Le vrai sexe de la vraie vie 1 par Cy
Un article de PRESENCE
VF : Éditions Lapin
Ce tome est un recueil de 13 histoires courtes. Sa première édition date de 2016 et contient environ 200 pages de bande dessinée. Il a entièrement été réalisé par Cy (Cyrielle Evrard), scénarios, dessins, couleurs. Il commence par une courte introduction d’une page de Clémence (Clemity Jane) sur le nombre infini de sexualités, et il comprend 3 fiches Point Cul.
(1) Une femme et son mari sont dans un château pour une fête costumée libertine. Ils prennent du plaisir avec différents partenaires, indépendamment l’un de l’autre. La première fiche point cul parle des différents modes de protection et du dépistage. (2) Un mec et sa copine sont vautrés sur le canapé entre de regarder un film à caractère pornographique avec 3 acteurs dans une baignoire. Elle lui demande s’il a envie de faire un plan à trois : il acquiesce et suggère de proposer à un de ses copains. (3) Deux jeunes hommes mangent attablés dans un café, en devisant gaiement. En repartant, l’un prend la main de l’autre et ils rentrent chez le premier en s’amusant des réactions effarouchées devant leur couple homosexuel, avant de passer au lit. (4) Un couple est tranquillement en train de bronzer à la plage et ils décident d’aller se baigner. Elle prend son temps pour entrer dans l’eau froide et il finit par l’entraîner entièrement sous l’eau. Il propose de se faire pardonner. (5) Deux copines sont en train de papoter au bar, quand arrive un de leurs copains accompagné par Thomas, un collègue de travail qui est en fauteuil roulant. Au moment de se séparer, Marion indique à Thomas que ça lui a fait très plaisir de le rencontrer et il lui propose de prendre un dernier verre ensemble. Fiche point cul sur le sexe et le handicap.
(6) Une femme rentre chez elle et retrouve son mari en train de se masturber devant l’ordinateur. Elle lui propose qu’ils se masturbent ensemble. (7) Un groupe de cinq copains prend l’apéro sur le canapé chez l’un d’entre d’eux. Ils se racontent des histoires de partie de jambe en l’air qui ont raté, comme celle dont le partenaire s’est trompé entre le tube de lubrifiant et celui du gel hydroalcoolique. (8) Deux copines sont au camping mais la tente ne fournit par une intimité suffisante pour assurer la tranquillité de leurs ébats. Il leur tarde de passer à la prochaine étape de leurs vacances, dans un vrai hôtel. (9) Un mari regarde sa femme enceinte sous la douche et il leur vient des envies. (10) Une jeune femme repère une belle jeune femme à la terrasse d’un café. (11) Une jeune femme va s’acheter son premier sex-toy. (12) Des copines sortent en boîte et l’une d’elle repart au bras d’un jeune homme. (13) Une jeune femme vierge a son premier rapport sexuel avec un jeune homme.
L’autrice a commencé à se faire connaître lors de sa collaboration avec le site Mademoizelle(dot)com, en réalisant des dessins sur son quotidien et des sujets d’actualité, puis en tenant la rubrique Les dessins de Cy(prine), sur la variété des sexualités. Ce tome est sa première bande dessinée, et le résumé des histoires parlent de lui-même : montrer la diversité des sexualités. Il s’agit d’un ouvrage qui mérite le qualificatif de pornographique car l’acte sexuel y est représenté de manière graphique : masturbation masculine et féminine jusqu’à la jouissance, pénétrations en gros plan, caresses, fellations, cunnilingus, des accouplements hétérosexuel et homosexuel, une demi-douzaine de positions différentes pour faire l’amour. Cy ne fait pas semblant et représente les organes génitaux, au repos, et en état d’excitation, pour les hommes et pour les femmes. Elle détoure les organes (et les autres éléments) à l’aide d’un trait fin, assez souple, cassant par quelques endroits. Elle ne recherche pas un effet photographique, mais plus une description légère sans hypocrisie. Cela fait de cette bande dessinée un ouvrage pour lecteurs avertis, pour adultes consentants.
Pour autant, il n’est pas possible de réduire ces histoires à la dimension pornographique, car l’autrice sait donner un soupçon de personnalité à chaque partenaire, ou plutôt faire ressortir leurs émotions. Il ne s’agit donc pas d’une fiction mettant en avant la performance, les positions acrobatiques ou les marathons. La première histoire semble pourtant partir dans cette direction : un couple libertin participe à une fête échangiste dans un château. La fin vient juste montrer qu’il s’agit d’êtres humains normaux avec une vie et des enfants à aller récupérer chez leur grand-mère. Les dessins sont sympathiques, un peu dépouillés (moins que ceux de Bastien Vivès), les positions sont classiques et tout le monde prend du bon temps et du plaisir. Vient ensuite la première fiche sur 2 pages : des explications basiques sur la protection et le dépistage, claires et pratiques, sans jugement de valeur autre que celui de la santé. La deuxième histoire reflète plus la tonalité des suivantes. Madame propose à son mec un plan à trois : un fantasme le plus souvent masculin, véhiculant des relents nauséabonds de domination, de performance, du corps de la femme ravalé à un état d’objet. Or dans cette histoire de 9 pages rien de tout ça. Tout part d’un consentement mutuel entre amoureux : l’envie d’essayer. Le troisième larron n’est pas un d’individu lubrique prêt à profiter d’une bonne aubaine, mais un jeune homme poli et prévenant. Les 3 individus sont dans le salon à papoter et se demandent comment commencer. Les dessins montrent la femme allongée sur le lit, les hommes se déshabillant, les caresses attentives, le désir qui monte et…
… et tout s’arrête parce que les participants ne s’y retrouvent pas. Le récit est à l’opposé de l’enchaînement de positions acrobatiques, d’une virilité dominante et d’une femme acrobate. Le lecteur peut voir des individus normaux, se comporter en respectant les autres, en recourant à la communication, avec une tendresse sous-jacente. Les pages ne se transforment pas en manuel technique ou en reportage sensationnaliste, mais montrent des gestes banals, évidents. Aucun des partenaires n’est ravalé à l’état d’objet, n’est utilisé par un autre, à l’opposé du chacun pour soi. La troisième histoire se déroule de manière tout aussi naturelle : les 2 amoureux se retrouve au lit et s’en suivent 10 pages de rapports sexuels, avec un rythme posé, quelques paroles échangées pour s’assurer que tout va bien, et une attention évidente au plaisir de l’autre. Il ne s’agit pas du fantasme d’une autrice imaginant un rapport homosexuel masculin : il s’agit juste de montrer un déroulement possible d’un rapport entre adultes consentants qui y prennent plaisir. Le lecteur s’y sent impliqué par l’enjeu pour les personnages, par l’aventure que cela constitue pour eux, par la façon dont ils s’y prennent. L’enjeu du récit n’est pas de voir des plans rapprochés, mais de voir si leur projet va aboutir et comment ils vont le prendre sur le plan émotionnel.
La tension érotique est bien présente, mais sans que le récit ne devienne juste un support d’excitation sexuel pour le plaisir solitaire de la lectrice ou du lecteur. Le lecteur éprouve exactement les mêmes sensations avec le récit suivant sur l’union d’une jeune femme et d’un jeune homme en fauteuil roulant. Il voit comment les partenaires s’assurent simplement de leur consentement mutuel, et de la manière de s’y prendre de la personne handicapée. À nouveau les dessins montrent les choses simplement et avec évidence, y compris dans les aspects pratiques.
Au bout de quelques histoires, le lecteur se rend compte qu’il n’éprouve pas de sensation de répétition : il s’agit à chaque fois de situations différentes vécues par des êtres humains différents, avec un déroulement différent du fait de leur personnalité. Il se rend également compte qu’il n’éprouve pas une forte sensation de voyeur à regarder d’autres personnes s’ébattre. Elle est un peu présente car il observe l’intimité d’individus pour lesquels il ressent une empathie réelle, mais sans se sentir de trop. Cy parvient à cet effet paradoxal par des histoires courtes qui comprennent une dimension sous-jacente de nature pédagogique. Il n’y a pas de jugement porté sur les pratiques, tout se passe bien même quand l’acte ne va pas jusqu’à son terme. Comme énoncé dans l’introduction, elle montre une pluralité de sexualité, sans critique, sans jeu psychologique malsain, sans perversité, sans exigence impérative, sans volonté de nuire, sans risque ou mise en danger. Les fiches sont explicatives, à nouveau sans jugement de valeur, ayant pour objectif d’informer le lecteur pour qu’il puisse être autonome. Le lecteur se rend compte qu’il sort de sa lecture avec le sourire, et il se rappelle effectivement que le visage des personnages exprime la gentillesse, la prévenance, le contentement naturel. En fait, s’il devait trouver un défaut à cet ouvrage, le lecteur se dirait que ce serait la facilité avec laquelle les gens se retrouvent au lit. Pour tous, la sexualité semble aller de soi, sans question, et trouver un partenaire est l’affaire d’une discussion ou d’un sourire échangé : il n’en faut pas plus. D’un autre côté, c’est cohérent avec l’intention de l’ouvrage qui est de montrer des exemples positifs et variés, ce qui est déjà incroyablement ambitieux.
Le titre de l’ouvrage n’a pas été choisi au hasard et annonce un programme ambitieux. Cy ne fait pas semblant et le lecteur accompagne, ou plutôt observe des partenaires aller au lit et faire des galipettes dans chacun des histoires. Il en ressort le sourire aux lèvres d’avoir ainsi profité d’exemples de recherche mutuelle d’un plaisir partagé, par des êtres humains normaux, sous réserve qu’il ne soit pas réfractaire à la représentation graphique des rapports sexuels, des organes et des pénétrations.
La BO du jour : D’autres leçons de sexualité où Jennifer Charles et Mike Patton allument littéralement l’auditeur avec cette reprise du groupe Berlin.
Ouiiiiiiiii !!!!
-Hum- Pardon…..
J’ai lu ces deux tomes et les ai bcp appréciés. Effectivement, ce n’est ni dégueu, ni répétitif, au contraire le sexe y est montré dans sa dimension (sic) amusante, ludique et sentimentale.
Chaque mise en situation est une vraie mise en bouche (…) avec un scénario élaboré en moins de 4 pages.
Le regard sur tous les types de couples est tendre et empathique. Il y a bien entendu du militantisme là dessous mais il est souterrain et très sympathique, l’inverse des déclarations de harpies radicalises de ces derniers mois.
J’ai vraiment beaucoup aimé et tu as posté les images de mes deux histoires préférées : les deux lesbiennes qui n’en peuvent plus de chercher l’intimité et le plan à 3 qui foire.
C’est vraiment très bon drôle, tendre et souvent bandant avec une légère préférence pour le volume 1.
Encore !
Du militantisme là dessous mais il est souterrain et très sympathique : exactement mon ressenti.
C’est vrai, je ne l’ai peut-être pas fait apparaître : c’est dédramatisé et drôle, avec une vraie tendresse pour chaque personne.
Rafraîchissant ! Le dessin a l’air joli et sympathique. Il fait un peu penser à celui de J.-P. Peyraud, dessinateur élégant et discret que j’aime bien. Quant au projet, ça nous change des infirmières coquines, des étudiantes déchaînées et des plombiers membrés comme des monstres qui inondent (sic) les bd érotiques et manquent singulièrement d’inter. Dans un genre sans doute un peu moins consensuel et un peu plus trash, l’album Première fois prenait un peu la même direction, mais avec une pléiade de dessinateurs variés (Vatine, Pedrosa, McKean…), besognant (re-sic) sur le thème de la première fois (avec un sex-toy, à 3, à plein etc.).
Après, le côté didactique avec fiches technique et tutti quanti peut un peu casser le délire, aussi sympathique et bon enfant fut-il, non ?
Bonjour,
merci pour ces réactions. Je ne connais par JP Peyraud, je vais aller consulter internet pour me renseigner de ce pas.
Oui, cet album ne donne pas dans la pornographie de type performances sportives pour athlètes sur-entraînés. 🙂
La tonalité globale de ces nouvelles relève plus de la tranche de vie que de la fiction à caractère pornographique. Du coup, les fiches techniques trouvent bien leur place, en outre elles ne sont au nombre que de 3.
De Dave McKean j’avais beaucoup aimé l’ouvrage érotique Celluloïd (critique disponible sur le site).
http://www.brucetringale.com/voyage-onirique-et-erotique/
Ah oui : Celluloïd ! Du grand Dave McKean. J’avais trouvé l’album assez OVNIesque, tant par son sujet que par sa forme. C’était l’époque où Delcourt entreprenait de donner quelques lettres de noblesse à l’érotisme en BD. Il rééditaient les 110 pilules de Magnus, Schultheiss, Gwendoline de John Willie, Black Kiss… D’ailleurs Première fois faisait partie du lot, en own-created. Ca n’a pas duré et c’est bien dommage. Et maintenant que j’y pense, dans la séquence de McKean, il était aussi question de visionnage d’un film.
Il me manque quelques références parmi celles que tu cites : Magnus, John Willie.
Par contre, il était impossible pour moi de rater Howard Chaykin : saison 1 et saison 2 de Black Kiss.
http://www.brucetringale.com/sexe-violence/
http://www.brucetringale.com/un-lecteur-averti-en-vaut-deux-et-ce-ne-sera-pas-de-trop/
C’est faute d’en avoir parlé de Magnus, Présence 😉
http://www.brucetringale.com/m-le-maudit-magnus/
http://www.brucetringale.com/petite-mort-et-necromancie/
Tu me rappelles que pour le moment, toujours pas de suite à la série SEXE en VF : https://www.bedetheque.com/serie-43729-BD-Sexe.html
@Jyrille – En VO, il y a 6 tomes de parus, mais la série est en hiatus depuis 2019.
Je n’ai pas beaucoup de bds pornographiques, sachant qu’il me manque des classiques (Magnus, Crépax, Serpieri…) mais c’est un style à part entière qui a le mérite d’avoir essayé beaucoup de choses (je pense à la collection BDCul notamment). Je ne suis pas certain d’apprécier celle-ci car le trait de Cy ne me parle pas vraiment, mais elle a l’air intéressante dans sa volonté de coller à l’actualité et son objectif pédagogique. Je suis bien content que tu en fasses la présentation, si claire et explicite.
Si je tombe dessus, j’y jetterai cependant un oeil.
La BO : j’adore. Il faudrait que j’écoute l’originale, je ne connais pas du tout le groupe Berlin.
Et bien l’originale de Berlin n’a pas grand chose à voir : https://www.youtube.com/watch?v=K-VcMcHHoFg
La collection BDcul : j’avais envoyé un article sur Déesse d’Aude Picault à Bruce (une lecture très agréable).
Bruce mentionne le tome 2 du vraie sexe de la vraie vie, que j’ai tout autant apprécié.
On avait déjà parlé de Sex de Joe Casey sur le site :
http://www.brucetringale.com/cest-encore-meilleur-la-deuxieme-fois-2/
Ah je n’ai pas les Aude Picault dont j’adore le trait (elle en a fait deux, Déesse et Comtesse) (je te conseille son Transat). J’ai un Vivès et le Bouzard pour le moment.
https://www.bedetheque.com/BD-Bibite-a-bon-Dieu-6-182380.html
https://www.bedetheque.com/BD-Melons-de-la-colere-4-Les-Melons-de-la-colere-145975.html
https://www.bedetheque.com/serie-20425-BD-Transat.html
Et je suis fan de Chicou Chicou mais je ne sais pas si cela parlera à ceux qui n’ont pas suivi le blog à l’époque
https://www.bedetheque.com/serie-19053-BD-Chicou-Chicou.html
La BD avec laquelle j’ai découvert Aude Picault : Idéal standard
https://les-bd-de-presence.blogspot.com/2018/05/ideal-standard-ce-tome-contient-un.html
Ah oui je l’avais vue passer sans sauter le pas. A lire ton excellente chronique, j’aimerai la lire, mais pas l’acheter, car je ne pense pas avoir envie de la relire par la suite. Mais comme toujours le trait de Aude Picault est touchant et grâcieux. Merci.
Bon alors là désolé mais je passe mon tour. Le sujet, le dessin, le concept. Rien ne me fait envie dans cette BD. L’idée qu’il faut de tout pour faire un monde est bien sûr toujours très bonne : Je fais partie de ce monde, je n’ai ainsi pas envie de lire ce genre de BD. Non pas que ça me choque (manquerait plus que ça), mais vraiment, les histoires sexuelles des autres m’intéressent au moins autant que ce qu’ils mangent, de comment ils vont aux toilettes ou de la couleur de leurs chaussettes… En gros, ça m’intéresse aussi peu qu’un film français naturaliste…
Encore une fois, cela n’enlève rien à la qualité de l’article, bien évidemment. 🙂
La BO : Non, décidément, rien ne passe dans ce billet. Je n’aime pas du tout.
Bienvenue au club ^^ . Je passe aussi 😉 . Je ne répèterai pas ce qu’a dit Tornado, il a déjà tout dit. J’ajouterai juste que si ça ne me choque pas, ça fait partie des sujets qui me mettent très mal à l’aise. Y compris la BO…
Ceci dit, ça n’enlève pas la qualité du travail de Présence 🙂
Autant je suis responsable de l’article et du choix du sujet, autant je n’hésite pas à avouer que la BO est le choix de Bruce. 🙂
C’est moche la désolidarisation…
Bon, sinon Cy a lu ton article et t’en remercie sur Twitter
Ça m’intéresse aussi peu qu’un film naturaliste français : j’ai bien ri en découvrant cette expression que j’imagine sonner très juste dans ta bouche. 🙂
C’est malin : maintenant je sais que si je tombe sur une BD ayant pour sujet comment les gens vont aux toilettes, mon envie de lecture sera irrépressible.
En espérant ne pas dire de bêtises, il m’a semblé que les dessins sont en cohérence avec l’intention de l’autrice, une bonne adéquation fond et forme, pour dédramatiser et montrer simplement sans hypocrisie.
Oui, le style de dessin semble être en harmonie avec le concept de dédramatiser et de rendre la vison de la chose sympa et saine. C’est clair.
Je rejoins la tribu rabat-joie…
mais en fait c’est parce que je suis un obsédé…^^
Je n’ai aucune bd érotique chez moi… enfin je ne crois pas…
A part peu être INITIATION Un manga sur un village isolé obéissant à une sorte de culte rituel consistant à une semaine de libation… Un jeune touriste tombe là dedans, essaie de s’échapper mais tombe amoureux de la fille du chef du village…je précise que ce n’est pas un hentaï et que le village existait vraiment, le manga en question est une romanisation autour d’un fait divers qui avait défrayé la chronique là-bas.
Mais pour être tout à fait honnête, l’érotisme va m’attirer si ça fait appel à cette zone trouble du cerveau qui commande ce drôle de mélange entre le sens du beau et le désir. Un truc qui ressemble à une étude comportementale… je le feuilletterai en médiathèque par égard pour Présence qui assure le show cette semaine … ^^
Les Bds érotiques (ou porno) qui sont dans ma bibliothèque : Du Manara onirique (les Giuseppe Bergman), les Druuna (de la SF d’abord, du porno ensuite) et le TROUBLE FÊTES de Loisel (du Loisel avant tout…). Il est probable que j’en oublie quelques-uns. En général, si j’en ai, c’est parce que ça fait partie d’histoires qui me plairaient même sans cette dimension (sexuelle). En humour, j’ai aussi, du Gotlib, du Maester, du Reiser et du Edika. Je sais pas si on peut les mettre dans de la BD érotique…
en humour même chez les géants comme Gotlib c’est pas la partie que je préfère..on sent qu’ils se relâchent… bon j’avoie certains trucs de Rhaa lovely m’ont fait exploser de rire…
Pour Manara, bon j’avoue ce sont des bons souvenirs de cette période de la vie où curiosité, apprentissage et transgression nous font rechercher ce genre de chose… LE PARFUM DE L’INVISIBLE est un classique pour moi. Une cousine voulait que je lise les Druuna mais je trouvais ça assez dégueulasse dans l’horreur … Il y a aussi LA SURVIVANTE de Paul Gillon…
@Eddy – Initiation, de Haruko Kashiwagi : bon sang, je dois l’avoir sur une étagère (comme dirait Tornado). C’était l’époque où j’achetais des mangas, mais je ne les lisais qu’une fois la série entièrement publiée. J’ai dû passer à autre chose entretemps, et l’oublier.
Je pense que tu a trouvé le mot juste : ce n’est pas de l’érotisme, mais plus une étude comportementale, avec un soupçon de sociologie, et de pédagogie.
Ben faut croire que l’Enfer de ma bibliothèque est un peu plus garni. A Manara, Gillon et Serpieri, j’ajouterai Rotundo avec Ex Libris Eroticis, Cuvelier avec Epoxy, Brüno avec Pornopia, Filles perdues de Moore, quelques BDcul (Nine Antico, Aude Picault, Ugo Bienvenu), un peu de Scultheiss ou de Magnus et quelques outsiders décoiffants. Mais je rejoins Tornado sur le fait qu’une bonne BD érotique est avant tout une bonne histoire (sans rire) et que c’est bien souvent ce qui manque cruellement. Bien sur, on ne va pas se mentir, impossible de faire l’impasse sur le dessin… Si la plastique ne vous parle pas, c’est mort ! Et pas la petite mort.
Je ferais une distinction entre les BD résolument érotiques (celles sus-mentionnées [ha ha] par exemple) et celles comportant une injection à dose plus ou moins homéopathique de scènes érotiques dans une histoire. Bourgeon a fait cela parfaitement dans les Passagers du vent, suivi par toute l’école Vécu avec plus ou moins de bonheur (les servante/esclaves/paysannes que l’on trousse à la va comme je te pousse ça va 2 minutes).
Or je pense que c’est le premier cas de figure qui reste le plus dur à faire : une histoire érotique (ou porno) avec une vraie histoire, des enjeux, qui chamboule le lecteur.
Quant au rapport humour/érotisme, pour moi ca ne fonctionne pas du tout. Edika ou Gottlieb c’est de l’humour, c’est drôle mais ça ne stimule pas du tout la fantasmatique. C’est un peu comme chanter « Crève salope » à un enterrement : ça ne se fait pas.
Je savais que j’en oubliais. J’ai FILLES PERDUES. Et LES PASSAGERS DU VENT aussi, que je n’aurais pas pensé mettre dans le genre.
Même si il n’y a rien d’excitant chez Ediak ou Gotlib, je trouve que cela fait partie de leur humour, d’où ils viennent, des années 70 période de libération sexuelle et d’expérimentations graphiques. Fluide a été créé dans le sillage de Hara Kiri, Charlie et Métal Hurlant, cela me semble naturel chez eux, ce rapport au sexe. Mais uniquement pour faire rire.
Filles perdues est également dans ma pile à lire.
Wow, je pensais que tu l’avais lue ! Un sacré morceau…
Tout comme Koari et Tornado,
Ce n’est pas du tout mon truc… En règle générale, dans le genre, si ce n’est pas du Manara, cela ne m’intéresse pas.
Manara ça passe car il dessine divinement les femmes. Rien que pour ça, ses BDs méritent le coup d’œil.
La BO: C’est pas mal… j’aime bien le Trip Hop. Cela ressemble à du Morcheeba ou Portished ( des groupes que j’apprécie)
@Surfer : production Danger Mouse. Tout un album centré autour de l’éducation sexuelle avec Patton et Charles en lead singers. Pochette hommage à Gainsbourg bien sûr.
Merci pour les infos, je n’avais pas fait le rapprochement avec Gainsbourg.
Effectivement la pochette hommage est la copie conforme de son 2ème album. Celui de 1959.
J’essaierai d’écouter tout l’album demain sur la route . Il me semble qu’il est disponible sur YouTube.
Ça y est j’ai trouvé ma playlist 😉
Heu non, pas Danger Mouse (Brian Burton) mais Dan The Automator.
Par rapport à mes goûts personnels, je me suis lassé de Manara et de son modèle féminin unique.
Je rejoins Présence et le taulier, sans en rajouter puisque ça a été bien dit.
Je suis supris par les commentaires qui évoquent les BD de cul classiques,dans le sens ou toute la qualité de l’ouvrage est justement d’éviter l’écueil de l’objectifation etc, ce qui en fait précisément la BD qui parle de (et montre du) cul que pourraient apprécier les gens réfractaires à la BD de cul.
Hello Chip.
Pour moi, ce n’est pas de la BD cul du tout. Plutôt de la sociologie façon UN GARS, UNE FILLE passée aux rayons X…
Tu m’as perdu à « sociologie façon UN GARS, UNE FILLE » 😀
D’ailleurs dans mes souvenirs les allusions cul n’étaient pas spécialement fines.
Mais je vois l’idée. C’est un peu la version BD de certains podcasts (je n’ai plus les refs en tête, citons au moins Dan Savage). En tout cas ça me fait plaisir qu’on puisse aborder de manière adulte, décomplexée, dédramatisée et sensible, même si j’ai un peu l’impression de radoter ce qu’a écrit Présence.
Je vous rejoins aussi dans ce point de vue : je ne l’ai pas lue comme une BD de cul, de la sociologie avec une forte dimension éducative sans être scolaire ou moralisatrice.
Comme toujours avec Présence, un regard pénétrant… Qui sait mettre en valeur la forme (et pas les formes) mais aussi nous faire toucher du doigt le fond… d’une oeuvre. Chanceux que nous sommes qu’il daigne partager ses (d)ébats dans le Bruce Lit !
Las ! Il me faut me ranger parmi les frigides. Les BD qui font bander, ce n’est pas trop dans mes cordes…
Je vois que le thème t’inspire en tout cas, et que ton humour se dresse droit et conquérant.