite, choisir un mois pour voir tous les articles du mois s’afficher à l’écran et faire ton choix.
http://www.brucetringale.com/guerre-secrete/
@Présence,
Merci pour ces infos sur l’architecture du Site. Ça va m’aider.
Bon, si j’ai bien compris, j’ai un peu plus de 4 ans à rattraper soit plus de 1000 chroniques… Je vais m’amuser 😉 Je me dope à la caféine et demain j’ai fini.
je vais pas développer mais je suis Jim Lainé team… 🙂
j’ai longtemps pensé que c’était ringard aussi. mais en fait un outil, c’est un outil.
C’est pas le meilleur, pas le plus adapté dans un récit polar noir mais…
Je me souviens du premier arc de Mighty Avengers de Bendis et Frank Cho qui les utilisaient pour illustrer un double discours à tendance humoristique et ça marchait très bien…
Quand on sort des comics on sera surpris que les manga (notamment les shojos) mélangent les deux tendances narration interne/pensée un peu comme l’épisode de Daredevil cité… une autre façon de se servir de ce genre d’outil…
Les histoires de ringardises, pour moi c’est un pu comme le piano et le clavecin…
@Surfer : Bienvenue à toi, il te reste 1230 articles à lire pour rattraper ton retard, dont celui sur Là où vont nos pères.
@Alex : je me suis régalé. Tu as répondu à mes attentes réelles sur cette fameuse histoire de bulles même si j’aurais voulu en savoir plus sur le francoblege.
Pour ma part, je m’en fiche. Je ne pourrais pas imaginer DD ou Spider-Man sans leurs monologues intérieurs; DD et son sens radar, Spidey qui flippe dans ses synapses tout en rigolant à haute voix.
Finalement ce qui compte à mes yeux c’est la manière dont est racontée l’histoire et illustrée. Les larges pavés de textes me gonflent en général, il faut savoir me captiver. Ennis est comme ça : ces derniers temps il est pris de jactance sans les dessinateurs pour rendre tout ça intéressant.
Inversement l’utilisation du polar dépressif chez Azzarello ou Brubaker m’ont progressivement éloigné de ces auteurs que j’ai pu apprécier : j’ai l’impression de toujours lire la même voix, les mêmes réflexions, les mêmes histoires. Ils me gonflent très vite avec ou sans bulles de pensées.
Chez Claremont, ça ne me dérange pas. C’est un bavard. Mais c’est tellement bien écrit.
Pour aller dans ton sens, j’ajouterais ceci : quand dans la France des 80’s , tes Xmen paraissent tous les deux mois, que tu lis pas encore des comics à la chaîne, ces pavés de texte, tu les lis et les relis sans lassitude pour patienter entre deux épisodes. Je pense notamment au suspense autour de la mort psychique de Cyke lors de son duel contre Mastermind.
@Matt : et encore merci pour tes illustrations de rubrique. C’est toujours une joie de voir Nikolavitch where he belongs ! To Arkham !
@Bruce lit,
« Là où vont nos pères » avait été traité. Damned, moi qui voulait sortir ma science… Décidément, ce site est génial ;-).
Pour les 1230 articles je vais y arriver. Quand on aime on ne compte pas.
Il est super ce défi, mais il est sérieux. Le sujet ne prête pas vraiment à rire puisqu’il s’agit carrément de l’évolution du medium, du passage au grim n gritty (même si apparemment c’est plutôt encore avant), à l’éloignement de la bd comique de Marcinelle… C’est très intéressant et toujours bien écrit de toute façon !
La dernière fois que des bulles de pensée m’ont marqué, c’est Morrison qui les a détournées dans The Filth. Selon le personnage, elles apparaissent réellement et tout le monde peut lire ce qu’il pense. Ce qui est savoureux je trouve…
La première case est splendide !
La BO : je ne connais pas assez mais j’aime bien.
Taxi Girl, c’est de là que viennent Mirwais et Daniel Darc
Oui à part ça je ne connais pas bien Taxi Girl… j’ai écouté un album de Mirwais au début des années 2000 quand il produisait Madonna.
@Jyrille : le seul unique album de Taxi Girl a été produit par JJ Burnell des Stranglers qui les avaient adopté en première partie.
C’est délicieusement rétro mais non sans évoquer les premiers Depeche Mode. Et surtout jamais réédité.
@Nikolavitch : ton article vient d’être partagé par le grand Dionnet himself sur son mur FB. Tu le connais ?
un petit peu, de l’époque où j’étais aux Humanos. Il a bien aimé deux trois trucs que j’ai faits, notamment Mythe et Super-héros.
Les bulles de pensée, j’ai rien contre. Enfin, au niveau esthétique, ça peut bouffer plus de place sur la planche par rapport à des pavés rectangulaires… Mais c’est pas le mal absolu, quand même. Du coup, je trouve les critiques du genre « oh l’autre, il met des bulles de pensée, on lui a pas dit que ça se faisait plus ! » un peu sévères.
Et les onomatopées aussi, c’est cool. Ce sont des outils qui font partie du vocabulaire de l’art séquentiel. Selon le style de la narration, ça peut être bien pratique…
Sinon, encore un défi relevé avec brio (quoique j’ai un doute, « brio » n’est pas crédité dans les tags en fin d’article)
Je suis assez de l avis de Jean-Marc.. Cela reste des outils à disposition.. Moore en a réutilisé et de belles façons.
Comme d’habitude, un outils comme un media n est pas bon ou mauvais.. c est son utilisation qu il l est.