Dune par Denis Villeneuve
Un article de ALEX NIKOLAVITCH1ère publication le 12/10/21 – MAJ le 03/08/22
C’est chose faite. Tout est accompli ou presque. J’ai enfin vu DUNE, version Denis Villeneuve. On peut dire qu’on l’attendait de pied ferme, celui-ci. Moi, en tout cas, je l’attendais avec une pointe de fébrilité.
Le CYCLE DE DUNE, par Frank Herbert (méfiez-vous des imitations), c’est un monument de la SF et un pan majeur de ma mythologie personnelle, que j’ai énormément relu et décortiqué, 6 romans denses, dont chacun fracasse le statu-quo posé par les précédents pour en approfondir les thèmes.
J’ai déjà parlé en ces pages des ADAPTATIONS DE DUNE, je ne reviendrai donc pas, ou peu ici sur le roman d’origine et encore moins sur les films et séries qui en ont été tirés par le passé.
Ce qui nous intéresse ici, c’est bien entendu le film sorti cette année (avec plusieurs mois de retard, Covid oblige). Première remarque : il ne constitue qu’une première partie d’un tout qui n’existe pas encore, la deuxième n’ayant même pas commencé à être tournée. Difficile donc de savoir si le pari que constitue une telle adaptation a été totalement tenu, et surtout la façon dont certains des grands thèmes auront été traités.
Mais j’y allais confiant. Dans PREMIER CONTACT, Villeneuve avait montré qu’il parvenait à mettre en scène habilement le pouvoir de prescience, la vision du futur, et dans BLADE RUNNER 2049, qu’il était capable de bâtir un univers visuel riche et très personnel. Deux des clés de DUNE.
Premier constat : le côté spectaculaire est là. Villeneuve, qui parlait un temps de faire un « STAR WARS pour les adultes » nous montre ce qu’il entendait précisément par là. Il se refuse visiblement à certains des tics visuels de la saga de George Lucas. Pas de long travelling sur les énormes vaisseaux spatiaux ici, leur gigantisme est montré autrement. Sans insister dessus, d’ailleurs, ce qui est raccord avec le bouquin, qui les décrit très peu. Il ne sacrifie pas l’épique pour autant : certains des combats ont quelque chose de monstrueux dans le genre.
De ce point de vue, la mission serait totalement accomplie s’il n’y avait ces choix de photographie qui conduisent à une image souvent désaturée, voire manquant de contraste. Ils ont quelque chose de cohérent, correspondant généralement à des lumières crépusculaires, sur un monde où on évite le soleil, mais le résultat a quelque chose de tristoune. Et du coup, la chaleur étouffante d’Arrakis, lieu de l’action, n’est pas franchement très sensible : de fait, et de façon bienvenue, Villeneuve s’interdit globalement le gros filtre jaune dégueulasse qui sert généralement à coder « le sud » dans la plupart des productions depuis vingt ans. Mais si les Fremen portent des costumes recyclant immédiatement leur sueur, les autres devraient tous transpirer comme des bourricots ou des figurants de Sergio Leone.
Ce rapport tendu aux codes du genre, il est d’ailleurs intéressant : DUNE par Frank Herbert est une œuvre qui emploie les codes narratifs rebattus du « voyage du héros » pour mieux les déconstruire ensuite, mais elle a également posé bien des codes de la SF qui a suivi, exploités notamment par… George Lucas. En montrant des armes à rayonnements beaucoup plus réalistes que celles de STAR WARS, en mettant en scène des combats parfois extrêmement ritualisés, il essaie de nous proposer autre chose, et de désamorcer le côté désormais assez convenu de l’histoire elle-même.
Du coup, ça peut désarçonner. Et certains choix, s’ils sont cohérents, peuvent même attrister : la ville d’Arrakeen, totalement bunkerisée chez Villeneuve, perd son aspect souk proche-oriental et se trouve dès lors assez désincarnée. On n’en voit peu la vie, à peine la population, et l’effet est renforcé par l’omission de la grande scène du banquet, très importante dans le roman, où se posaient beaucoup d’enjeux et de rapports de force au niveau local, tout en montrant bien le mode de gouvernement des Atreides.
De même, certains personnages importants semblent un peu expédiés, comme le docteur Yueh (Chang Chen) ou le mentat dévoyé Piter de Vries (joué par David Dastmalchian, vu récemment en Polka Dot Man dans THE SUICIDE SQUAD). D’autres voient leur rôle enfin étoffé, comme Duncan Idaho (Jason Momoa), qui était le parent pauvre de la version Lynch (alors que le personnage a une importance majeure dans tout le cycle).
À chaque fois, il s’agit de choix raisonnés de Villeneuve, qui se débat avec un roman complexe, très dense, qu’il a choisi de couper en deux, mais qui doit présenter personnages et situations en deux heures et demie. Son montage s’en ressent d’ailleurs : il est beaucoup plus nerveux que d’habitude, et a dès lors quelque chose de frustrant. Bien des séquences seraient beaucoup plus satisfaisantes si elles duraient de serait-ce qu’une quinzaine de secondes de plus (je pense par exemple à celle sur le monde des Sardaukars, les commandos de la mort impériaux, qui pose énormément de choses en très peu de temps, mais serait plus impressionnante encore en prenant le temps de ses panoramiques).
Par ailleurs, la musique de Hans Zimmer est riche de belles fulgurances, mais elle a aussi un côté envahissant et alourdit parfois notablement la narration, à coups de chants qui finissent par vriller la tête du spectateur.
Si les deux stars du film sont Timothée Chalamet et Zendaya, la deuxième n’y apparaît presque pas. Elle hante les visions du premier, et n’est réellement présente que dans les dix dernières minutes. Chalamet, pour sa part, porte bien le personnage de Paul, gamin forcé de grandir trop vite et de s’endurcir d’un coup lorsque sa famille se fait exterminer.
Rebecca Ferguson, qui joue sa mère, pose un autre problème. Lady Jessica, dans les romans, est agitée de tourments intérieurs, mais sa formation la conduit à n’en jamais rien laisser transparaître. Pour ajouter à l’émotion de certaines scènes, il a visiblement été décidé de demander à l’actrice de montrer ses tourments, son inquiétude, de laisser éclater l’intériorité du personnage. Pourquoi pas, mais du coup cela fait un peu bizarre de la voir gérer à mort à d’autres moments. Oscar Isaac, par contre, incarne à la perfection le leader charismatique mettant en scène sa propre bienveillance, sa droiture, et finissant par y croire. Quant aux Harkonnen, ils crèvent l’écran le peu qu’ils y sont.
Que penser donc de ce DUNE nouvelle manière ?
Le film est long et laisse une impression de trop peu : et pour cause, il ne raconte que la moitié de son histoire, coupant à un moment logique, avant une ellipse de plusieurs années dans le roman, mais qui laisse le spectateur forcément frustré.
Sur ses environ deux heures et demie, il doit mettre en place beaucoup d’éléments, et Villeneuve doit donc recourir à un montage plus sec qu’à son habitude. Si son goût des séquences contemplatives se fait encore sentir, on est très loin des longs (très longs) plans de paysages ou de bâtiments de BLADE RUNNER 2049. Vu la densité de sa source, il est amené à faire des choix, à tailler dans le matériau. Tout ça mit bout à bout donne quelque chose de relativement désincarné à un univers qui devrait être foisonnant.
Les choix d’adaptation, c’est le nerf de la guerre, dans ce genre de cas. Villeneuve est un grand fan du bouquin, et décider de coupes n’a probablement pas dû être facile. Ça ne l’est jamais, dans ces cas où l’on a un rapport ancien et fort à une œuvre. Avec le temps supplémentaire qu’il a eu pour peaufiner son montage, et on sait qu’il l’a mis à profit dans ce domaine, on peut penser que Villeneuve a pris le temps de le peser mûrement.
D’autres choix, non narratifs par eux-mêmes, participent de cet aspect désincarné. Il y a eu un gros travail de design. Les vaisseaux des différentes factions, par exemple, ont chacun leur style distinctif.
Revenons sur ces choix visuels. Dans une adaptation de ce genre, à moins que l’auteur n’ait méticuleusement tout décrit (et même dans ce cas, parfois : Peter Dinklage, à part côté taille, ne ressemble absolument pas au Thyrion Lannister des romans de G.R.R. Martin), il y a une part de latitude laissée aux gens de cinéma pour réinventer visuellement un monde. Frank Herbert et DUNE représentent de ce point de vue un quasi cas d’école : l’auteur n’y décrit… à peu près rien. Il n’entre jamais dans les détails. Si, à la lecture de DUNE, on se représente un monde baroque, c’est uniquement par un effet synesthétique de mise en contexte. L’univers féodal et complexe induit dans l’esprit du lecteur quelque chose de foisonnant. Mais si l’on s’en réfère au texte tel quel, il n’y a rien. Villeneuve peut donc donner libre cours à son goût pour les architectures brutalistes. Le climat sur Arrakis lui permet de justifier un style bunker et d’imposer sa patte sur un univers qui a déjà été copieusement mis en image par ses prédécesseurs, sans contredire la lettre des romans. Comme avec le reste du style de ce réalisateur, ça passe ou pas.
Mais tous ces choix sont marqués par une cohérence de vision, qu’on retrouve d’ailleurs de films en films (les astronefs très arrondis comme dans PREMIER CONTACT, par exemple) et un sens de la suggestion : beaucoup de choses sont mises en place d’une façon purement visuelle, ou par le sound design : les Sardaukars, par exemple, les commandos impériaux de la mort, sont posés en une séquence comme un ordre quasi religieux, tandis que le dialogue de la scène porte sur d’autres choses. De même, la Guilde Spatiale est tout juste esquissée, et certains éléments ne prendre sans doute sens, à son sujet, que dans le deuxième volet.
Le résultat, c’est une certaine froideur de l’ensemble, paradoxale vu le sujet, et une aridité narrative beaucoup plus raccord. DUNE se repose sur des acteurs connus et apprécié du grand public, et donne à celui-ci du grand spectacle, mais la sécheresse du ton confère à l’ensemble un côté un peu difficile d’accès. De quel côté penchera la balance ? C’est une vraie question, puisque de la réception publique dépendra probablement l’existence, ou pas, de la suite, suite dont on ne verra de toute façon pas la couleur (ou l’absence d’icelle, si l’ambiance reste aussi désaturée) avant deux ou trois ans dans le meilleur des cas.
À une époque où, avec THE EXPANSE ou le tout récent FONDATION, une SF exigeante mais spectaculaire fait son grand retour à la télé, la question est de savoir si elle pourra s’imposer aussi dans les salles. Quoique puissent en dire les prophètes gavés d’épice, enjeu de la bataille sur Arrakis, l’avenir n’est pas encore écrit.
La BO du jour
Tout est accompli ou presque : mince la prophétie s’est réalisée dans son entièreté et cela te prive du coup de raison de vivre. Désolé pour toi de cette mauvaise nouvelle. 😀
Le cycle de Dune, par Frank Herbert (méfiez-vous des imitations) : un certain Brian H. par exemple ?
Bien des séquences seraient beaucoup plus satisfaisantes si elles duraient de serait-ce qu’une quinzaine de secondes de plus : peut-être dans la version Director’s cut ?
Les choix d’adaptation, c’est le nerf de la guerre : je me souviens des développements de Tornado sur le sujet.
J’ai beaucoup aimé ces paragraphes qui expliquent les choix visuels : effet synesthésique de mise en contexte, l’architecture brutaliste, les choses mises en place d’une façon purement visuelle.
Merci pour cet article impressionnant qui parvient à intéresser quelqu’un qui se fout éperdument de cet univers et de Dune en particulier. Il est très peu probable que je parvienne à me dégager 3 heures dans mon agenda mais j’ai vraiment apprécié lire cette approche sensiblement différente de tout ce que j’ai pu lire sur ce film.
C’est très pertinent de voir que Villeneuve a su se différencier de Lucas et réaliser un « vrai » film de scifi sans se conformer aux standards actuels. Ce doit être formidable de voir ça pour un amoureux du genre.
Tiens, tu sais d’où ça vient ce filtre jaune qui s’impose sur tous les films où il fait chaud. C’est presque un défi en soi, non ?
la première fois où ça a été frappant, c’est dans Trafic, de Steven Soderbergh, où il pose trois ambiances visuelles fortes (jaune écrasant au Mexique, naturaliste à la frontière et à L.A., et bleu glacial à Washington). Soderbergh en tire un code narratif très chouette, mais qui a depuis été imité sans subtilité.
complètement sans rapport, je viens de percuter que Benicio del Toro était dans Permis de Tuer, le deuxième 007 avec Timothy Dalton. ça m’a fait ma journée.
Je ne me rappelle plus de TRAFFIC.
Reste l’affiche qui singe comme tous les autres blockbusters celles des STAR WARS depuis des années.
J’aime bien le graphisme par contre qui me rappelle celui de Quitely pour NEW XMEN.
TRAFFIC est un bon film qui marche cependant moins bien à la seconde vision mais je rejoins Alex, ces identités colorées fortes fonctionnent très bien pour ce film.
Il faut que je revoie les Bond de Roger Moore et Timothy Dalton (aucuns souvenirs ou presque). Peut-être pas ceux de Pierce Brosnan parce que j’en ai revus il y a trois ou quatre ans et je les avais trouvés très mauvais.
oui, les continuations du cycle par Brian Herbert et Kevin J. en personne sont à côté de la plaque, à mon sens. Là où le cycle d’origine travaille énormément sur la suggestion et le non-dit, les suites et préquelles en font un space op assez générique.
J’ai l’impression qu’il y a une certaine mode à cette fameuse « froideur » et cette esthétique d »saturée un peu synonyme de « sérieux » d’un film…
J’avoue que depuis que les you tubeurs se sont emparés du sujet DUNE à l’occasion de ce film, je suis de plus en plus tenté de me faire la mini série en fait…
plus modeste, plus à portée de main, elle a l’aire d’être plus « chamarrée »
Ce film m’a l’aire d’être comme les Jupiter Ascending et consorts, d’un chiant….
il faudrait aussi que je lise le livre bien entendu….
oui, la série est beaucoup plus colorée et baroque. après, son manque de moyens est absolument criant. mais y a quelques acteurs qui font la différence, notamment Ian McNeice en Baron Harkonnen.
la suite est mieux foutue, avec plus de budget, plus Susan Sarandon en méchante, et le tout jeune James McAvoy.
Alors je te rassure Eddy : ce film n’a strictement rien à voir avec le JUPITER ASCENDING des Wachowski.
Le hasard de la programmation des articles veut que celui-ci soit publié le lendemain de ma sortie au ciné pour voir le film !
Je l’ai donc vu hier soir et je l’ai beaucoup aimé. Surtout pendant la projection. J’étais un poil déçu en sortant car il ne me restait pas assez en bouche… Comme un bon vin qui fait son effet sur l’instant mais qui ne dure pas assez…
Il manque le petit grain de folie injecté par David Lynch (c’est le problème pour tous ceux qui ont été biberonnés avec sa version) mais également quelques couleurs, parce que 2H30 de film beige, ça essuie les yeux…
Pour le reste je suis d’accord avec l’analyse de Nico. La partition de Zimmer m’a emporté la majeure partie du film (la descente des Atreides au son des cornemuses m’a filé de ces frissons !), mais aussi quelque peu oppressé vers la fin, à force de tambours et de chants saturés.
On reste quand même dans une adaptation haut de gamme, un poil lisse mais extrêmement majestueuse. Un bon trip de salle de ciné et un bel hommage visuel à l’oeuvre de Frank Herbert, malgré ces trahisons que sont les lois de l’adaptation…
C’est vrai que les acteurs assurent et j’ai adoré retrouver toutes ces têtes d’acteurs qui m’avaient accroché dans plein de films récents, notamment Rebecca Ferguson qui crevait l’écran dans le DOCTOR SLEEP de Stephen King, et l’excellent Jason Momoa qui se bonifie avec le temps. Mais ils sont tous parfaits (super idée d’avoir mis Stellan Skarsgård en Baron Harkonnen !).
Pour le reste, la parabole messianique apparait aujourd’hui plus que rabattue (mais si j’ai bien compris les suites du premier roman, que je n’ai pas encore lues, remettent complètement en question le thème). Et sinon, n’y aurait-il pas une fois encore ce genre de métaphore un peu lourdingue dont est friande l’intelligentsia ricaine, à savoir de dénoncer l’impérialisme américain qui s’en va tourmenter les gentils africains avec ce peuple du désert replié sur sa religion guerrière ? (comme ç’avait été le cas avec LA GUERRE DES MONDES de Spielberg et le remake de ROBOCOP ?)
oui, le messianisme est complètement retourné dans les suites, puisqu’Herbert en montre les conséquences dramatiques. Mais pour le grand public, la perception ne va pas au-delà de l’arc narratif de Paul sur le premier tome, hélas.
quant à la métaphore coloniale, elle était au coeur de la démarche de Herbert, qui écrit en pleines années 60, avec toute la décolonisation en cours. elle reste d’actualité, d’ailleurs, quand on voit les diverses affaires Bolloré en Afrique, pour ne citer que ça, ou les combats autour des mines de terres rares, indispensables à l’électronique moderne.
Je n’ai aucun doute sur la démarche d’HERBERT dénonçant le colonialisme, démarche irréprochable. J’en ai davantage sur le manque de subtilité des cinéastes de blockbusters hollywoodiens, qui retournent simplement les clichés en faisant des américains les méchants contre les gentils à coup de métaphores vaseuses pour se donner des airs critiques. Mais c’était juste une toute petite intuition en ces temps de dérive idéologique.
En tout cas tout ça me motive pour lire les cinq romans suivants ! 🙂
et puis les Atréides, malgré toutes leurs bonnes intentions, foutent quand même la merde.
Oui, des colonialistes à leur corps défendant (ou à l’insu de leur plein gré) ! 😀
Que dire après cet article passionnant. Pas grand chose, mais je me reconnais dans chaque développement. D’accord du début à la fin. Toujours un plaisir de lire de tels articles.
J’ai failli le regarder.
Et puis en voyant que c’était juste une première partie, j’ai repoussé.
Vos retours me rassurent sur la qualité. Pour le reste, j’attends une suite.
Pour ma part je n’aime pas la version de Lynch, c’est un beau foutoir plein d’ellipses bizarres. Trop court pour le truc que ça raconte.
J’ai lu le livre (seulement le premier, pas les 50 suites) en 2013 ou 2014 je crois.
après, c’est la première partie du bouquin, mais le cut est cohérent : ce film nous raconte la chute de la Maison Atréides. le suivant, ce sera le retour du Jed… du Muad-dib.
les 50 suites sont à éviter. seules les 5 par Herbert lui-même sont bien (et pour le coup, même très bien, puisqu’elles vont au bout du sujet)
Merci pour cet article. Après avoir vu le film, ce retour est très pertinent ! Et je m’attendais.
Merci beaucoup Alex pour cet article. Toi seul pouvait le faire ici. Je ne suis pas un grand spécialiste des romans, mais le film m’a enthousiasmé. En effet, il a quelques défauts qui en font pour certains un film froid sans sentiments, mais je n’ai pas du tout ressenti ça personnellement. De la même façon je ne comprends pas les critiques qui le limitent à une pub pour parfum de deux heures, j’ai au contraire vu des images flamboyantes pour une histoire bien sombre. Visuellement c’est magnifique, je crois bien que c’est le premier Villeneuve que je vois au cinéma, et je ne voulais pas le louper pour ça. Je suis même prêt à retourner le voir, mais cette fois-ci en VO ce serait mieux (plus compliqué dans mes contrées).
Les fremen font clairement penser ici à des bedouins et des arabes maîtres du désert, mais je n’ai pas trouvé ça choquant. J’ai aimé tous les personnages, y compris celui de Rebecca Fergusson, très émotive, mais Oscar Isaac m’a encore plus impressionné.
Voilà ce que j’écrivais en sortant de la séance » : Bon j’ai beaucoup aimé, et Zoé aussi. La fin est un poil trop longue, quitte à faire deux parties cela aurait dû s’arrêter après la rencontre avec le ver. Pour le reste, c’est splendide visuellement, la musique de Hans Zimmer est excellente et il se renouvelle, en salle c’est encore meilleur, et jamais je n’ai eu l’impression de ne voir que des plans de pubs pour parfums. Il y en a, il compose quelques tableaux qui font un peu fond d’écran Google, mais des fonds d’écrans classes, comme ceux que je vois via la Chromecast. On s’emmerde jamais, certaines scènes sont vraiment les mêmes que celles du Lynch, sans doute des passages obligés du roman, mais j’ai trouvé le propos bien plus clair et le casting bien meilleur. Malheureusement je l’ai vu en VF.
Par contre j’ai un sentiment déprimant, qui me rappelle mon âge : c’est un film de son époque, et sans les films du MCU, sans le Dark Knight de Nolan, je pense qu’il n’aurait pas été pareil. J’ai un peu l’impression qu’il est une sorte de finalité après cette décennie de films de super-héros, de Mission Impossible et de Star Wars, qu’il reprend leurs codes, parfois même leur humour, alors que rien n’est drôle. Et que par conséquent, à l’instar de son affiche pourrie, il ne vieillira pas forcément bien, qu’il manque le souffle mystique qu’aurait aimé faire Jodo. D’ailleurs il faudrait que je voie le documentaire sur son Dune avorté, je suis certain d’y trouver une tonne de clés qui me manquent.
Mais je ne comprends vraiment pas les critiques, c’est un beau et bon film qui envoie du bois. »
Je trouve vraiment l’affiche hideuse. Par contre j’adore la BO de Zimmer. J’ai choppé les deux, et ce mélange de chants tribaux, de cornemuses, de percussions m’emporte vraiment loin. Je les écoute beaucoup en ce moment, je n’ai pas eu l’impression d’être gêné pendant la projection, en tout cas, de la même manière que ceux qui parlent de pubs pour parfums, je ne vois pas en quoi ce n’est que du « sound design ». Je pense au contraire que Zimmer se renouvelle, alors que jusqu’à présent, j’avais toujours l’impression d’entendre les mêmes choses de sa part (dans la série télé THE CROWN, j’avais parfois le sentiment que Batman allait débarquer au palais de Buckingham). D’ailleurs je n’ai pas du tout reconnu sa patte dans le dernier James Bond.
Je vais relire ton article avec un grand plaisir.
Depuis hier soir je réfléchis à cette sensation de film un peu « lisse » qui m’a pris après la séance…
Je crois qu’il y a un élément qui manque : quasiment tous les personnages meurent hors-champ. Il n’y a pas d’implication viscérale.
On est loin d’un film de Ridley Scott par exemple où la mort te met systématiquement la boule au ventre.
le coté « froid et sans émotion » revient souvent en effet mais en même temps j’éprouve ça devant 95% des films depuis quoi… 10 ans?
c’est pour ça d’ailleurs qu’on va voir des films et séries espagnoles, coréennes, anglaise etc…
pour changer de grammaire visuelle très orthonormée et blindée de fonds verts.
la direction artistique est impressionnante, mais j’ai envie de dire: « Encore heureux! », avec les moyens dont dispose l’artillerie des studios hollywoodiens, ils peuvent au moins faire des trucs jolis…
quand ça passera à la téloche, je me ferais ça tranquillou…
Bon là pour le coup Villeneuve c’est un peu son truc le froid et clinique donc je sais pas si c’est pertinent de rapprocher ça d’Hollywood.
Plein de gens trouvent ses films chiants, trop lents. c’est pas la grammaire habituelle du « tout explose toutes les 5min » Villeneuve.
C’est pas du tout calibré pour le grand public en général. C’est pas le MCU.
Par contre j’étais persuadé que la suite avait déjà été tournée, en même temps que cette première partie. Me voilà anxieux.
il doit y avoir des plans et des scènes, mais pas mal d’acteurs clés n’ont semble-t-il même pas encore été castés.
Au fait tu conseilles THE EXPANSE ?
j’ai pas été bien loin faute de temps, mais c’est très bien, ouais.
(et Fondation aussi, d’ailleurs)
Hard Science, je ne trouve pas. Jean-No trolle, là, je le crains.
ouais, Dick utilise un langage commun à ses romans pour créer l’ambiance (des mots comme « connapt », par exemple) mais décrit en effet très peu. plus qu’Herbert quand même.
Je n’ai vu aucun film avec Thimoté Chalamet. Sur l’affiche, il a une tête de collégien…
Les autres tirent tous la gueule. Y’aurait des sous-titres parodiques à écrire, genre « Pourquoi avoir accepté de jouer la Coupe du Monde au Quatar ? »
Concernant Dune, je n’ai toujours pas lu davantage que le premier bouquin. Ma soeur avait les autres mais elle m’avait dit que ça partait un peu dans du délire et ça m’avait calmé net.
Comme c’était il y a fort longtemps et que je n’ai clairement pas les mêmes goûts que ma soeur,ainée, faudrait que je retente.
Pour le film, en fait, chaipa. Je lis plein de trucs qui disent qu’il faut le voir au cinoche mais comme mes seules sorties ciné sont pour accompagner mes filles voir des dessins animés, ça sera très probablement VoD ou jamais pour moi…
Si le style verbeux de Frank Herbert ne te rebute pas, je ne peux que conseiller de retenter et de persévérer au moins jusqu’à « L’Empereur-Dieu de Dune », de volume en volume, il explore et développe les thèmes dont celui de l’homme providentiel, donnant au tout une vraie densité.
Après, on peut toujous passer à côté évidemment, je me souviens avoir commencé ma culture SF en lisant une Histoire de la SF par Jacques Sadoul, lui-même directeur de collection, et il trouvait que les suites de Dune était juste une espèce de soap-space opera tirant sur la longueur…
« L’Empereur-Dieu » est LE bouquin ou -paradoxalement, étant donnée la nature de son héros- s’exprime de la manière la plus claire et la plus virulente toute la profondeur de l’humanité de Frank Herbert. Son analyse de notre spécificité est magistralement démontrée par l’ampleur du sacrifice terrifiant de Leto II. Enfin, moi, ça continue de me poursuivre.
J’adhère assez fortement à l’avis fort bien exprimé ici. Le film ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais il me semble que les lourdeurs stylistiques de Villeneuve sont un bon écho des lourdeurs stylistiques de Herbert lui-même.
Bonne nouvelle :
https://www.numerama.com/pop-culture/750714-dune-part-two-la-suite-du-film-de-villeneuve-est-officialisee.html
ç’aurait été con d’en rester là.
Bon…octobre 2023 par contre. Dans 2 ans.
Puisque la suite n’a plus besoin de ma participation financière pour être officialisée, je vais donc attendre pour voir tout d’une traite ^^
Eh, la classe le Fossoyeur, il a eu Villeneuve en interview :
https://www.youtube.com/watch?v=HTmtkhh0AnU